Vendredi dernier, c’était le Black Friday aux États-Unis. C’était l’occasion de faire de bonnes affaires. Et apparemment, c’était aussi le bon jour pour acheter quelques armes à feu: le record de vente a été pulvérisé et les magasins ont vendu 10% d’armes à feu en plus. On parle de plus d’un demi-million. Sur un jour.
Chaque année durant le Black Friday il y a une énorme quantité d’armes à feu vendues. En 2008, on parle de 97.848. En 2011, 129.166. Et cette année on a franchi le cap des 200.000. Le FBI a reçu 203.860 vérifications d’antécédents soit 10% de plus que l’année passée.
Mais il y a quelque chose de remarquable: personne ne sait combien d’armes à feu sont vendues aux États-Unis. Il n’y a rien d’enregistré nul part. Les nombres sont des estimations, des estimations beaucoup trop basses car elles sont basées sur des enquêtes où les gens doivent dire s’ils ont des armes ou non et combien ils en possèdent.
La seule chose que les États-Unis suivent depuis 1998 est la vérification des antécédents à la NICS, le National Instant Criminal Background Check System, un département du FBI qui emploie environ 500 personnes.
Mais que regardent-ils au juste?
Chaque année, ils reçoivent plus de 20 millions de demandes. Comment ça marche? Lorsque vous achetez une arme aux États-Unis – du moins si la loi est respectée – alors le caissier ou la caissière enverra vos données à la NICS via l’ordinateur.
Alors, les employés du NICS regardent si l’acheteur ne rentre pas dans un des dix critères disqualifiants: une condamnation pour crime, un mandat d’arrêt, un problème de drogue ou une maladie mentale, le statut d’immigrant en situation irrégulière, une décharge militaire déshonorante, une renonciation à la citoyenneté américaine, une ordonnance restrictive, des antécédents de violence familiale, ou un acte d’accusation pour tout crime passible d’une année de prison.
Dans 98% des cas, il n’y a pas de problème. Pour les 2% qu’il reste, la NCIS a trois jours pour créer un dossier qui motivera le refus de la possession d’arme à feu. Au final, il y a 1,25% des vérifications des antécédents qui aboutissent.
Mais cette différence de 0,75% signifie que chaque jour 512 personnes qui ne devraient pas pouvoir se procurer d’arme à feu peuvent finalement en acheter une. Souvent grâce à des erreurs administratives: par exemple lorsque quelque chose manque dans la base de données de l’état alors que ça se trouve dans la base de données fédérale.
En moyenne trois par acheteur
La vérification des antécédents n’a pas mené à une diminution de l’achat des armes à feu. Au contraire: la vente de ces armes a doublé depuis 1998.
Et comme expliqué: le nombre de vérifications des antécédents n’est pas égal au nombre de ventes d’armes à feu. Parce que avec une seule vérification, l’acheteur peut s’en procurer plusieurs. Quelqu’un qui achète cinq Sig Sauer M-400’s à 867 dollars la pièce – et qui fait un profit de 300 dollars – a fait une seule vérification.
La moyenne d’armes à feu achetées durant le Black Friday serait de trois, du moins c’est ce qu’ont essayé d’extrapoler en mettant en corrélation les chercheurs des chiffres de vente avec les demandes de vérification.