Depuis la nuit du 6 au 7 avril, les Nuitards de la Nuit Debout se retrouvent chaque soir sur les marches du Mont des Arts. Ils discutent politique, économie, alternatives, nature ou cinéma. Leurs sujets sont multiples comme les participants qui ne semblent appartenir à aucun mouvement. Leur point commun? Une envie de réfléchir et d’imaginer le monde différemment. Mais également une envie pacifiste de trouver des alternatives. Newsmonkey a été observer ce mouvement.
Il n’y a pas vraiment de profil type du participant de la Nuit Debout. Ils sont de tout âge et de toute chapelle, ou plutôt aucune. Car ce mouvement se revendique apolitique bien que très politisé. Les participants sont appelés à exposer leurs idées pour favoriser le débat. Tout cela dans une ambiance pacifiste, assis sur les marches du Mont des Arts, près du centre de Bruxelles.
Le mouvement Nuit Debout a débuté en France, en réaction au projet de loi sur le travail qui met en rage les jeunes qui devront subir ces changements. Des milliers de Français étaient descendus fin mars dans la rue pour manifester leur mécontentement. Estimant n’avoir pas été entendus, les Nuitards avaient créé de façon assez spontanée le mouvement Nuit Debout: des centaines de parisiens occupant une place de manière pacifiste pour parler.
À la Nuit Debout, on parle
Le mouvement s’est propagé en Belgique. Des réunions ont eu lieu à Liège, à Namur, à Gand et à Bruxelles. Sans réel objectif, ce mouvement rassemble des gens de tous les horizons qui semblent exaspérés par les décisions de notre gouvernement, par les Panama Papers, par la pollution… La Nuit Debout se rapproche, en quelque sorte, du concept grec de l’Agora: une place publique où tout le monde peut prendre la parole.
L’idée est de réunir sur une place publique des gens qui aimeraient avoir une place dans le débat public. Une intervenante déclare ainsi que la Nuit Debout pourrait servir à reprendre possession de l’espace public. Une autre affirme que ce rassemblement pourrait être une tentative de créer quelque chose de nouveau, qui ne ressemble à rien de connu.
Les Nuitards s’organisent
Au Mont des Arts, les Nuitards s’organisent comme ils peuvent. Ils ont des spots lumineux, des micros, des enceintes, des batteries et sont liés aux réseaux sociaux. Certains prennent des notes, d’autres viennent avec des idées de projets. C’est ainsi que plusieurs comités ont été mis en place. Il y a le comité Action qui a la bougeotte et veut changer les choses. Mais il y a aussi le comité Communication, qui veut faire des projections de film, ou le comité Nature, qui évoque l’agriculture actuelle.
Les participants à la Nuit Debout réfléchissent également à la façon d’agrandir leur mouvement et comment toucher plus de gens. Certains parlent d’inviter des personnalités – le nom de l’économiste Frédéric Lordon a été évoqué -, d’autres imaginent taguer les billets de banque avec le hashtag Nuit Debout, voler des chaises de bureau ou même envoyer des clowns dans des banques…
Pas d’objectif, c’est l’objectif?
Les Nuitards ne semblent pas pressés de tomber dans la revendication. Si quelques participants ont envie de « renverser le système, » la majorité souhaite échanger des réflexions. À l’image du mouvement des Indignés, du parti espagnol Podemos ou de la mouvance Occupy, les participants semblent avant toute chose portés par l’idée de se retrouver. Cet aspect leur a valu quelques critiques allant de gauchos paresseux à bobos inutiles. Certains y verront un pléonasme…
Une participante explique au micro que le concept de la Nuit Debout peut paraître absurde mais que beaucoup de bonnes idées naissent de l’absurdité. Cette oratrice se présente comme une fonctionnaire, qui passe 8 heures par jour devant son ordi. Elle précise qu’elle n’est ni militante, ni activiste et qu’elle n’a pas pour habitude de se joindre à des collectifs. Mais elle avait envie de communiquer. Ce que le mouvement lui a donné la possibilité de faire.
Pour aller plus loin: Nuit Debout BXL, Collectif Krasnyi, PPICS