Si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre, en 2084, la température moyenne aura augmenté de quatre degrés comparé à l’ère préindustrielle. Quatre degrés, cela ne semble pas beaucoup mais c’est une perspective désastreuse. Dans un tel scénario, les grandes villes le long des côtes deviendront inhabitables. Et cela entrainera des millions de réfugiés politiques.
Il fera jusqu’à quatre degrés de plus en 2084, c’est ce qu’avancent des chercheurs chinois dans la revue Advances in Atmospheric Sciences. Ils s’appuient sur pas moins de 39 modèles climatiques issus du Coupled Model Intercomparison Project (CMIP). Ce projet de recherche vise le développement et l’évaluation de modèles climatiques et devrait mener à des simulations climatiques les plus précises possibles.
La recherche montre que la plupart des modèles prédisent que la température sera déjà plus chaude de quatre degrés avant la fin de ce siècle qu’à l’ère préindustrielle (en supposant que nous ne réduisions pas nos émissions).
Quatre degrés, cela ne semble pas beaucoup, mais c’est une perspective désastreuse. Dans un tel scénario, les grandes villes le long des côtes seront devenues inhabitables, ce qui entraînera des centaines de millions de réfugiés climatiques.
L’enfer sur terre
C’est aussi un scénario dans lequel toute la glace des glaciers commence à fondre très rapidement. Ce qui augmenterait le niveau de la mer de plus de 50 mètres. Ça va vraiment vite: il faut compter un mètre tous les 20 ans.
Le nombre de feux de forêt augmentera considérablement, y compris dans notre région, où, dans un tel scénario, le climat sera très similaire à celui de Marrakech. Les vagues de chaleur avec des températures allant jusqu’à 45 degrés, ce sera la norme.
Cela signifie également qu’une journée d’été moyenne sera aussi chaude qu’une journée durant la vague de chaleur que nous connaissons actuellement. Avec un réchauffement de quatre degrés, les pays comme l’Espagne et l’Italie seront en grande partie inhabitables. Il y aura des réfugiés climatiques qui partiront vers la Scandinavie et les pays baltes.
Et il est important de réaliser qu’une fois que le réchauffement climatique est enclenché, il continuera pendant des siècles, quelles que soient les mesures prises.
Avec quatre degrés de plus, nous sommes dans un scénario climatique incontrôlé. Le pergélisol du monde rejettera plus de 500 milliards de tonnes de CO2 dans notre atmosphère. C’est arrivé dans le passé et cela a complètement changé notre planète.
La leçon d’il y a 55 millions d’années
Il n’y aura plus de glace aux pôles, les forêts tropicales seront brûlées et transformées en désert, les Alpes ressembleront aux montagnes de l’Atlas. Nous nous retrouvons dans une situation que la Terre a déjà connue il y a 55 millions d’années, pendant l’Éocène. La température moyenne a augmenté de 7 ° C en moins de 20.000 ans, l’un des plus rapides et des plus grands changements climatiques dans l’histoire géologique. Le changement climatique a provoqué une extinction massive – le nom, la Grande Coupure, dit tout.
Et voilà l’explication la plus probable pour expliquer ce changement: à cause du réchauffement progressif au cours du Paléocène, la température de l’eau de mer est arrivée au-dessus d’une certaine valeur critique et de grandes quantités de méthane ont été répandues dans l’atmosphère.
Ouvrir les yeux
Le méthane est un gaz à effet de serre très fort et il aurait soudainement accéléré le réchauffement climatique. Et autre fait intéressant: le réchauffement progressif qui mené au Paléocène a été 30 fois plus lent que ce que nous traversons.
Dans la plupart des modèles pour le réchauffement climatique actuel, on ne tient pas compte du dégagement d’hydrates de gaz comme facteur de renforcement. Mais, une chose est certaine: si cela arrive, la terre deviendra non viable pour l’homme.
La nouvelle étude des Chinois est vraiment une très mauvaise nouvelle, surtout si l’on considère que les politiciens travaillent actuellement sur des accords qui devraient réduire le réchauffement climatique à 2 et peut-être même 1,5 degrés Celsius. Bien que presque tous les pays de la planète – à l’exception des États-Unis – aient décidé de le faire, il n’existe actuellement aucun plan efficace qui mène réellement à une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre.
Le problème avec les modèles climatiques
Les politiciens, les groupes d’intérêt dans le secteur des combustibles fossiles par exemple ainsi que les négationnistes du réchauffement climatique ont utilisé l’incertitude inhérente aux modèles climatiques pour soulever des doutes sur le changement climatique ou argumenter contre des mesures politiques fortes.
Mais les modèles climatiques sont des outils essentiels pour les scientifiques qui essaient de comprendre l’impact des émissions de gaz à effet de serre. Ils sont construits sur la base des connaissances fondamentales de la physique et du climat du monde.
Mais le système climatique est incroyablement complexe et, par conséquent, il existe un désaccord sur la meilleure façon de modéliser les aspects les plus importants de celui-ci. Un défi supplémentaire est que le climat change plus vite que les modèles ne s’améliorent, parce qu’il y a des événements qui ont lieu que les modèles n’avaient pas prévu. Par exemple, la glace de l’océan arctique fond plus vite que les modèles le disent.
Le résultat de cette étude, qui regroupe 39 des modèles les plus avancés, est donc encore d’autant plus pertinent.