Un journal intime échoue sur une plage turque et la guerre en Syrie revêt le visage d’une jeune réfugiée en proie à un profond chagrin d’amour. Même s’il est difficile d’en prouver l’authenticité, ce carnet rappelle que la crise migratoire, plus qu’une histoire de chiffres, est avant tout un drame humain.
C’est un épisode de plus dans la triste tragédie des millions de réfugiés – plus de 4 millions en juillet 2015, selon l’ONU – qui fuient la guerre en Syrie.
Un journaliste de l’agence de presse turque Doğan News Agency a retrouvé le carnet intime d’une jeune syrienne sur une plage de la côte ouest de la Turquie, dans la province d’Izmir. Au même endroit, peu de temps auparavant, avaient été retrouvés les corps sans vie de 31 personnes qui avaient tenté, en vain, de rejoindre l’Europe. Leur bateau avait chaviré le 5 janvier, au large de la Mer Egée.
Dans ce carnet, la jeune femme fait part de ses amours, de ses déceptions et de ses rêves. L’auteure du carnet étant anonyme, nul ne sait si elle fait partie des victimes dénombrées ou si elle a survécu à la tragédie. On ne sait pas non plus comment le journal a pu être conservé intact, ses pages étant seulement légèrement abîmées par l’eau.
» Je meurs cent fois tant que je suis loin de toi. »
Derrière les chiffres et les statistiques de la guerre, c’est une belle histoire d’amour qui a été transmise miraculeusement par les flots. Celle d’un jeune couple qui parvient à quitter Damas avec sa famille, rejoint seul la Turquie, puis se sépare quelque part dans la province égéenne d’Izmir, au grand désespoir de l’auteure du journal. » Je meurs une centaine de fois tant que je suis loin de toi. Je ne peux pas vivre sans toi. C’est comme si j’étais morte » , écrit-elle en arabe à son chéri.
À travers les pages, le lecteur comprend que l’amoureux de la jeune fille, Besil, serait parvenu à rejoindre l’Allemagne par les terres, tandis qu’elle-même aurait opté pour la traversée en mer. La jeune femme décrit son désarroi et son sentiment d’abandon quand leur chemin se sépare. Elle aurait appris grâce aux réseaux sociaux que Besil a rejoint l’Europe sain et sauf.
L’espoir que son journal lui parvienne
La jeune femme fait aussi part de son désir et de sa certitude qu’un jour Besil puisse lire son journal : » Un jour tu verras ce que j’ai écrit dans ce journal. Ce moment viendra. Tu n’as pas autant souffert que moi de cet amour. Je sais que je dois t’oublier, mais je ne le peux pas. Tu me manques tellement et mon cœur veut te voir. Je veux entendre ta voix. Tu es si loin de moi. Tu débutes une nouvelle vie dans un nouveau lieu et tu vis avec d’autres gens. Mais je ne t’ai pas oublié. Il y a un vide dans mon cœur et je ne pourrai plus jamais retrouver quelqu’un d’autre comme toi. Je n’ai jamais aimé personne d’autre que toi. «
Un visage humain à la crise migratoire
S’il est difficile de vérifier l’authenticité de ce journal intime, une chose est sure, c’est que son auteure – si elle a succombé à la traversée – n’est autre qu’une des milliers de victimes qui meurent au large de nos côtes. Des femmes, des hommes et des enfants qui ont tout quitté, ont risqué leur vie et se sont séparés dans l’espoir d’une vie en paix et en sécurité.
Source : Hürriyet Daily News