Troisième jour de notre série sur la semaine présidentielle! Dans quatre jours, les Français se rendront aux urnes pour désigner les deux candidats qui s’affronteront lors du second tour. Pour que tu saisisses bien les programmes de chacun, on te propose de s’attarder sur des thématiques importantes. Ce mercredi, on parle du nucléaire: plutôt centrales ou énergies renouvelables? Voilà ce que proposent les cinq candidats principaux.
Le nucléaire: pour ou contre? C’est une question très sensible qui divise le monde entier en deux camps: les pro et les anti. D’un côté, le nucléaire provoque d’importantes quantités de déchets toxiques, est une source d’énergie fossile non renouvelable et n’est pas sans risques pour l’environnement et la santé publique. Rappelons les accidents de Tchernobyl (26 avril 1986) et de Fukushima (11 mars 2011). Mais de l’autre côté, le nucléaire est très puissant et n’émet aucune émission de gaz à effet de serre.
Certains pays, comme le Luxembourg, n’ont tout simplement pas de programme nucléaire. D’autres, comme l’Italie, l’Autriche ou encore le Danemark, ont fait le choix de sortir entièrement du nucléaire. En Belgique, on patine toujours, alors que nos centrales sont vétustes et ne cessent de s’arrêter. Les politiques préfèrent ainsi distribuer des pilules d’iode à la population, plutôt que de chercher des alternatives.
Et en France, comment cela se passe-t-il?
La France compte en tout 58 réacteurs répartis sur 19 sites différents, faisant du nucléaire sa première source d’énergie (77 % de l’énergie totale produite, selon les chiffres de 2014 d’EDF). La question du maintien en l’état ou de la sortie est donc primordiale. Voici ce que les cinq candidats favoris aux élections présidentielles prévoient pour l’avenir du pays.
Pour le nucléaire et une « écologie patriote »: Marine Le Pen
Sur la question du nucléaire, la candidate du Front National semble avoir retourné sa veste. En 2011, alors qu’elle était candidate aux élections précédentes, Marine Le Pen qualifiait l’énergie nucléaire d' »énormément dangereuse » et assurait qu’en sortir était « un objectif ».
Changement de programme, Marine a annoncé début décembre, lors d’une convention de son parti sur l’écologie, que sortir entièrement du nucléaire « serait se tirer une balle dans le pied ». À la place, elle propose une « écologie patriote à la française« . Elle estime qu’il faut défendre le nucléaire parce qu’il permet « d’assurer l’indépendance énergétique » de la France et qu’il « est une source d’énergie parmi les moins polluantes et les plus sûres ».
Bref, sa vision colle parfaitement avec la lignée nationaliste et protectionniste de son parti. Par contre, elle se dit aussi favorable aux énergies renouvelables et prévoit dans son programme la réduction de moitié de la part des énergies fossiles d’ici 20 ans. Elle veut surtout développer l’énergie solaire, au bois et méthanisation.
Pour une utilisation « responsable » du nucléaire: François Fillon
Sur la question du nucléaire, le candidat des Républicains « récuse fermement les approches manichéennes », dans lesquelles il faut choisir « entre sortie du nucléaire et tout nucléaire », a-t-il expliqué en novembre dernier sur le plateau de France 3.
En échange, il plaide pour une « voie responsable » qui « maintient le nucléaire au niveau actuel » et qui « met le paquet sur les énergies renouvelables ». De façon à « remplacer les autres: le pétrole, le gaz, l’ensemble des énergies fossiles », a précisé François Fillon.
Mais parmi les principaux candidats, Fillon est celui qui semble le moins engagé en faveur de l’environnement. Il ne prévoit aucune mesure très concrète dans son programme. De plus, il est proche d’une position climatosceptique. En effet, il avait déclaré le 3 avril dernier sur le plateau de BFM TV que l’homme n’était qu’ »en partie responsable » du réchauffement climatique.
Face à la polémique qu’il avait créée, il s’était ensuite défendu sur Twitter: « Il y a un réchauffement climatique indiscutable et la responsabilité de l’homme est de plus en plus démontrée ». Mais bon, les scientifiques s’accordent tous depuis longtemps pour dire que l’activité humaine en est la cause première.
Il y a un réchauffement climatique indiscutable et la responsabilité de l'homme est de plus en plus démontrée. #PrimaireLeDebat
— François Fillon (@FrancoisFillon) 17 novembre 2016
Pour un plan de transition énergétique à 15 milliards d’euros: Emmanuel Macron
Le candidat centriste et leader de son propre mouvement En Marche! a abordé le nucléaire pour la première fois en février dernier. Il est resté flou sur la question, mais semble en faveur du maintien des centrales. Le nucléaire est, pour lui, « la meilleure solution pour décarbonner la production d’électricité », a-t-il expliqué à WWF France.
Emmanuel Macron veut aussi la fermeture des centrales à charbon et le maintien du cap fixé par la loi de transition énergétique. Cette loi, adoptée en 2015, prévoit la baisse en 2025 de 75 % à 50 % de la part du nucléaire dans l’électricité totale produite, ainsi que la fermeture de la centrale de Fessenheim (en Alsace).
Il est propose aussi un « plan ambitieux » à 15 milliards d’euros, selon Le Monde. De façon à ce que la France « ait une vraie politique d’investissement dans les énergies renouvelables ». Mais il n’a pas encore détaillé la manière dont sera affecté ce budget à la transition énergétique et écologique.
Pour une sortie complète du nucléaire: Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon
Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon sont les deux candidats qui veulent une sortie complète du nucléaire. Avec Philippe Poutou, ils partagent l’idée de passer à 100 % d’énergies renouvelables d’ici 2050, selon le journal Le Monde.
Mélenchon prévoit un plan d’investissement déjà abouti à 100 milliards d’euros, pour sortir totalement du nucléaire d’ici 20 à 25 ans. Il faut, selon lui, faire au plus vite car « les centrales sont prévues pour vivre au maximum 30 ou 40 ans ». Or, si on les pousse plus longtemps, « on va augmenter la probabilité d’un accident majeur », a-t-il précisé en février dernier sur le plateau de BFM TV.
De son côté, Benoît Hamon est plus nuancé. « Avant de fermer les réacteurs nucléaires qui arrivent en fin de vie, je souhaite que nous diminuions d’abord la part du nucléaire dans le mix énergétique et que nous développions les énergies renouvelables », a-t-il expliqué en mars dernier sur le plateau de TF1. Au contraire de Marine Le Pen, c’est dans les énergies renouvelables qu’il voit « la garantie de l’indépendance et de la souveraineté énergétique ».