Ça y est, le peuple turc commence à se rendre aux urnes. Non, ce ne sont pas de nouvelles élections mais un réferendum? L’enjeu? Donner plus de pouvoirs au président Recep Tayyip Erdogan. Présentation des deux camps, les projets d’Erdogan, tu sauras tout de ce référendum historique!
Ce dimanche est un jour spécial pour Recep Tayyip Erdogan, le président de la Turquie. Son peuple se rend depuis ce matin dans les bureaux de vote pour donner ou non, plus de pouvoir à leur président. Erdogan a en effet soumis un projet de réforme constitutionnelle au peuple turc. L’objectif? Donner plus de pouvoir au président. En tout, 55,3 millions de turc se rendront aux urnes, 6 mois après le coup d’état manqué dans le pays.Présentation des deux camps
Bon, comme il s’agit d’un réferendum il n’y a que deux camps: les partisans et les opposants à la réforme. Mais on va s’occuper ici de leurs motivations.
Pour les partisans d’Erdogan, cette réforme constitutionnelle est l’occasion d’imposer un régime présidentiel de poigne dans les mains d’Erdogan. Cela apporterait, selon eux, une stabilité dans le pays qui en a bien besoin après les différentes guerres opposant la Turquie et les rebelles kurdes du PKK.
Les opposants, par contre, dénoncent les dérives d’Erdogan et sa folie des grandeurs qui semble sans limite. Ils regrettent le fait qu’Erdogan récupère le putsch raté pour encore plus assoir sa suprématie. Les multiples licenciements et emprisonnements liés à ce coup d’état ne plaisent vraiment pas à cette partie de la population turque.
Référendum pour élargir les pouvoirs du president en Turquie : la campagne partout à Istanbul. Et le "oui" ("evet") souvent en très grand. pic.twitter.com/CHtttDW26X
— Jonathan Klur (@JoKlur) 5 avril 2017
Une date clé pour Erdogan
Recep Tayyip Erdogan est le premier président élu au suffrage universel en 2014. L’homme connait bien le pouvoir puisqu’avant ça, il a occupé le poste de premier ministre pendant onze ans. Le président veut établir un état de fait, c’est lui qui dirige le pouvoir exécutif et non pas le premier ministre comme le veut la constitution. Jusqu’à présent, la Turquie était une République parlementaire et le rôle du président était purement honorifique. Et ce référendum a pour bout de changer ça.
Si le « oui » l’emporte, le président gouvernera par décrets. Il nommera qui il voudra dans presque tous les postes clés du pays: le chef des services de renseignements, les recteurs d’université, magistrats, hauts fonctionnaires. De plus, le parlement ne deviendra plus qu’une chambre d’enregistrement. Enfin, le poste de premier ministre sera supprimée et deux vice-présidents seront élus.
Outre ces changements, Erdogan a promis d’autres modifications lors de tous les meetings qu’il a tenu durant sa campagne en faveur du « oui ». Si son peuple le suit, il promet de réinstaurer la peine de mort et d’apporter la stabilité et la prospérité en Turquie. Il organisera également un référendum « pour ou contre les négociations d’adhésion à l’Union Européenne ».
#Turquie #Referendum
— Keirin (@NtKler) 15 avril 2017
"Qui comptera les scrutins ? Ne vous inquiétez pas, je m'en occupe" #Erdogan
Dessin de #KlausStuttmann pic.twitter.com/o0tM1rPjjg
Coup d’oeil sur les sondages
Erdogan rêve d’une victoire du oui et de son poste « d’hyper-président » mais si l’on en croit les sondages, rien n’est fait. À trois jours du scrutin, plusieurs instituts de sondage ont publié les premières estimations des résultats. Le moins que l’on puisse dire c’est que c’est indécis. En effet, certains instituts annoncent une victoire du « oui » à 51% tandis que d’autres prévoient une victoire du « non » avec le même pourcentage. On est très loin des 60% espéré par les pro-Erdogan. Cette éventualité d’une victoire du non serait un véritable coup de massue pour le président et ses partisans. Mais on l’a vu avec les élections américaines, les sondages peuvent être trompeurs.
En tout cas, il y a une certitude: le pays n’a jamais été aussi divisé entre les deux camps. Et qu’importe le résultat ce soir, ça ne risque pas de s’arranger.