La chaîne Al-Jazeera a réalisé un documentaire sur quatre déserteurs de Daesh qui racontent leur vécu au sein du groupe terroriste. Ils témoignent dans ce reportage que l’organisation Daesh est totalement corrompue et dangereuse. Un des témoins l’affirme: « N’y allez pas. Vous allez le regretter ». L’organisation Thuwar Al Raqqa a aidé plus de 100 individus à s’échapper du régime de Daesh. Le groupe est aussi en contact avec 90 combattants qui viennent d’Europe et qui veulent à tout prix prendre la fuite.
On parle beaucoup des personnes qui rejoignent le mouvement Daesh, mais qu’en est-il de ceux qui veulent le quitter? La chaîne Al-Jazeera a réalisé un documentaire sur quatre déserteurs de Daesh qui racontent leur vécu au sein du groupe terroriste. Leurs témoignages dévoilent une réalité bouleversante.
Les quatre hommes, âgés de 22 à 38 ans et qui ont voulu garder leur anonymat, expliquent comment ils ont été d’abord séduits par Daesh. Pour eux, le mouvement apportait de l’espoir. Un jeune combattant syrien de Daesh et qui avait rejoint le mouvement après la capture de la ville de Raqqa, raconte que sa première vision du mouvement terroriste était positive: « Ils ont rétabli l’ordre. Il y avait de l’électricité, l’eau était potable. Le pain était bon et les prix étaient justes. Ils ont fait de bonnes choses pour la province ».
Un rêve qui se transforme en vrai cauchemar
Les jeunes hommes rêvaient de l’instauration d’un califat islamique, mais ils ont vite été complètement désillusionnés. Ils ont réalisé que l’organisation Daesh était corrompue et dangereuse. Ils décrivent l’organisation comme « un gang brutal envers les siens » totalement à l’opposé des valeurs musulmanes.
Ils racontent comment les personnes de Daesh ne tiennent pas leur promesse. « La richesse n’est pas redistribuée », racontent-ils. Il y a des inégalités énormes entre les différents membres du groupe. Les émirs ont les maisons les « plus luxueuses ». Les combattants étrangers ont un salaire de 1.000 dollars par mois (plus ou moins 900 euros) tandis que les syriens n’ont que 100 dollars par mois (plus ou moins 90 euros).
Et le plus choquant, c’est d’entendre les déserteurs parler de la torture. Ils témoignent que les habitants évitent à tout prix de sortir à cause de l’odeur horrible des corps mutilés d’hommes, de femmes et d’enfants abandonnés dans la rue.
« Ce n’est pas un État et il n’est pas islamique. Ce sont des criminels »
Abu Jaul, un déserteur de Daesh de 38 ans, a réussi à s’échapper. Il a trouvé refuge au sud de la Turquie, dans la province Sanliurfa, à soixante kilomètres de la frontière syrienne. Abu Jaul a un message très clair: « Je le dis à tous mes frères, si vous êtes à la recherche d’un État islamique, celui-ci n’est pas celui que vous cherchez. Ce n’est pas un État et il n’est pas islamique. Ce sont des criminels. N’y allez pas. Vous allez le regretter ».
Il a réussi à s’échapper grâce au groupe Thuwar Al Raqqa, qui fait partie de l’armée syrienne libre. Il affirme qu’il a aidé plus de 100 individus à s’échapper du régime de Daesh.
Et il n’y a pas que les combattants syriens qui essayent de fuir la misère. Selon Abu Soufian qui traite les demandes, le groupe est en contact avant 90 combattants qui viennent d’Europe et qui veulent à tout prix prendre la fuite.
« Laissez les là-bas »: c’est ce que les ambassades répondent
Apparemment c’est très difficile de venir en aide aux combattants européens, car l’organisation doit contacter les ambassades européennes et que celles-ci ne veulent pas venir en aide. Soufian raconte que les ambassades disent de les « laissez là-bas ».
Le documentaire se termine avec Mahmoud Oqba, le commandant militaire de Thuwar Al Raqqa, qui met en garde les autorités européennes. Selon lui, leur refus de coopérer est dangereux pour la sécurité de leurs pays. S’ils ne font rien, ce sont les contrebandiers qui s’occuperont de faire rentrer chez eux les déserteurs. Ce processus pourrait faciliter l’infiltration de Daesh qui pourront envoyer des personnes. Ces derniers pourront faire exploser des bombes.
Comme il le dit, « s’ils coopèrent avec nous, on peut leur donner plus d’informations sur chaque combattant et ils pourront ainsi contrôler la situation en mettant ces personnes sous surveillance ou dans des centres de réhabilitation ».
Source: Slate