La junte militaire à la tête de la Thaïlande depuis quatre ans commence enfin à faire des concessions. Le cabinet des ministres a pondu une loi autorisant les mariages entre personnes de même sexe. Si la loi est adoptée par le Parlement, le Thaïlande deviendra le premier pays d’Asie à autoriser les unions homosexuelles.
Le gouvernement militaire thaïlandais a approuvé le 25 décembre deux projets de loi assez populaires: la légalisation du cannabis à usage médical et l’autorisation des mariages civils entre personnes de même sexe. Si ces lois sont totalement adoptées, ce pays de l’Asie du Sud-Est fera office de précurseur en la matière dans cette région.
Ces projets doivent encore être approuvés par le Parlement mais, au vu du calendrier politique, il y a de fortes chances pour que cela retombe dans les mains du prochain gouvernement. Les prochaines élections se dérouleront à partir du mois de février, et le Parlement devrait reprendre ses activités une fois que les élections – déjà plusieurs fois reportées par la junte militaire – prendront fin.
La loi en pratique
Dans la version actuelle du projet de loi, les couples de même sexe pourront adopter des enfants, a déclaré mardi Nathporn Chatusripitak, le conseiller du Premier ministre. Ils devront avoir minimum 20 ans pour se marier et l’un d’entre eux devra être de nationalité thaïlandaise.
Le mariage pourra être défait par un décès, une séparation volontaire ou une décision de justice. En termes de patrimoine, le mariage sera assez similaire à celui des couples hétérosexuels. « Les différences résident dans les droits à certaines formes de protection sociale », ajoute le conseiller.
LGBT+ en suspens
Le Royaume de Thaïlande est considéré comme un pays plutôt conservateur sur le plan politique mais assez progressiste sur le plan social. Toutefois, le projet de loi sur le mariage homosexuel a fait l’objet de certaines critiques. Si le projet fait des concessions pour les personnes de même sexe, il fait l’impasse sur les droits des LGBT+.
Les députés thaïlandais souhaiteraient étendre la législation concernant le mariage aux personnes de la communauté LGBT+ mais cette loi a été récemment rejetée lors d’un référendum. Des groupes de défense des droits de l’homme ont critiqué le projet de loi car, notamment, il n’autorise pas les personnes LGBT à adopter. Le code civil thaïlandais autorise les personnes LGBT à adopter des enfants individuellement, mais pas en tant que couples.
Pièce stratégique pour la junte
Pour certains observateurs extérieurs, ces projets de loi poussés par la junte militaire ont pour objectif de leur donner une image progressiste à quelques semaines des élections. Régulièrement accusés par la communauté internationale de ne pas respecter les droits de l’homme, la junte cherche, par ce moyen, à se donner une image plus fraîche.
« Il semblerait qu’ils se précipitent et font tout pour promouvoir leur popularité en même temps qu’ils préparent le terrain pour les élections », a déclaré Titipol Phakdeewanich, doyen de la faculté de science politique de l’Université Ubon Ratchathani, au journal Financial Times. Ils espèrent ainsi « se défendre contre les accusations de non-respect des droits de l’homme ». Reste à voir si ce projet de loi sera accepté ou s’il restera au stade d’argument politique.