Le 1er mai dernier, Ecolo a consacré sa journée du travail aux jeunes. Devant les perspectives peu alléchantes qui se présentent à eux, le parti de Patrick Dupriez a voulu leur donner la parole, avec quelques « exemples éloquents ». Ecolo veut aussi en finir avec la politique « restrictive et punitive » des allocations de chômage. Une politique mise en place successivement par les gouvernements Di Rupo et Michel.
Aujourd’hui, pour qu’un jeune puisse demander une allocation de chômage, il doit se plier à plusieurs conditions: s’il a moins de 21 ans, il devra impérativement avoir terminé ses études secondaires ou une formation en alternance. S’il entame des études supérieures, il devra impérativement les terminer avant l’âge de 25 ans. Deux mesures proposées par le gouvernement Michel et entrées en vigueur le 1er septembre 2015. Elles s’ajoutent à la mesure du gouvernement Di Rupo qui vise à limiter ces allocations à une période de trois ans.
Cela veut dire dans les faits, que tout accident de parcours exclut de facto certains jeunes des d’allocations de chômage, les conduisant à encore plus de précarité. Elio Di Rupo regrettait d’ailleurs cette dernière mesure au moment de passer le flambeau au gouvernent Michel, c’était au micro de Bertrand Henne en janvier 2015: « J’assume une proposition 100% libérale, je l’assume et la regrette (…). Nous étions dans une crise de régime de 581 jours, On a fait le compromis, mais c’était une mauvaise mesure… J’ai le cœur qui saigne quand je pense à ces milliers de jeunes qui ne trouvent pas d’emploi et que l’on va exclure. »
Explosion du nombre d’inscrits au CPAS
Concrètement, même si le Forem annonce un recul du chômage « pour toutes les classes d’âge » par rapport à l’année passée, on remarque néanmoins une explosion des statistiques au niveau des CPAS. Sans compter ceux qui disparaissent des statistiques préférant se débrouiller tout seul ou dans le cadre familial.
« Notre jeunesse est en danger, par l’exclusion de 15.000 jeunes pour fin de droit ces deux dernières années, dont 58 % sont des femmes. En 2015, nous avons assisté à une augmentation de 13,2 % des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale. C’est énorme! », dénonçait Ecolo le 1er mai.
Pour l’année 2016, le nombre de jeunes faisant appel au CPAS a lui progressé de 8,5% par rapport à 2016, selon les chiffres du SPF Intégration sociale. Leur proportion (32,5%) parmi les bénéficiaires dépasse largement ce qu’ils représentent parmi la population dans son ensemble (10,7% pour les 18-24 ans).
Recul du chômage ou pas?
Alors qui dit vrai? Baisse du chômage ou simple effet statistique? Si le gouvernement Michel visait la réduction du chômage avec ces mesures, « c’est un échec patent », nous explique Patrick Durpiez, co-président d’Ecolo. « Sur les 37.000 personnes éliminées du chiffre du chômage, un grand nombre se retrouve dans les chiffres du CPAS. Sans compter ceux qui figurent hors statistiques. »
Patrick Dupriez poursuit: « le taux de chômage ne diminue pas. Et il n’y a que deux pays en Europe où c’est le cas: la Belgique et le Luxembourg. Dans tous les autres pays d’Europe, depuis deux ans, le taux d’emploi augmente. »
Or, un nombre d’emploi qui augmente ne signifie pas un taux d’emploi qui augmente vu que la population elle aussi augmente. Le co-président ajoute que « pour un emploi temps plein, il y a quatre emplois à temps partiel créés. Les gens n’aspirent pas à ces emplois précaires ». Le tableau peint par le gouvernement actuel ne serait donc pas si idyllique que ça.
« Ces mesures s’inscrivent d’abord dans une logique budgétaire comptable (…). Ensuite, ça s’appuie sur une vision idéologique qui est de dire: ‘tout ce qui est allocation sociale revient à de l’assistanat’. C’est donc toute la logique punitive qui est à revoir, avec des exemples sur le terrain qui dépassent l’entendement.
"Nos gouvernements successifs ont fragilisé la jeunesse" @PatrickDupriez #1ermai #Bruxelles pic.twitter.com/Rd4tqAPmo0
— Ecolo (@Ecolo) 1 mai 2017
Quelles solutions pour ces jeunes?
« Si on veut que le taux d’emploi progresse, il ne pourra s’inscrire que dans une logique d’autonomie, d’émancipation et de liberté des jeunes, en favorisant leur enthousiasme et leurs envies », nous explique Patrick Dupriez.
Mais concrètement, que pourrait-on faire à court termes pour tous ceux qui sont désormais dans une situation précaire? « Les jeunes ont besoin de sens, pas de punition. Revenons d’abord sur cette limitation de l’accession aux allocations d’insertion. On est entre 300 et 800 euros par jeune, ce n’est pas énorme. Donnons-lui la possibilité de bénéficier d’allocations pour une période de cinq ans après son stage d’insertion. Ça lui donnera le temps de chercher et de trouver sa voie. »
Patrick Dupriez voit aussi une étape plus loin. Par exemple, si un jeune de moins de 30 ans qui travaille depuis un an en entreprise ou qui se lance comme indépendant, remarque par la suite que ça ne lui convient pas, « eh bien que ce jeune ait droit à des allocations de chômage pour pouvoir rebondir. C’est ce que nous appelons le droit d’essayer, le droit de se tromper. Si on lui permet cette épanouissement et la possibilité de déployer ses propres compétences, tout le monde sera gagnant », conclut le co-président d’Ecolo.
"Donner aux jeunes le droit d’essayer, c’est garantir l’accès à l’épanouissement" #1erMai
— Ecolo (@Ecolo) 1 mai 2017
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