Tout va décidément mal pour Samsung. Après le scandale lié aux Galaxy Note 7 qui explosent, il est maintenant accusé de travail forcé. Une investigation réalisée par The Guardian révèle que Panasonic et Samsung emploieraient des ouvriers népalais dans leurs usines en Malaisie dans des conditions de travail plus que désastreuses. Ils seraient privés de liberté, exploités pendant de longues heures sans pause et sous-payés.
C’est un gros scandale pour Samsung et Panasonic. Dans une enquête du Gardian, des travailleurs dans leurs usines en Malaisie affirment qu’ils ont été trompés, fait prisonniers, exploités et sous-payés. Ils ont été embauchés par des agences de recrutement au Népal pour aller fabriquer ou assembler des pièces pour leurs électroménagers en Malaisie. Le problème, c’est que ces agences leur avaient vendu du rêve sur leur futur job alors que c’est clairement la misère.
The Guardian a interrogé trente migrants népalais qui travaillent pour Samsung ou Panasonic. La majorité d’entre eux ont dû payer très cher des entreprises de sous-traitance pour décrocher leur boulot. À leur arrivée, grosse surprise: leur passeport est confisqué, ils doivent travailler de longues heures d’affilée presque sans pause et ce pour un misérable salaire. Tout le contraire de ce que leur agence de recrutement leur avait promis.
Des shifts de quatorze heures, des pauses toilettes limitées et des grosses dettes pour commencer
Un travailleur a expliqué au Guardian: « Nous avons seulement 45 minutes toutes les douze heures de travail pour manger, et sept minutes toutes les deux heures pour boire de l’eau ». Chez Panasonic, c’est le même topo, ils ne peuvent aller aux toilettes que deux fois pendant leur shift de douze heures. Et ils travaillent toute la journée debout sans pouvoir s’asseoir.
Ils sont aussi trompés sur leur salaire. Certains affirment que le salaire qui leur avait été promis au Népal était deux fois plus élevé que celui qu’ils touchent en Malaisie. Non seulement, ils reçoivent à peine de quoi vivre, mais en plus ils doivent rembourser de grosses dettes avant même de commencer à travailler. Quelques-uns ont dû payer entre 90 000 et 115 000 roupies (803 à 1.026 euros) une agence de recrutement à Katmandou utilisée par Samsung, malgré un plafond fixé à 10 000 roupies (88 euros) par le gouvernement népalais en 2015. Du coup, ils vont devoir travailler hyper longtemps pour pouvoir rembourser l’agence.
Et en plus, ils sont mis en situation illégale. À leur arrivée, leurs passeports sont confisqués alors que cette pratique est illégale selon la législation malaisienne du travail. Comme ils sont sans papiers, ils sont vulnérables juridiquement et ne peuvent rentrer chez eux… à moins de payer des amendes équivalentes à trois voire quatre mois de salaire.
Samsung et Panasonic ont ouvert une enquête
Les deux géants de l’électronique ont ouvert des enquêtes pour faire toute la lumière sur ces allégations. Un porte-parole de Samsung a déclaré au Guardian: « Nous respectons entièrement le Code de conduite de l’EICC (Electronics Industry Citizenship Coalition) et n’avons trouvé aucune preuve de violations dans le processus d’embauche des travailleurs migrants. Mais comme il y a des plaintes, nous prenons des mesures rapides pour enquêter. Si des violations sont découvertes, nous prendrons immédiatement des sanctions et suspendrons nos activités avec les entreprises en infraction ».
Panasonic a aussi réagi par courrier électronique: « Nous mènerons une enquête complète sur les réclamations faites par le Guardian. Nous prenons ces allégations très au sérieux et si nous découvrons qu’un de nos fournisseurs a violé les lois ou les règlements, nous nous les obligerons à corriger cela immédiatement ».
Et ce n’est pas nouveau
En 2014 déjà, un rapport de « Verité« , une organisation qui contrôle les conditions de travail un peu partout dans le monde, révélait que près d’un tiers des travailleurs dans le secteur de l’électronique en Malaisie étaient victimes de travail forcé. Elle avait demandé aux entreprises étrangères de revoir leur politique d’embauche. Mais visiblement, pas grand-chose n’a changé…