En Syrie, le cauchemar continue pour les populations assiégées

Pris au piège entre l’armée de Bachar el-Assad, les opposants au régime et Daech, des millions de civils vivent assiégés en Syrie. Leur situation est toujours plus préoccupante et ils doivent faire face à la famine, aux bombardements et à de multiples autres dangers.

Les chiffres de la guerre en Syrie font froid dans le dos. Depuis le début du conflit en 2011, près de 260.000 personnes ont perdu la vie. Ils sont plus de 2,5 millions de civils à avoir fui leur pays pour rejoindre la Turquie. Et puis il y a les personnes ne voulant ou ne pouvant pas quitter la Syrie. Selon l’ONG néerlandaise PAX et l’ONG américaine The Syria Institute, plus d’un million de civils vivent dans des villes assiégées dans tout le pays. La situation serait donc plus grave que celle annoncée par l’ONU, selon qui les civils assiégés en Syrie ne seraient « que » 500.000.

La famine à Deir ez-Zor

Dans Deir ez-Zor, capitale de la province du même nom, près de 200.000 personnes seraient ainsi assiégées, assure le Daily Beast. Une partie de la ville est occupée par Daech, l’autre par l’armée de Bachar el-Assad. Au milieu de ce conflit, les civils tentent de survivre dans des conditions difficiles. La plupart d’entre eux sont des femmes et des enfants. La seule solution pour quitter ce cauchemar est de graisser la patte des militaires de l’armée gouvernementale, qui contrôle notamment l’aéroport. Peu de civils ont toutefois les moyens de le faire.

En plein hiver, ils doivent notamment faire face à la famine: quinze à vingt personnes seraient mortes de faim dans cette ville l’année dernière selon l’ONU. Les habitants doivent le plus souvent se contenter d’un peu de pain et d’eau. Les autres produits disponibles sont vendus à des prix gonflés par des marchands sans scrupule.

400 civils enlevés par Daech

Les habitants ne peuvent pas compter sur le ravitaillement de l’ONU: la ville est assiégée par Daech qui a coupé tous les points d’accès par la voie terrestre. Fin janvier, Daech a lancé un raid contre Deir ez-Zor, durant lequel 135 personnes ont été tués, dont 80 civils. 400 civils ont été enlevés par les djihadistes: 270 civils ont été libérés, principalement des femmes et des enfants, les autres sont toujours entre leurs mains pour être « interrogés ».

Daech et l’armée gouvernementale lutte toujours pour le contrôle de la ville. Selon les dernières informations, les djihadistes perdraient du terrain dans la région.

« Une honte pour l’humanité »

Au milieu de ce conflit, la situation des civils passe presque au second plan dans les médias. « Ce qui se passe à Deir ez-Zor est une honte pour l’humanité », assure Talab, un militant anti-gouvernement interrogé par le Daily Beast. « La communauté internationale est directement responsable de cette situation catastrophique. » Selon lui, l’ONU ne ferait pas le nécessaire pour aider les habitants. Interrogé par le même média, un porte-parole de l’ONU a assuré que la situation sécuritaire ne permettait pas d’intervenir à Deir ez-Zor pour l’instant.

Le pire est donc à craindre à Deir ez-Zor, comme cela est le cas à Madaya. Dans cette ville proche du Liban, 40.000 personnes sont prises au piège: l’armée syrienne et ses alliés du Hezbollah luttent contre les opposants au régime dans la région. Depuis décembre, cinquante personnes sont mortes de faim selon Médecins sans frontières. L’ONU a pourtant réussi à avoir accès à cette ville et à faire livrer de la nourriture mi-janvier mais la situation reste toujours cauchemardesque.

250 euros le kilo de riz

Comme à Deir ez-Zor, les prix des denrées alimentaires s’envolent. Un kilo de riz pouvait se vendre jusqu’à 250 euros avant la livraison de nourriture de l’ONU. Le lait en poudre pour bébé se vend toujours 200 euros le kilo et son prix pourrait encore augmenter. « Nous économisons la nourriture, mais d’ici une semaine, les réserves seront de nouveau épuisées », a expliqué une mère de famille dans Libération, le 4 février.

Dans ce genre de situation, le moindre petit signe d’espoir apparaît comme une bouffée d’oxygène. Ainsi, à Madaya, deux écoles fermées car les élèves étaient trop faibles pour assister aux cours ont été rouvertes…

epa
Sources: The Daily Beast, Libération, BFM TV
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