Un Russe de 38 ans, qui a déclaré dans un tchat que Dieu n’existe pas, a été enfermé pendant un mois dans un hôpital psychiatrique. Il comparaît à présent pour « offense aux sentiments des croyants orthodoxes » et pourrait écoper de trois ans de prison. En 2013, après l’incident des Pussy Riot, une loi contre le blasphème a été introduite par le président Poutine. Après les homosexuels, on dirait que les athées sont désormais les prochaines cibles du régime.
En 2014, lors d’une discussion en ligne, Viktor Krasnov de Stavropol a publié ceci: « Selon moi, ce recueil de contes qu’on appelle la Bible est juste complètement absurde. Dieu n’existe pas! »
L’un des participants à cette conversation s’est ensuite rendu à la police et a dénoncé Krasnov. Le procureur considère que le « crime » de Krasnov est d’avoir « insulté les sentiments des croyants orthodoxes ».
Hôpital psychiatrique
Ainsi, Krasnov a violé une loi que Poutine a fait passer en 2013 et qui rend le blasphème punissable. La loi stipule que « l’offense des sentiments religieux ou les manifestations délibérées et publiques insultantes pour les croyants » sont répréhensibles. Les contrevenants à cette loi peuvent être condamnés à une amende de 15.000 euros et jusqu’à trois ans de prison.
Un an de prison est requis contre Krasnov. L’homme a en outre déjà été enfermé pendant un mois dans une institution psychiatrique. Selon le gouvernement, il s’agissait « d’étudier s’il était sain d’esprit ». Comme cela semble être le cas, il peut à présent être jugé.
Des amis proches
L’église orthodoxe russe et Vladimir Poutine sont des amis proches. Il existe parmi les membres du clergé une nouvelle vague de propagande agressive en faveur de la guerre et le gouvernement se fait un plaisir de l’utiliser. Il y a même désormais des plans pour incorporer également l’église dans la constitution et transformer la Russie, qui est un état séculaire, en un état orthodoxe.
À Moscou, il a récemment été interdit à une organisation de défense des droits humains d’afficher dix panneaux dans divers lieux de la ville sur lesquels était inscrite une citation de la constitution russe stipulant que « les organisations religieuses et l’État sont séparés par la loi ».
Guerre(s) sainte(s)
Poutine bénéficie du soutien idéologique et religieux de l’église orthodoxe russe pour ses bombardements contre les groupes rebelles syriens. Celle-ci parle d’une « guerre sainte ». L’église approuve totalement la rhétorique et l’approche de Poutine. Le patriarche Cyrille, le plus haut ecclésiastique de l’église, a loué dans une déclaration l’intervention militaire de Poutine.
Ce n’est pas surprenant que l’église soutienne Poutine. Après la fin du communisme, elle s’est toujours plus rapprochée du Kremlin. Depuis, Cyrille et Poutine sont comme deux têtes dans le même bonnet: le président protège l’église et veille à ce qu’elle ne manque de rien et l’église soutient la politique de Poutine. Elle donne ainsi à sa politique une légitimité morale.
L’an passé, Cyrille a déjà présenté un autre projet politique comme un combat saint. Il a alors suggéré que l’annexion de la Crimée et l’intervention ailleurs en Ukraine étaient fortement nécessaires. Selon lui, le gouvernement ukrainien « poursuivait » les croyants orthodoxes russes et s’apprêtait à renverser l’église orthodoxe.
En 2013, une loi qui punit « la propagande des relations non traditionnelles » entre mineurs a aussi été adoptée en Russie. En pratique, ça signifie que parler d’homosexualité en présence de jeunes ou porter des caractéristiques extérieures se référant à la communauté LGBT (comme le drapeau arc-en-ciel) est punissable, même pour les étrangers.