Au lendemain des attentats de Bruxelles, les Américains ne perdent pas de temps pour tacler nos forces spéciales dans un papier du Daily Beast. « Les Belges sont des enfants désemparés qui sont incompétents pour faire face à la menace terroriste » peut-on lire dans les premières lignes. Les sources sont anonymes, mais les propos sont conséquents: « Quand on parle aux Belges, on a l’impression de parler à des gosses ».
Des hauts membres du contre-terrorisme américain sont « frustrés et fâchés », écrit The Daily Beast. Ils s’effarent de l’incapacité des Belges à attraper et contrer des cellules terroristes dans une si petite capitale qu’est Bruxelles. Toutes les sources de ce papier sont anonymes… Mais le quotidien décrit une source comme un senior US Intelligence agent, et elle balance: “It’s really shitty tradecraft” à propos des forces spéciales belges.
« Ils ne sont pas pro-actifs, ils ne savent pas ce qui se passe »
À Washington DC, il y a un réel sentiment que les forces spéciales belges n’ont pas assez de moyens. Les services américains voulaient vraiment offrir leur aide, mais toujours selon le papier du Daily Beast « Nous ne pouvons pas tout faire »… « Après l’arrestation de Salah Abdeslam vendredi passé, il y avait des signaux clairs qui pouvaient prévoir les attaques de Bruxelles. »
Lorsqu’on parle aux services belges du fait que la Belgique est devenue un « hotbed » pour le terrorisme, ils sont dans le déni, ils ont « tout simplement peur d’accepter que leur pays a été pris » explique la source anonyme. « Quand nous avons des contacts avec ces gens ou que nous envoyons nos gars pour parler avec eux, on parle essentiellement à des enfants. Ils ne sont pas pro-actifs, ils ne savent pas ce qui se passe ».
Les services belges à la traîne
Adam Schiff, démocrate, membre du Parlement, explique sur la chaîne MSNBC que « la Belgique a renforcé le nombre de personnes qu’elle consacre aux services secrets et sa législation aussi, mais ils sont seulement en train de se rattraper et on en voit les terribles résultats aujourd’hui. »
À travers ce papier du Daily Beast, on sent vraiment la frustration des Américains par rapport à la prise en charge du contre-terrorisme par la Belgique, mais aussi par l’Europe. Une frustration justifiée? Une différence de culture par rapport à l’importance sécurité et du souci? Si les autorités belges (surtout le MR et la N-VA) ont agrémenté leurs discours avec plus de Sécurité, notamment depuis les attentats de Paris, il reste un fait indéniable: la Belgique et les États-Unis n’ont rien à voir l’un avec l’autre en termes de Défense et de Sécurité.
On ne peut pas nier la Belgian connection
Presque tout le monde est d’accord pour faire remarquer que malheureusement toutes les attaques terroristes récentes ont un lien avec la Belgique. Le djihadiste Mehdi Nemmouche qui a commis l’attaque au Musée Juif de Bruxelles, les armes d’Amedy Coulibaly qui ont servi à commettre les attentats de Paris… Et à peu près tous ces gens mènent à Molenbeek où ils ont un jour vécu ou ont un quelconque lien avec la ville.
Et aujourd’hui, quand on regarde de plus près les auteurs présumés des attaques de Bruxelles, les autorités belges semblent avoir déjà un paquet d’informations… On vient donc à se demander comment ces personnes connues des services aient pu se balader aussi librement en Europe, en Belgique, et dans notre petite capitale.
Robin Simcox, un spécialiste britannique du terrorisme, fustige les services de renseignement européens, et y compris la Belgique. « Qu’est-ce qu’ils ont dit après les attentats de Londres? » Oh, ce genre d’attaque n’arrivera plus. Les réseaux se développent, et nous les trouverons. « Et pendant ce temps-là, on voit ce qui est arrivé: Paris, et maintenant Bruxelles. On a évité le pire à Verviers. Nous avons été trop paresseux. »