Le retour du KGB en Russie? Selon les médias russes, le Kremlin veut renforcer les forces de la Sécurité de l’État (FSB) pour créer une nouvelle superstructure proche du KGB, l’ancienne police ultra-puissante de la guerre froide. Pour les élections présidentielles de 2018, le FSB devrait avoir deux ministères en plus à sa charge, ce qui lui donnera une liberté d’action beaucoup plus large.
Vladimir Poutine est en train de réunir les différents pouvoirs de Russie entre ses mains et s’apprête à créer une structure de police à nouveau très puissante. Le Président russe veut fusionner la sécurité intérieure, les gardes du corps fédéraux et les services de renseignement à l’étranger pour donner naissance à une nouvel force de sécurité proche du KGB.
Pour 2018, année où se tiendront les prochaines élections présidentielles russes, le chef de l’État espère avoir mis en place le MGB, soit le Ministère de la Sécurité de l’État. Cette agence unira le Service fédéral de Sécurité (FSB) avec le Service du renseignement extérieur (SVR) et de nombreux départements du Service de protection des hautes personnalités (FSO).
Corruption et totalitarisme
Poutine espère de la sorte mettre toutes les forces de son côté pour combattre la corruption. Par le passé, le Président russe a plusieurs fois tenté de renforcer le pouvoir du FSB, toujours dans l’optique de s’attaquer à la corruption. De 2007 à 2016, il a créé trois forces de polices censées entrer en rivalité pour lui permettre de mieux contrôler le FSB. Comme le dit l’adage, diviser pour mieux régner.
Mais depuis septembre, les médias russes ont noté un changement de politique chez Poutine. L’ancien agent du KGB a décidé d’unifier et de consolider toutes les forces de police pour revenir à son but principal: une super-agence de sécurité qui contrôle tout le pays. Comme l’écrit le député russe Gennady Gudkov sur sa page Facebook: « Dans la nuit du 18 au 19 septembre (…) le pays est passé de l’autoritaire au totalitaire. »
La Russie réinstaure le KGB https://t.co/WCp0YEhGaa pic.twitter.com/LPmkiMjjrF
— GEOREINE (@Georeine) 23 septembre 2016
KGB et dictature
En effet, KGB rime avec dictature. Ce Comité pour la sécurité de l’État, fondé à la mort du dictateur Joseph Staline, était connu pour son mode d’action répressive et liberticide. Le KGB a duré 37 ans, de 1954 à 1991, et il a laissé des souvenirs de terreur à une grande partie des habitants de la Fédération de Russie.
Vladimir Poutine a été officier de ce service et il n’a jamais caché son intention d’avoir une police d’état très efficace. Par exemple, depuis que Poutine est au pouvoir, le FSB a repris les contrôle des frontières et du renseignement électronique, un service militaire d’interception des communications.
Conflits administratifs
À en croire certains experts russes, le but de cette nouvelle structure est de résoudre les conflits administratifs qui existent actuellement entre les différents départements de sécurité russes. Arkadi Mourachov, politologue et chef de la police de Moscou dans les années 90, explique à RBTH (Russia Beyond the Headlines) que « la Russie a depuis toujours été dotée d’une structure semblable, sauf ces 25 dernières années. C’est une structure habituelle pour le pays. »
En effet, avant la création du KGB, sous Joseph Staline, il existait déjà un ministère de la Sécurité d’État (MGB). Ce ministère combinait le renseignement, le contre-espionnage et la protection des personnalités importantes. Revenir à cette unité entre les différents services pourrait renforcer l’efficacité du contrôle de l’État et permettre aux renseignements russes de mieux travailler.
Mais il faut avouer que depuis l’étranger, cette nouvelle force de police donne surtout l’impression que Vladimir Poutine souhaite asseoir son pouvoir pour revenir à un régime presque dictatoriale. Et ça, c’est inquiétant.
Sources: Kommersant, Russia Beyond The Headlines, Politico, RT