5 questions qui se posent après le rachat de Twitter par Elon Musk, quand l’homme le plus riche du monde s’offre le réseau social le plus influent

Qui aurait pu dire il y a à peine un mois que Musk jetterait son dévolu sur Twitter ? Jusqu’alors, il s’agissait plutôt d’un terrain de jeu pour le multi-milliardaires. Il y déversait ses critiques mais aussi ses notes d’humour, faisant parfois basculer le cours d’une action d’un simple tweet. Désormais, Elon Musk est le grand patron de Twitter qu’il a racheté à 54,20 l’action pour un total de 44 milliards de dollars. Et maintenant ?

Il y a d’abord ce que l’on sait: rien ne changera à court terme dans la mesure où Musk ne prendra réellement possession de Twitter qu’à l’automne prochain.

On sait aussi ce que Musk a promis : « Rendre les algorithmes open source pour augmenter la confiance, vaincre les spam-bots et authentifier tous les humains ». Le milliardaire ne veut plus de faux comptes sur le réseau social qui déversent des fake news à longueur de journée, mais en même temps, il veut retrouver une liberté d’expression « totale » en droite ligne du courant libertarien.

Pour le reste, tant de questions, pour lesquelles personne n’a vraiment de réponses. Il faut dire qu’on sort d’une séquence folle où le patron de Tesla et Space X est devenu le plus grand actionnaire de Twitter, à son rejet du Conseil d’administration pour finir sur un rachat complet, le tout en moins d’un mois. Voici les 5 questions qu’on se pose et ce qu’on peut déjà en dire.

Vers quoi se dirige Twitter ? C’est la question à 44 milliards de dollars. Elon Musk dit vouloir réinstaurer une liberté d’expression sans limites en droite ligne du libertarisme. Le libertarianisme repose sur l’idée que chaque être humain possède des libertés et droits fondamentaux qu’aucun pouvoir n’a le droit de violer. Ces libertés se basent donc sur chaque individu et sont une sorte de droit naturel qui prime sur tout. Le libertarisme s’oppose à l’étatisme en tant que système de coercition.

Très vite, aux États-Unis, le rachat de Twitter a pris une tournure politique. « Les républicains applaudissent l’accord, les démocrates y voient des dangers », a écrit le Wall Street Journal.

Même le PDG de Twitter, Parag Agrawal, en place depuis seulement 4 mois, ne sait pas trop vers quoi va Twitter. Il a déclaré aux employés: « Une fois l’accord conclu, nous saurons dans quelle direction la plate-forme ira. »

Une réflexion intéressante toutefois nous vient d’Emily Bell, professeure à Columbia, et citée par CNN: « Je prends un moment pour réfléchir au fait qu’il est complètement fou qu’en 2022, une entreprise disposant d’un ensemble important de données sur les communications privées et publiques, qui a des municipalités, des entreprises et des gouvernements sur la plate-forme, puisse changer de propriétaire avec à peu près aucun contrôle. »

Donald Trump sera-t-il réintégré ? C’est la grande question politique qui traverse actuellement les États-Unis. L’intéressé a pris la peine de répondre lui-même: « J’ai été déçu de la manière dont j’ai été traité par Twitter. Je ne reviendrai pas », a expliqué l’ancien président républicain à CNBC.

Twitter a suspendu le compte de Donald Trump en janvier 2021, alors qu’une partie de ses partisans envahissaient le Capitole. Une enquête est toujours en cours pour savoir si Donald Trump a joué un rôle dans l’une des plus grandes attaques de ce siècle contre la démocratie américaine.

« Je serai sur Truth Social [le réseau social qu’il a créé] dans la semaine. C’est dans les délais. Nous avons beaucoup de personnes inscrites. J’aime Elon Musk. Je l’aime beaucoup. C’est une excellente personne. Nous avons beaucoup fait pour Twitter quand j’étais à la Maison Blanche. »

Comment ont réagi les employés de Twitter ? Comme nous, les employés de Twitter ont beaucoup de questions. Leur première inquiétude concernait bien sûr leur place au sein de l’entreprise: « Aucun licenciement n’est prévu à ce stade », a rassuré Parag Agrawal.

Mais ça gronde au sein de l’entreprise. CNN a rapporté plusieurs témoignages hostiles: « Nous avons été considérés comme des leaders de l’industrie dans ce domaine et avons attiré certains des meilleurs et des plus brillants esprits du domaine, mais il semblerait que les valeurs du nouveau propriétaire ne soient pas alignées. »

Certains ont réagi avec « choc et consternation ». D’autres ont tweeté des émojis remplis de larmes et des mèmes de personnes en dépression émotionnelle », expique le Washington Post, « tandis que d’autres ont dit au qu’ils étaient trop sous le choc pour parler. »

Agrawal a tenté de calmer le jeu devant ses employés: « Vous avez tous des sentiments et des points de vue différents sur cette nouvelle, beaucoup d’entre vous sont inquiets, certains sont excités, beaucoup de gens ici attendent de comprendre comment cela va se passer et ont un esprit ouvert… Si nous travaillons les uns avec les autres, nous n’aurons pas à craindre de perdre l’essentiel de ce qui fait la puissance de Twitter, à savoir que nous travaillons tous ensemble dans l’intérêt de nos clients chaque jour. »

Que pense le fondateur de Twitter, Jack Dorsey ? Le moins que l’on puisse écrire, c’est que celui qui a fait un pas de côté de Twitter il y a plusieurs mois est très enthousiaste à l’idée du rachat: « Elon est la seule solution à laquelle je fais confiance », a déclaré Jack Dorsey. « En principe, je pense que personne ne devrait posséder ou diriger Twitter. Il doit être un bien public au niveau du protocole, pas une entreprise. Cependant, pour résoudre le problème lié au fait qu’il s’agit d’une entreprise, il faut Elon, et Elon seul.

Quelles conséquences pour les résultats de l’entreprise ? Sur les marchés, l’action n’a pas été bouleversée par rapport à hier. Il faudra attendre l’ouverture de Wall Street plus tard dans la journée. Depuis un mois et les premières rumeurs, l’action Twitter est dans une phase ascendante sans pour autant exploser.

La société publiera ses résultats du premier trimestre ce jeudi. Aucune conférence téléphonique n’est par contre attendue avec le milliardaire.

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