La semaine dernière, les médias occidentaux ont été très occupés à relater les faits qui se sont déroulés à Bruxelles. Ce que l’on conçoit tout à fait. Mais bon, entre temps, une affaire qui pourrait aisément être qualifiée de scandale monstrueux est restée tout à fait dans l’oubli. De nouveaux mails révélés par Wikileaks montrent que Google, Al Jazeera et Washington conspiraient contre Assad. Privé, public, plus de frontières!

Pauvre Hillary! Le piratage de sa boîte mail n’a pas encore fini de l’emmerder. Ouep, ça fait maintenant plus d’un an que Wikileaks s’amuse à balancer des mails envoyés par l’ancienne Secrétaire d’État. Aujourd’hui, elle est candidate à la Maison Blanche et donc en pleine campagne électorale. Ses rivaux, mais aussi les médias ont à chaque fois relevé la moindre chose qui sortait et ont pris la balle au bond pour critiquer la candidate. C’est vrai qu’utiliser sa boîte mail privée pour traiter des messages hautement confidentiels, c’était pas l’idée du siècle. Mais ce qui est bizarre dans l’affaire ici, c’est que les médias occidentaux n’ont pas tellement parlé de ce scandal révélé le 21 mars…

Al Jazeera, Washington et Google VS Bachar el-Assad

Les mails dévoilés la semaine passée par Wikileaks, révèlent une étroite collaboration entre Jared Cohen, le directeur de Google Ideas et les membres de la team d’Hillary lorsqu’elle était secrétaire d’État. La correspondance date de l’été 2012, et que révèle-t-elle? Dans un mail du 25 juillet 2012 adressé aux responsables du département d’État, Jared parle d’un certain « outil » sur lequel, il faut garder un oeil. En fait, Jared parle alors d’une application qui nuirait directement aux troupes d’Assad en montrant les défections.

L’application servirait donc à « suivre et établir une carte publique des défections en Syrie et de quelles composantes du gouvernement elles proviennent ». Il ajoute dans son mail: « notre raisonnement s’appuie sur le fait que beaucoup de personnes repèrent les atrocités mais personne ne représente visuellement ni ne fait de carte des défections, ce qui à notre avis est important pour encourager d’autres défections et donner confiance à l’opposition ».

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Subject: « Une idée très cool »

Jake Sullivan, le conseiller d’Hillary Clinton à l’époque, répond à Jared en indiquant comme objet de son mail: « Une idée très cool » (des infos, toujours choppées par Wikileaks via les boîtes privées). Ce qui est cool oui, c’est qu’Al Jazeera est devenue le propriétaire principal de l’application. Ouep, grand média du monde arabe, plus facile évidemment de gratter des infos en ce qui concerne le conflit syrien.

By the way, Al Jazeera, qui se présente comme la « la première chaîne d’information indépendante dans le monde arabe », est une chaîne fondée par le gouvernement qatari. Or, on sait que le Qatar a beaucoup soutenu l’opposition en Syrie, de même que Washington. Étrange… Et re- by the way, l’application en question, a également permis à la chaîne de remporter le prestigieux Online Media Award de la meilleure innovation technique.

Et c’est dingue mais pas un mot des médias occidentaux

Ce qui est fou, c’est que cette collaboration tendancieuse et bizarre n’a été relatée par peu de médias occidentaux. Faites le test et tapez « Wikileaks Assad » dans votre recherche Google et Actualités, vous tomberez peut-être dur 4 ou 5 sources (et 6 maintenant avec newsmonkey)… Alors que ce scandale aurait dû faire la Une de tous les grands quotidiens. Seuls The Independent et le Daily Mail ont jugé bon de relater l’affaire. Mais la conséquence de cela, c’est que personne n’a en fait conscience des petites manigances qui ont eu lieu entre le géant Google, Al Jazeera et… le département d’État américain.

Or imaginez juste une seconde et demi qu’une telle affaire se soit révélée comme ceci: une collaboration impliquant le gouvernement russe, un média dominant et un géant russe d’Internet… L’affaire aurait immédiatement fait plus de bruit!

Dans une interview accordée à RT, un analyste du secteur des médias occidentaux explique ceci: «Je n’attends aucune réaction des médias occidentaux parce qu’ils n’ont rien lu à ce propos et n’en ont aucune idée. Mais pouvez-vous imaginer ce qui se passerait si les mêmes faits concernaient des pays différents, des entreprises différentes dans le monde entier disposant de cette carte de référence. Cela provoquerait soit une très forte indignation, soit on se dirait qu’il s’agit d’une coopération innocente, un géant de la technologie indépendant… tout ça pour le bien commun de la liberté ou n’importe quoi d’autre. » Évidemment, tout ça dépend du point de vue de chacun.

La vraie question: quid d’un partenariat entre un État… Un média… et un géant de l’Internet

Cela pose vraiment question. Quand on pense qu’Al Jazeera a reçu un prix pour cette avancée technologique… On imagine aisément qu’une implication d’un média dans une guerre, et ceci à un tel niveau, montre que la notion d’état de guerre a bien évolué. Il y a une espèce de melting pot qui est fait entre les médias, le gouvernement, les militaires, et les grandes entreprises. Le privé et le public, all together.

Selon le même analyste: « Nous sommes ici en présence d’un monde nouveau.(…). Il y a toujours eu des séparations, des barrières et des alliances de juridictions mais dans ce nouveau monde, ces barrières sont éliminées dissoutes. »