Infiltrer l’État islamique pendant six mois avec une caméra cachée, il faut vraiment le vouloir. Le journaliste Saïd Ramzi (nom d’emprunt) l’a fait et il expliquera son expérience dans un reportage qui sera diffusé demain soir sur la chaîne française Canal +. Une de ses découvertes la plus frappante? « Je n’ai pas vu d’islam dans toute cette affaire. Aucune volonté de rendre le monde meilleur. Seulement des jeunes paumés, frustrés, perdus, suicidaires , faciles à manipuler. »
Soldats d’Allah est le nom du reportage que le journaliste a pu réaliser pendant ses six mois au sein de l’État islamique et qui sera diffusé demain soir sur Canal +. Ramzi explique être un musulman «de la même génération que les tueurs du Bataclan». « Je crois en Dieu », explique-t-il dans le reportage, « je prie parfois et il m’arrive de boire des coups le soir aux terrasses des cafés ».
Son plan était à la fois simple et audacieux: « Daech investit dans des films à gros moyens, pour terroriser, séduire. Moi avec une minuscule caméra cachée, je vais essayer d’exposer la coulisse d’une organisation qui contrôle totalement son image. Je veux savoir ce qu’ils ont vraiment dans la tête, montrer leurs soldats les moins brillants, dévoiler leurs ruses. Pour moi Daech ce ne sont pas seulement des assassins, je leur en veux d’avoir perverti l’islam tranquille de mon père ».
Soldats d'Allah (extrait 2) Lundi 2 Mai à 21h00 sur #CANALPlus dans #SpécialInvestigation ► https://t.co/o5CWreAtOc
— Chris Tina (@ChristinaHell) 1 mei 2016
« Les anges nous derviront »
Il a contacté des combattants via Facebook, et très vite, il a eu un rendez-vous avec quelqu’un qui se faisait appeler lui-même l’émir d’un groupe d’une dizaine de jeunes. Et donc, non pas en Syrie, mais bien en France, dans un petit parc. Tout de suite, on lui a directement dit qu’il aurait une récompense s’il faisait un attentat suicide. « Nos femmes attendent beaucoup de nous, les anges nous serviront. »
Et si ça ne devait pas être assez pour convaincre: « Il n’y a que la mort qui nous attend ou l’arrestation. On ne va pas sortir les mains comme ça (mains en l’air). Non, non, ça c’est interdit, frère.(…) Bababababam, jusqu’à ce que tu reçoives au moins une vingtaine de balles dans le corps… Mais ils vont te soulager hein mec, parce que déjà le martyr il ne ressent pas la douleur ».
Soldats d'Allah – Spécial investigation (extrait 1) https://t.co/9lp0pWfUsO
— JPhDEMON (@JPh_DEMON) 30 april 2016
Des jeunes frustrés, perdus
Ramzi a vite découvert un truc: que l’islam n’a rein à voir avec la terreur, comme les terroristes le prétendent. « Et l’un des enseignements principaux est que je n’ai pas vu d’islam dans toute cette affaire. Aucune volonté de rendre le monde meilleur. Seulement des jeunes paumés, frustrés, perdus, suicidaires, faciles à manipuler. Ils ont eu la malchance d’être nés à cette époque où il y a l’Etat islamique. C’est très triste. Ce sont des jeunes en quête, et c’est ce qu’ils ont trouvé ».
Et ça devient aussi très vite concrêt: « Il faut frapper une base militaire ». »Quand ils mangent, ils sont tous alignés…. Ta-ta-ta-ta-ta! Ou alors les journalistes, BFM, iTélé, ils sont en guerre contre l’islam (…). Il faut leur casser le coeur. Par surprise, qu’est-ce que tu veux qu’ils fassent. Ils ne sont pas bien protégés. Il faut que les Français meurent par milliers ».
Heureusement, ce n’est jamais arrivé, une grande partie de la cellule terroriste a été arrêtée. Et le journaliste? Il devra toute sa vie être sur ses gardes et faire attention où il va, à ce qu’il dit, etc. Il vit déjà sous la menace puisqu’il a reçu un sms disant: « Tu es cuit, mec ».
Demain sur Canal +.
