Le Parti Socialiste se démêle tant bien que mal pour se sortir de l’affaire Publifin, dans laquelle des élus locaux ont touché des milliers d’euros pour ne rien faire. Son président, Elio Di Rupo, a trouvé une solution étonnante pour se débarrasser de cet argent « sale »: le reverser à une organisation humanitaire, la Croix-Rouge. Mais sans les prévenir, effet surprise garanti.
L’affaire Publifin a déjà fait couler pas mal d’encre, et elle est encore loin d’être terminée. Le ministre wallon des Pouvoirs locaux, Paul Furlan (PS), est toujours dans la tourmente. Mais le Président du PS, Elio Di Rupo, veut à tout prix empêcher le navire de couler. Sa solution pour redorer l’image de son parti? Envoyer une partie de l’argent indûment perçu dans l’affaire Publifin vers la Croix-Rouge, selon une information du Vif/L’Express. Mais en leur faisant la surprise totale.
Contactée par newsmonkey, la porte-parole de la Croix-Rouge, Nancy Ferroni, confirme avoir bien reçu de l’argent: « Nous avons pu identifier deux versements sur notre compte qui émanent du Parti socialiste. Ça représente un peu moins de 20.000 euros ». Elle est complètement stupéfaite de ce don: « Nous ne connaissons pas le parti, ni les administrateurs qui étaient dans Publifin et qui ont décidé de reverser l’argent. Nous n’en savons strictement rien. Nous ne savons pas très bien pourquoi ils ont décidé de verser de l’argent à la Croix-Rouge plutôt qu’à une autre association ». Et pour cause, la Croix-Rouge a appris la nouvelle dans les médias: « Personne ne nous a contacté. Mais maintenant, les médias nous le demandent, donc on a vérifié ».
À la Croix-Rouge, cet argent tombe tout de même à pic, puisqu’ils ont enclenché la phase orange du plan hivernal: « Cet argent servira, comme tout l’argent que nous recevons, à aider les plus démunis de la société. On est en pleine période de froid, donc on injecte justement pour l’instant des moyens supplémentaires pour aider nos équipes à prendre soin des plus faibles ».
"Il est inacceptable qu'on puisse recevoir des rémunérations sans travail en regard" #publifin #linvite
— Elio Di Rupo (@eliodirupo) 15 janvier 2017
« Un énorme problème éthique »
De son côté, le Parti Socialiste voit ces versements comme un moyen de ne pas perdre la face. Également contactée par newsmonkey, la porte-parole du PS, Caroline Tirmarche, explique: « Les fédérations ont versé ces montants à la Croix-Rouge car il nous semblait nécessaire de prendre une action immédiate. Elles posent un énorme problème éthique et les mandataires concernés ne peuvent les conserver. C’est la raison pour laquelle Elio Di Rupo (PS) leur a écrit pour leur demander, dans ce cas, de les reverser à des associations ».
Mais pourquoi l’argent ne retourne-t-il tout simplement pas à l’entité lésée, à savoir Publifin? Selon Caroline Tirmarche, Paul Furlan a lancé une étude pour savoir si les rémunérations perçues dans les comités de secteur de Publifin étaient légales ou pas. Elle ajoute: « il est évident que si elles sont illégales, elles seront remboursées intégralement à Publifin ». Mais en attendant de savoir, le PS préfère verser l’argent à la bonne cause.
La Croix-Rouge, seule gagnante dans l’affaire Publifin?
L’article 74 des statuts du PS oblige les mandataires qui siègent au sein d’une intercommunale à reverser au parti « une contribution financière au moins égale à 10% de la rémunération brute ou du total brut des jetons de présence perçus ».
Dans le cas de Publifin, treize mandataires socialistes, qui ont siégé entre fin 2010 et fin 2016 dans les quatre comités de secteur de Publifin (gaz, énergie, Liège-ville, télécom), ont touché ensemble un peu plus d’un million d’euros brut. C’est en tout cas ce qu’a révélé Le Vif/L’Express le 20 décembre dernier. Au moins 100.000 euros (soit 10%) auraient donc dû être reversés aux trois fédérations concernées par l’affaire: à savoir Huy-Waremme, Liège ou Verviers.
Mais surprise, le PS en a décidé autrement: l’argent ira à des associations humanitaires. La Croix-Rouge a déjà touché un peu moins de 20.000 euros, soit le cinquième de la somme qui aurait dû être reversée aux fédérations. On dirait bien que le PS a voulu frapper un grand coup. Mais est-ce que cela suffira à redorer son image avant les élections?
Des élus payés 500 euros la minute pour des réunions bidon chez Publifin (ex-Tecteo) https://t.co/P6cUYx4yup
— David Leloup (@david_leloup) 20 décembre 2016