Comment le PTB a utilisé les dossiers médicaux de certains patients pour faire de la propagande

Le PTB est dans une sale position. Une source interne a révélé que le parti utilisait systématiquement les dossiers médicaux des patients inscrits chez « Médecine pour le Peuple » pour leur propagande. « On prétexte un élément médical, par exemple une prise de sang, pour contacter un patient, » révèle une source interne à L’Écho. Le parti nie mener pareille propagande au travers de ses maisons médicales.

Les communistes montent dans la Belgique francophone. Le parti arrive en troisième place dans les sondages, après le PS et le MR. Et leur figure de proue Raoul Hedebouw apparaît régulièrement dans les médias flamands ou lors de shows télévisés.

Mais avec cette célébrité arrivent des questions critiques. Les pratiques du PTB soulèvent de graves questions, comme le révèle le journal L’Écho. Ce dernier a récolté les témoignages de quelques membres du parti d’Hedebouw et c’est du lourd. Il semble que les communistes n’hésitent pas à utiliser des pratiques de propagande politique.

L’Écho a récolté le témoignage de plus de dix membres et ex-membres du PTB, y compris du personnel médical, qui ont travaillé dans les maisons médicales du PTB à Herstal, près de Liège. Le PVDA/PTB gère plusieurs maisons médicales, qui s’appellent « Médecine pour le peuple. » Tous ceux qui le souhaitent peuvent y consulter gratuitement un médecin. C’est un service très populaire, en particulier pour les plus vulnérables de la société pour qui les soins gratuits sont une véritable aubaine. Le PTB possède onze maisons de ce type. Et c’est dans les communes où en trouve que le parti réalise systématiquement ses meilleurs scores.

Fiches médicales à des fins politiques

Il apparaît que ce service n’est pas aussi innocent qu’il en a l’air. Dans un rapport très détaillé et étayé de 25 pages, il devient clair que les dossiers médicaux de chaque patient sont ensuite utilisées à des fins politiques.

Voici un extrait: « Nombre de fois, un patient a été contacté pour un avis, un élément de son dossier, une prise de sang, peu importe l’excuse. En fait, c’est juste pour pourvoir voir la personne puis, quand elle est dans la salle d’attente, un cadre du parti l’approche et discute avec elle. C’est souvent avec la prise de sang que la personne est convoquée alors que cliniquement, il n’y a absolument rien. Beaucoup de collègues se sont d’ailleurs souvent demandés pourquoi on convoquait des patients pour rien. »

Ou encore: « Durant les campagnes électorales, le PTB Herstal téléphone aux patients de la maison médicale pour leur demander s’ils envisagent de voter pour lui. Quand un médecin a signalé (à un responsable du parti) que cela constituait un conflit du point de vue éthique de la médecine et du point de vue des libertés individuelles, ce dernier a répondu qu’il ne fallait pas dire qu’on effectuait un baromètre pour les élections mais dire que c’était pour revenir ensuite vers eux et savoir si on avait tenu nos engagements. » « Certains cadres du PTB viennent parfois poser des questions aux membres de la maison médicale pour connaître l’état de santé de tel ou tel patient afin de savoir s’il (…) peut participer à tel événement. Ce qui présente une violation du secret professionnel. »

« Oui, nous faisons des soirées d’information politique »

Apparemment, les réunions médicales jouent aussi un rôle dans la lutte politique. Il y est d’abord question de stratégie politique et de la façon dont ils vont prendre part à des grèves et des manifestations avant de passer aux dossiers médicaux.

Sofie Merckx, à la tête des maisons médicales et fille du fondateur du PTB Kris Merckx, rejette les accusations. Pour elle, c’est normal de mélanger politique et pratique médicale, « Oui, on sensibilise nos patients au fait que Maggie De Block augmente le prix des médicaments et on leur demande de venir manifester », dit-elle. « Oui, nous faisons des soirées d’information politique et nous y convions nos patients. »

Sur l’utilisation des fichiers médicaux, Sofie Merckx déclare que cela ne se fait pas « de manière directe », « ça, on ne fait quand même pas », dit-elle. « On parle au patient du fait que le PTB se présente aux élections, mais on lui laisse une liberté de vote. »

Suite à la publication, Médecine pour le peuple a réagi dans un communiqué de presse, dans lequel il déclare: « Jamais un cadre du PTB n’a pu avoir des renseignements médicaux qui se trouvent dans un dossier médical. (…) Aucune plainte dans ce sens n’a d’ailleurs été jusqu’à présent déposée auprès de l’ordre des médecins. »

pvda
Plus
Lire plus...