Les sondages nous annoncent un duel serré entre Hillary Clinton et Donald Trump. Mais est-ce vraiment le cas? Si on regarde les quatre dernières élections, on se rend compte que certains États sont traditionnellement républicains et d’autres démocrates. Ils sont acquis à la cause de leur candidat. À contrario, on parle souvent des fameux « swing States ». Eh bien, lorsque Clinton peut se contenter d’en gagner un, Trump doit remporter au moins les trois plus gros. Et c’est presque mission impossible pour lui.
Si on en croit les dernières enquêtes d’opinion (ABC/Washington Post – 29 oct, LA Times/University of Southern California – 30 October, NBC News – 30 October), le suspens reste entier pour savoir qui va gagner la course à la Maison Blanche.
Mais le système électoral a cette particularité de ne pas toujours donner vainqueur celui qui compte le plus de voix. C’est arrivé quatre fois dans l’histoire des États-Unis (1824, 1876, 1888 et 2000) et le dernier en date est Al Gore qui a vu George W. Bush accéder à la fonction présidentielle malgré un nombre de voix inférieur.
Un système Électoral particulier
Pourquoi? Eh bien parce qu’une élection américaine se gagne au niveau des États et que chacun de ceux-ci a un poids différent selon le nombre de Collèges Électoraux qu’il contient. Si le candidat a une majorité absolue au niveau de ces Collèges Électoraux, il remportera l’élection.
Mais c’est quoi concrètement un Collège Électoral? Chaque État envoie un certain nombre de représentants au Congrès américain (Chambre des Représentants et Sénat) selon son poids démographique. Et à chacun de ces représentants correspond un Collège Électoral.
Par exemple, l’État de Wyoming envoie trois délégués au Congrès, donc le Wyoming est composé de trois Collèges Électoraux. Pour donner un autre exemple d’un État plus important, la Californie est composée, elle, de 53 membres de la Chambre des Représentants et de deux sénateurs. La Californie a donc 55 Collèges Électoraux.
En tout, si le candidat à la présidentielle veut remporter l’élection, il doit donc avoir la majorité absolue dans les 538 Collèges Électoraux qui composent les 50 États des États-Unis en plus du District de Columbia (Whashington DC). Le nombre magique est donc de 270.
« Swing States », mais pas seulement…
Deuxième particularité: si l’on regarde les quatre dernières élections présidentielles, on se rend vite compte que certains États (« safe States ») votent toujours Républicain et d’autres toujours Démocrate. Pour continuer avec nos deux exemples, la Californie votera pour Clinton tandis que le Wyoming votera pour Trump. Hillary peut ainsi compter sur 19 « safe States » pour un total de 242 Collèges Électoraux. Trump dispose lui de 22 « safe States », mais son total de Collèges Électoraux ne dépasse pas la barre des 180.
Viennent ensuite les « likely States »: il s’agit d’États ayant voté pour un des deux principaux partis au moins trois fois sur quatre. Dans cette catégorie, Clinton en possède trois tandis que Trump en a deux. Ramené aux Collèges Électoraux, le match tourne toujours à l’avantage de l’ex-Secrétaire d’État avec 257 contre 206.
C’est là qu’interviennent les fameux « swing States »: il s’agit d’États ayant voté durant les quatre dernières élections pour l’un ou pour l’autre parti de manière égale (deux et deux). Et si on fait le compte, il y en a juste cinq: le Colorado, la Floride, l’Ohio, le Nevada, et la Virginie.
My #InquirerBriefing today looks at evolution of Electoral College, electoral demographics. See in full via https://t.co/ZMny4IHHUp pic.twitter.com/VkX2G9dnKA
— Manuel L. Quezon III (@mlq3) 6 novembre 2016
Défi insurmontable pour Trump?
Et là encore, Hillary Clinton a un sacré avantage: non seulement parce que ces cinq États ont voté Démocrate lors des deux dernières élections, mais aussi parce que le retard que Trump doit rattraper est considérable.
Si tous les États traditionnellement démocrates votent pour Clinton, elle ne doit remporter que la Floride, ou l’Ohio ou la Virginie. Chacun de ces États lui apportera un nombre de Collèges Électoraux suffisants pour atteindre les 270. Clinton peut aussi les perdre, mais elle devra alors gagner le Colorado et le Nevada.
De l’autre côté, Trump doit gagner tous les États traditionnellement républicains en plus de la Floride, de l’Ohio et de la Virginie, plus un autre. Donc si Trump ne remporte pas au moins les trois plus gros « swing States », c’est tout simplement mission impossible pour lui.
Voici donc pourquoi Donald Trump n’a mathématiquement presque aucune chance de gagner. Sans compter qu’Hillary a pu concentrer tous ses efforts pour gagner un ou deux de ces « swing states » quand Trump a dû faire campagne un peu partout.
De plus, Clinton est en lutte dans le « likely State » républicain de la Caroline du Nord (Trump devrait alors gagner tous les swing States) et même dans le « safe State » républicain de l’Arizona. Tout milliardaire qu’il est, il a dû répartir ces efforts et l’argent qui va avec.
Donc voilà, malgré tous les sondages annoncés, malgré l’affaire des emails relancée et puis éteinte, on voit mal comment Hillary Clinton ne pourrait pas devenir la première femme présidente des États-Unis. Trump est trop distancé et il faudrait un véritable miracle pour qu’il revienne dans le coup.
Source: The Independent