Et si 2022 était l’année de la viande fabriquée en laboratoire?

Alors que ce genre de produit est commercialisé depuis 2020 à Singapour, les producteurs de viande issu de développement cellulaire espèrent obtenir les autorisations nécessaires pour faire de même aux États-Unis. Le secteur attire les investisseurs, dont des grands noms de l’agroalimentaire, qui réfléchissent déjà aux burgers plus écologiques et plus éthiques du futur.

Cela fait des années qu’on en parle de loin en loin et elle suscite tant la curiosité des uns que la répugnance des autres, mais la viande de laboratoire est bel et bien une réalité. Attention : on ne parle pas ici d’ersatz végétariens à base de soja ou de champignons, mais de véritables protéines animales cultivées en éprouvettes et comestibles, sans qu’il ait fallu tuer un bœuf ou un poulet pour les obtenir. Un peu partout dans le monde, des start-ups tentent à la fois de convaincre le grand public des qualités de leurs produits et d’en faire baisser les prix de production qui restent élevés. Et les acteurs de cette industrie en devenir sont confiants : cette année marquera, ils l’espèrent, le pas de la commercialisation.

Une autorisation qui changerait tout

À l’heure actuelle, Singapour est le seul pays à autoriser la vente de viandes de laboratoire : depuis 2020, on peut trouver du poulet de synthèse sur les étals de la cité-État asiatique. Aux États-Unis, qui représentent un marché capital et où se situent une large part des entreprises investies dans la « culture » de la viande, ce type d’aliment doit encore obtenir un avis favorable de la Food and Drug Administration (FDA) et du département de l’Agriculture. Des autorisations qui, selon Josh Tetrick, fondateur et PDG de l’entreprise de viande de synthèse Eat Up, présente tant aux USA qu’à Singapour, pourraient très bien tomber cette année.

 » C’est à des entreprises comme la nôtre qu’il incombe de faire le véritable travail de mise en place des capacités d’ingénierie… et de communiquer directement avec les consommateurs pour leur expliquer ce que c’est et ce que ce n’est pas, et comment cela peut être bénéfique pour leur vie », confie le manager, enthousiaste. « C’est de la vraie viande, et au lieu d’avoir besoin de milliards d’animaux, de toute la terre, de toute l’eau et de toutes les forêts tropicales qu’il faut généralement abattre pour y parvenir, nous commençons par une cellule. On peut obtenir la cellule à partir d’une biopsie d’un animal, d’un morceau de viande fraîche ou d’une banque de cellules. Nous n’avons plus besoin de l’animal. Ensuite, nous identifions les nutriments nécessaires pour nourrir cette cellule et nous les fabriquons dans un récipient en acier inoxydable appelé bioréacteur. »

De la vraie viande, sans le sang ni la terre

Une méthode qui fonctionne, mais encore fort coûteuse à lancer à grande échelle ; c’est pourquoi les entreprises lancées dans cette course au meilleur steak de laboratoire cherchent à séduire de nouveaux investisseurs, et une autorisation officielle de commercialiser aux USA représenterait un joli coup de pouce.

Selon le groupe de recherche à but non lucratif The Good Food Institute, plus de 100 start-ups travaillent actuellement sur des produits à base de viande cultivée, et des entreprises plus importantes développent également leurs propres activités. Ensemble, elles ont engrangé environ 2 milliards de dollars d’investissement au cours des deux dernières années, selon les données de Crunchbase.

Il faut dire que cette science suscite l’intérêt de grands groupes de restauration, comme KFC, qui y voient une alternative intéressante tout en s’accordant en outre une image à la fois progressiste et plus écologique. À condition, bien sûr que, cette viande s’avère rentable, et donc que son coût de production approche de celui du bœuf « sur pattes » et c’est là le prochain défi que doivent relever les pionniers du burger en éprouvette.

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