La France est confrontée à plusieurs mouvements de contestation de corps de métiers. Les chauffeurs de taxi sont les plus virulents et vont continuer de perturber la circulation ce mercredi. Ce sera également le cas des agriculteurs dans certaines régions, tandis que les fonctionnaires ont tenté de se faire entendre dans la rue mardi. Personne n’a les mêmes revendications.
Si vous trouvez qu’il est difficile de circuler à Bruxelles, ayez une pensée pour les automobilistes parisiens. Depuis deux jours, ils doivent faire face à la grogne des chauffeurs de taxi. Blocages de certains axes très fréquentés, barrages filtrants autour des aéroports, feux de pneus en plein milieu du périphérique… A Paris, ils ne seraient que 2.500 à avoir répondu à l’appel des syndicats, mais ils se font entendre. Le mouvement a également touché la province, à Lille, Toulouse, Marseille ou encore Bordeaux.
24 personnes arrêtées
L’objet de leur colère ? La concurrence jugée déloyale des VTC, ces Véhicules de Tourisme avec Chauffeurs. Selon les taxis, la plupart de ces VTC ne respectent pas la réglementation en géocalisant par exemple les clients avant réservation, privilège réservé aux taxis. Ou en occupant la voie publique sans autorisation pour attendre le client, notamment près des gares ou des aéroports. Après avoir eu la peau d’Uber cet été suite à un mouvement tout aussi violent, les taxis sont bien décidés à obtenir gain de cause.
Quitte à déborder, en s’en prenant physiquement aux chauffeurs VTC. Selon la police, 24 personnes ont été arrêtées à Paris et une a été placée en garde à vue. On note aussi un blessé à Lille, un chauffeur VTC qui a été roué de coups par des chauffeurs de taxi. Le mouvement a été reconduit pour ce mercredi. Un médiateur a été désigné par le gouvernement français pour tenter de sortir de la crise et trouver une solution.
Nos "gentils" chauffeurs de #Taxi en action ! Quelle merveilleuse pub pour @UBER ! https://t.co/8GTE3K99rU
— ☨ Max Renn ن (@rennmax) 27 Janvier 2016
Action franco-belge
A l’instar des taxis, les agriculteurs ont décidé de joindre les actes à la parole. Un » mercredi noir » est annoncé en Bretagne avec blocages de plusieurs routes. La crise qui impacte le secteur agricole inquiète les producteurs. Les cours trop bas du lait et des viandes de bœuf ou de porc poussent certains à manifester leur colère.
Si c’est surtout l’Ouest de la France qui sera impacté, une action franco-belge est est prévue à la frontière, entre Mons et Maubeuge. Entre 100 et 150 agriculteurs français et belges devraient gêner la circulation avec des tracteurs.
Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, a annoncé que 290 millions d’euros d’aides seraient débloqués pour le secteur agricole. Cette somme sera redistribuée entre plusieurs secteurs (productions, élevages…) afin de rassurer les agriculteurs. D’ici avril, 500 millions d’euros pourraient également être avancés par le gouvernement français.
Et les autres ?
Près de 11% des enseignants ont également fait grève, tous niveaux confondus. Pour les professeurs du collège, c’est l’annulation de la réforme des collèges qui est souhaitée. Ceux du primaire ont joint le mouvement général de la fonction publique pour réclamer une augmentation salariale. Un mouvement peu suivi dans l’Éducation Nationale, mais qui a également perturbé le fonctionnement des crèches ou des cantines scolaires.
La fonction publique a connu plus de succès avec près de 200 manifestations partout en France, rassemblant entre 130.000 et 150.000 manifestants. Les contrôleurs aériens ont rejoint le mouvement, ce qui a provoqué les annulations d’un vol sur cinq chez nos voisins. Jamais autant de fonctionnaires ne s’étaient mobilisés depuis le début du mandat de François Hollande.
Pas de grosse augmentation
Leur mouvement sera toutefois vain, a prévenu la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu : » Il n’y aura pas une grosse augmentation du point d’indice parce que nous sommes encore en situation difficile. Il y a encore une situation de chômage qui nous a conduit à prendre des mesures supplémentaires (…), une situation en terme de sécurité, police, justice, armée, etc. qui fait qu’on a été obligé de créer des postes donc du coup la marge de manœuvre sera très faible. »
Autant de nouveaux problèmes à régler pour François Hollande à deux ans de la fin de son mandat.
Agriculteurs en colère : un mercredi noir aussi sur les routes de l'Ouest https://t.co/ZnYw8f0Y7p pic.twitter.com/Wm2QqsLixm
— Le Parisien (@le_Parisien) 27 Janvier 2016