Débarqué il y a deux semaines sur Netflix, Dear White People fait beaucoup parler d’elle. Cette série nous jette en pleine face une Amérique rongée par les préjugés raciaux et l’ignorance généralisée de ce problème. Si toi aussi tu t’es enchaîné les épisodes comme des shots de tequila à une soirée étudiante, tu t’es sûrement pris une grosse claque. Tu n’es pas le seul, nous aussi ça nous a bouleversé.
Dear White People prend tout le monde à contre-pied. Le titre de la série est en fait celui d’une émission de radio Dear White People. Et c’est Samantha White, étudiante afro-américaine à l’université de Winchester, qui anime cette émission controversée où elle moque les comportements et les préjugés des blancs vis-à-vis des noirs. Avec un ton assurément piquant, elle décortique ainsi les faits et gestes de ses camarades blancs afin de les pousser à être « woke ». Être « woke » ici sous-entend de prendre en considération les minorités raciales plutôt que de minimiser leurs expériences.En réaction à ça, un club universitaire organise une soirée déguisée intitulée « Black Face Party », autrement dit, les blancs se déguisent en personnes noires. Difficile de faire plus raciste comme soirée à thème.
Des protagonistes engagés
À partir de là, la satire de Justin Siemen se poursuit et s’amuse à
renverser tous les codes habituels. La multiplication des points de vue
permet de faire écho à la diversité des personnages. De Samantha White,
la militante noire américaine qui sort avec un blanc mais qui n’assume
pas, à Troy Fairbanks, le fils discipliné du doyen, en passant par
Lionel, le petit nouveau avec sa coupe afro improbable qui n’arrive pas à
affirmer son homosexualité ou encore Coco, tiraillée entre son envie de
devenir blanche et sa peau qui lui dit le contraire.
Des personnalités bien tranchées
Tout s’entremêle,
les histoires de sexe, d’amour et de pouvoir. Chacun affirme son
identité pour mieux la questionner ensuite. Et si chacun a son avis bien
tranché sur la question raciale, ils sont souvent en désaccord avec les
idéaux de l’héroïne principale sans pour autant se transformer en
antagonistes. C’est aussi en ça que Dear White People fait la
différence. Il dresse des portraits nuancés et très humanisés des
protagonistes. Ce n’est donc pas simplement un affrontement entre deux
groupes ethniques, c’est avant tout un combat pour montrer notre rapport
à la différence. On le voit par exemple quand Sam se fait jugée
ponctuellement « trop blanche » ou « trop noire » de par sa couleur de peau
relativement claire, ou encore, Lionel, qui est à la fois noir et
homosexuel.
Dear White People, quelque soit la couleur de peau
Une satire à voir même si elle n’est pas toujours simple à
comprendre, l’analyse qui est faite permet d’ouvrir les yeux des
spectateurs sur le racisme américain moderne. Et puis, il faut le dire,
la série est parfaitement léchée et traitée avec humour pour nous
accrocher. Justin Siemen avait été au cœur des polémiques en dévoilant un trailer de
la série sur Youtube en janvier, jugée justement raciste, obtenant
largement plus de dislike que de like. Il n’incite pourtant pas à la
révolte et ne livre aucune morale ou solution à quoi que ce soit. Bref,
si Dear White People arrive à trouver son public, on espère qu’une saison 2 sera lancée!