C’est difficile à croire et pourtant c’est vrai. Pendant q’on grelotte ici en Belgique, les températures sont ridicules en Arctique: entre 20 et 30 degrés, ce qui est plus chaud que la normale. Pourtant c’est à ce moment qu’il devrait y faire le plus froid. Ce n’est pas la première fois que l’on peut observer cette hausse anormale de températures. C’est en tout cas alarmant, il n’y a pas d’autre mot pour le dire.
Au Spitzberg, une île norvégienne située à 1.000 kilomètres du pôle Nord, il a fait plus chaud ces 86 derniers mois, chaque mois, que ce que l’on a pu observer depuis qu’on est en mesure d’avoir ce genre de données de températures, depuis un siècle. Et ce n’est pas qu’un petit peu.
Au cours des derniers 30 jours, il a fait en moyenne 9 degrés Celsius plus chaud que la normale. Cela proviendrait du fait qu’à cet endroit, le réchauffement climatique va 6 à 7 fois plus vite que chez nous.
Cette semaine, dans la station météorologique la plus au nord du Groenland, les scientifiques ont enregistré plus de 24 heures de températures positives. D’après l’Institut danois de météorologie, ce n’est que la troisième fois que les températures sur cette latitude (500 km du pôle Nord) montent si haut en février. Ce serait arrivé également en 2011 et l’année dernière.
The northernmost weather station in the world, Cape Morris Jesup in Greenland has been above freezing nearly all day.
— Robert Rohde (@rarohde) 20 februari 2018
How weird is that? Well it's Arctic winter. The sun set in October and won't be seen again until March. Perpetual night, but still above freezing. pic.twitter.com/aGkccjJd1g
Un tiers de la glace de la mer de Béring a fondu en une semaine
Ces températures anormalement hautes sont partout en Arctique. De l’autre côté, à Utqiaġvik (appelé avant Barrow) en Alaska, il a fait 22 degrés plus chaud que d’habitude cette semaine. Il fait si chaud que sur une semaine, un tiers de la glace de la mer de Béring a fondu au large de la côte ouest de l’Alaska. En février!! Brian Brettschneider, un climatologue basé en Alaska, a déclaré que la surface totale de la glace en mer le 20 février était la plus faible jamais enregistrée.
Cela a des conséquences graves non seulement à long terme, mais surtout à court à terme. Normalement, à cette période, la glace protège les côtes des grandes vagues lorsqu’il y a des tempêtes. Mais aujourd’hui, cet obstacle n’est plus assez fort et tend à disparaitre ce qui provoque des dégâts irréversibles. Des villages côtiers entiers sont menacés.
Today's Bering Sea ice extent was lower than any value from Jan 15th to May 2nd during any of the previous 38 years; and the Feb 20th value was only half of the previous lowest Feb 20 value. #akwx @AlaskaWx @ZLabe pic.twitter.com/FPXThXkdUC
— Brian Brettschneider (@Climatologist49) 22 februari 2018
Pas de gel pendant quatre jours au pôle Nord
Dans toute la zone au-dessus de la latitude 80°, il fait 6 degrés de plus que la normale depuis le 1er janvier et parfois même 14 degrés par endroits. Ce sont donc des moyennes. Les prévisions pour les jours à venir sont encore pires, puisqu’on annonce des températures supérieures de 34 degrés par rapport aux « normales de saison », si on peut encore le dire. Au Pôle Nord même, il ne va pas geler ce week-end et ce pendant quatre jours annoncent certains scientifiques.
Et ceci, toujours… au mois de février!! Alors que chez nous, il va clairement geler ce week-end.
Closest to the North Pole (>80°N latitude), #Arctic temperatures are the highest on record for the month of February in this data set.
— Zack Labe (@ZLabe) 22 februari 2018
Red is 2018. Blue [1958] to yellow [2017] lines for each year. "Average" temperature is the bold, light blue line. https://t.co/kO5ufUWrKq pic.twitter.com/jzP6CmvpXO
Cette carte dit tout:
Selon une analyse de Climate Central, ces phénomènes de réchauffement extrême dans l’Arctique deviennent en fait normaux. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’il y a moins de glace en mer, et qu’il est donc plus facile que la chaleur arrive aux pôles. Les températures record et le manque de glace, c’est exactement ce que les scientifiques avaient prévu pour l’Arctique pendant des années et cela commence à changer drastiquement le paysage. « L’Arctique ne montre aucun signe d’une retour des gelées dans la région comme nous le prédisons depuis des décennies », conclut le NOAA dans son Arctic Report Card qui a été publié en décembre 2017.
This is what record low sea ice in the Arctic means on the ground: stunning FB video taken Tuesday Feb 20 from Little Diomede, Alaska, smack in the middle of Bering Strait. Scary stuff, on many levels. #akwx #Arctic @Climatologist49 @ZLabe https://t.co/e2Hb4Rvgry
— Rick Thoman (@AlaskaWx) 21 février 2018