Le géant américain de l’e-commerce Amazon ouvrira mardi sa propre pharmacie, Amazon Pharmacy. Un véritable bouleversement pour le marché de la santé.
La crise du coronavirus a déjà bien profité à Amazon, étant donné qu’une grande partie des magasins physiques ont fermé. Mais le géant de l’e-commerce veut encore accroître son succès. En lançant sa propre pharmacie en ligne, l’entreprise du milliardaire Jeff Bezos mise à présent sur les soins de santé. En pleine pandémie, cela semble être un pari intéressant.
Ce n’est pas la première fois qu’Amazon s’immisce sur le marché des soins de santé. En 2019, elle a lancé sa propre ligne de médicaments en collaboration avec Perrigo, qui est connu chez nous pour avoir racheté Omega Pharma, la société de Marc Coucke. Mais une pharmacie entière – où les gens peuvent enregistrer leurs ordonnances, payer avec leur assurance santé et se faire livrer à domicile – est un projet bien plus ambitieux. Amazon va également proposer des conseils de pharmaciens et de nombreux outils pour aider les utilisateurs à faire leurs propres choix.
Qu’est-ce que cela changerait en Belgique ?
Amazon propose déjà à peu près tout sur son site: aussi bien des épices qu’une nouvelle télévision. Le fait qu’il soit désormais possible d’y acheter des médicaments devrait permettre de maintenir les gens sur la plateforme encore plus longtemps. Et de faire ainsi fructifier les ventes et les profits.
Pour l’instant, le géant de l’e-commerce ne met sa pharmacie à disposition qu’aux États-Unis. Mais il a déjà prévu de la déployer dans le monde entier sur le long terme. Lode Fastré, le CEO de la pharmacie en ligne belge Farmaline, ne perçoit pas immédiatement cela comme une menace. ‘D’abord, il faudra attendre un petit temps avant de voir Amazon Pharmacy débarquer en Europe, car ce sont ici de très petits marchés, avec des lois et des langues différentes, contrairement au marché unique des États-Unis’, rappelle-il. ‘Mais si cela se produit, il y a beaucoup de chances qu’Amazon booste le marché des pharmacies’.
Quel avenir pour les pharmacies physiques ?
Fastré donne l’exemple des médicaments sur ordonnance. ‘En Belgique, les médicaments sur ordonnance ne peuvent être vendus que dans les pharmacies physiques. Mais pour les personnes qui doivent prendre des médicaments pour des maladies chroniques, il est beaucoup plus pratique de se les faire livrer à domicile. Aux États-Unis, c’est déjà possible, et ça devrait être le cas chez nous.’ Il espère donc que l’éventuelle arrivée d’Amazon Pharmacy en Belgique puisse provoquer l’instauration d’une nouvelle loi.
Il est également convaincu que les pharmacies physiques, qui subissent déjà une certaine concurrence de la part de leurs homologues numériques, devront se réinventer.
‘Mais la pharmacie physique continuera à être utile. Dans les pays scandinaves, par exemple, il y a des infirmières dans les pharmacies, ce qui permet de bénéficier plus facilement de soins primaires près de chez soi. Ce service est difficilement applicable en ligne. C’est donc un rôle que je vois bientôt arriver dans les pharmacies physiques’, conclut-il.