Après des semaines de suspense, on connait enfin le premier ministre d’Emmanuel Macron: il s’agit d’Edouard Philippe, député-maire de 48 ans du Havre et affilié au parti Les Républicains. Très proche d’Alain Juppé, il est censé réconcilier la droite avec le centre et permettre ainsi à Macron de gouverner.
1. Il a commencé sa carrière au PS avant de rejoindre LR
S’il est aujourd’hui membre du parti Les Républicains, Edouard Philippe a débuté sa carrière politique au sein du PS et de Michel Rocard (à l’instar de Mélenchon, Valls, Hamon…). L’élève de Science Po Paris milite pendant deux ans en faveur du premier ministre de François Mitterrand à l’époque. « J’avais grandi dans un milieu plutôt à gauche où l’on votait socialiste, et il y avait chez lui un côté social-démocrate assumé qui m’allait bien, confie-t-il au Point, j’aimais ses discours sur l’exigence de réforme ». Mais une fois celui-ci mis de côté, Edouard Philippe rend sa carte de parti, « déçu ».
Il se rapproche alors du maire du Havre de l’époque, Antoine Rufenacht (1995-2010), note France TV, et petit à petit d’Alain Juppé. Il participe d’ailleurs à la création de l’UMP à ses côtés, non sans avoir fait un petit tour avec Jacques Chirac en 2002, comme directeur de campagne.
Cette carrière politique est entrecoupée de passages dans le secteur privé. Edouard Philippe est en fait un touche-à-tout et qui n’a pas de convictions politiques figées. C’est un « vrai centriste, drôle et sympathique, ami aussi bien avec des gens de gauche que de droite », dit de lui dans Challenges un camarade de classe de l’ENA (passage obligé après Science Po, apparemment).
2. Il a critiqué Emmanuel Macron dans ses chroniques sur la campagne
Pendant la campagne, Edouard Philippe a d’abord soutenu Alain Juppé avant de se diriger vers Fillon après la primaire. Pour finalement se mettre en retrait suite aux révélations sur le « Penelopegate ».
Anecdote amusante, il a chroniqué la campagne présidentielle pour Libération et a donc eu quelques propos parfois indélicats pour le futur président.
Ainsi, à ceux qui le comparent à JFK, il leur répond qu’Emmanuel Macron n’en a pas « le charisme ». D’autres le comparent aussi à Brutus, le parricide: « Non, le Romain qui ressemble le plus à Macron, ce n’est pas Brutus, c’est Macron. Naevius Sutorius Macro, dit Macron, haut fonctionnaire (si si) devenu, à la faveur d’une révolution de palais, le conseiller de Tibère, empereur détaché des affaires courantes, il finira par l’assassiner ». Ok, ce n’est finalement pas beaucoup mieux.
Edouard Philippe ne lui souhaite quand même pas le même destin, ainsi qu’à sa femme: « Ce qui est certain, c’est que ce Macron, personnage mineur de l’histoire romaine, mettra fin à ses jours et à ceux de sa femme sous la pression de Caligula. »
Le maire du Havre sait aussi se montrer incisif en estimant que Macron « n’assume rien mais promet tout, avec la fougue d’un conquérant juvénile et le cynisme d’un vieux routier ». Ouille. Il enchaîne: « De quoi restera-t-il le nom? D’une révolution manquée ou d’une victoire éclair? D’une trahison misérable ou d’une ambition démesurée? ». Aïe.
Au fur et à mesure que l’élection avance, le ton est cependant plus édulcoré et plus sage jusqu’au second tour. À ce moment, il établit clairement son choix face à la perspective de Marine Le Pen présidente.
Chronique du jeudi
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) 19 janvier 2017
Qui est Macron ?
https://t.co/xlSdPBryJY
Sans hésiter, je soutiens @EmmanuelMacron face à Mme Le Pen. Il faut l'aider.
— Edouard Philippe (@EPhilippe_LH) 23 avril 2017
3. Il n’a pas fourni une déclaration complète de patrimoine
Au rayon des casseroles, quelques couacs: comme ce blâme que lui aurait adressé la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, rapporte Mediapart. En cause: il aurait refusé de fournir certaines informations sur sa déclaration de patrimoine en 2014. La mention « aucune idée » figure à plusieurs endroits dans sa déclaration, notamment sur la valeur de ses biens immobiliers.
Deuxième caillou dans sa chaussure: un excès de vitesse en octobre 2015. Le désormais premier ministre a roulé à du 155km/h plutôt que du 110mk/h. Il n’y a pas mort d’homme donc, mais une lourde amende, quatre points de permis et 72 heures de retrait. À noter qu’il avait à l’époque décidé d’assumer publiquement.
Édouard Philippe c'est celui qui a refusé de déclarer son patrimoine et a voté contre les lois pour la transparence.https://t.co/NzHEo25ofS
— Maître de conf' (@Maitre_de_conf) 15 mai 2017
4. Il adore « Le Parrain » et Sean Connery
Et plus intimement, il aime quoi dans la vie Edouard Philippe? Le cinéma d’abord, comme il le déclarait dans un portrait chinois publié en 2010 dans Le Point. Son acteur préféré est Sean Connery: « un Ecossais formidablement classe. Il est beau, jeune, vieux, et dans tous ses films. » Son film préféré? « Le Parrain », de Francis Ford Coppola. Je l’ai vu au moins cinquante fois. C’est juste une tragédie parfaite en trois actes, merveilleusement interprétée et d’une beauté visuelle à couper le souffle. »
Son chanteur préféré? Bruce Springsteen et la chanson « The River ». Le député-maire adore aussi lire et son romancier favori est Alexandre Dumas (« Les trois mousquetaires, « Vingt ans après »…). Il a un faible aussi pour les lectures anglo-saxonnes comme « All The King’s Men », de Robert Penn ou encore « Vendetta », de Roger-Jon Ellory. Il pratique aussi depuis peu de la boxe anglaise.
5. Il a peur du dentiste et des requins
Détail amusant: Edouard Philippe avoue, toujours pour Le Point, avoir des « peurs absurdes »: « Je suis effrayé à l’idée d’aller chez le dentiste. »
L’homme n’aime pas trop non plus la vue des poissons: « J’ai peur des requins. Du coup, je ne suis pas à l’aise quand je nage dans la mer », un comble quand même quand on vient du Havre.
Au rayon des autres défauts: il déclare ne pas ranger ses vêtements, son plus gros défaut « selon (s)a femme ». Pour rester dans le textile, Edouard Philippe raconte également avoir un faible pour les boutons de manchettes: « C’est l’un des rares attributs vestimentaires pour lesquels l’homme peut se permettre de la fantaisie. Je les collectionne depuis de nombreuses années et il m’arrive souvent de les choisir en fonction de mes interlocuteurs de la journée ou de mes activités. »
Ça tombe bien. Maintenant qu’il est premier ministre, il va pourvoir déballer toute sa collection.