Basé à Toulouse, TechTheMoon se donne pour mission de développer les technologies qui permettront à l’humanité de s’installer durablement sur la Lune. A condition toutefois que celles-ci trouvent aussi des usages sur Terre. Derrière l’incubateur : des entreprises liées au secteur français de la Défense.
Ce n’est plus un secret pour personne : la nouvelle course à l’espace n’est plus autant motivée par la seule gloire que la première, entre les États-Unis et l’URSS. Maintenant, les ressources que recèle notre système solaire ont pris autant d’importance, si ce n’est plus aux yeux des États et des entreprises qui s’impliquent dans la technologie spatiale. On l’a encore vu récemment quand Bill Nelson, l’administrateur de la NASA, a accusé la Chine de convoiter -militairement- notre satellite.
Des investissements qui retombent sur Terre
On n’en est pas encore là, mais -et ceux qui trouvent qu’elles coûtent cher sans rapporter grand-chose l’ignorent en général- l’exploration spatiale ramène déjà des bénéfices, et ce depuis les années 1960. Les technologies développées par les agences spatiales, et en particulier la NASA, se retrouvent souvent par la suite dans notre vie quotidienne et bien terrestre. Les exemples ne manquent pas, des systèmes de fixations par fermeture autoagrippante de type « Velcro » jusqu’au GPS.
C’est sur ces retombées que parient un nombre croissant de nouvelles entreprises, comme celles regroupées au sein de TechTheMoon, une structure basée à Toulouse qui se présente comme « premier incubateur au monde totalement dédié à la Lune. » Ce nouveau hub d’entreprises « offre la possibilité aux entrepreneurs de créer et développer des solutions, technologies, produits et services innovants pour répondre aux enjeux d’une présence humaine durable sur la Lune » peut-on lire sur le site de l’incubateur, et ce avec le soutien du CNES, le Centre national d’études spatiales.
« Dans la Lune, mais les pieds sur Terre »
TechTheMoon semble se concentrer sur différents axes fondamentaux pour permettre une présence humaine permanente sur la Lune : repérer, quantifier et analyser les ressources disponibles pour produire de l’énergie, imaginer et construire l’infrastructure des bases lunaires, et comprendre et anticiper les risques qui pèsent sur la santé d’un équipage amené à passer plusieurs mois sur la Lune.
Un programme ambitieux donc, mais que l’incubateur français veut conditionner à des débouchés technologiques directement utilisables sur notre bonne vieille Terre : TechTheMoon vise à bâtir « un nouvel écosystème commercial Terre – Lune à forte valeur ajoutée » au sein duquel les différents projets devront répondre « à un besoin du marché terrestre ». Ou, comme l’incubateur le résume très bien lui-même : « avoir la tête dans la Lune, mais les pieds sur Terre ».
Derrière, le secteur de la Défense
Cinq jeunes entreprises ont déjà été sélectionnées pour intégrer TechTheMoon, relève Opex360, avec des sujets de recherche tels que l’architecture en régolithe (la poussière lunaire), mais aussi l’optimisation de la circulation d’oxygène dans les modules lunaires, ou encore l’aspect médical et physiologique de la vie sur la Lune.
Or le média de référence francophone en actualités de secteur militaire souligne l’implication dans cet incubateur de l’Agence de l’innovation de Défense, qui dépend du ministère français des Armées. On peut aussi repérer la société Thales, un groupe d’électronique français spécialisé dans l’aérospatiale, la défense, la sécurité. Des entreprises qui ont un savoir-faire certain dans ce genre de technologies de pointe, mais dont la présence confirme aussi que, de l’exploitation de la Lune à la défense des ressources stratégiques, il n’y a qu’un autre petit pas pour l’humanité.