Non, tu n’es pas dans un épisode de Fringe ou dans une réunion de Thimoty Leary. Cette fois, c’est le très sérieux Imperial College London qui a réalisé une étude sur une quarantaine de bénévoles déjà habitués à planer sous acide. Certains se sont enfilés de vrais psychotropes, d’autres ont avalé des placebos. Les résultats montrent que le LSD hyperconnecte le cerveau dans son entièreté. C’est la première fois qu’une étude pareille est réalisée.
Jamais les scientifiques n’avaient observé les effets que produisent le LSD sur le cerveau. Le LSD, acronyme de l’allemand lyserg saure diethylamide, ou diéthylamide de l’acide lysergique, est l’une des drogues les plus hallucinogènes créées par l’homme. De nombreux artistes, philosophes et écrivains avaient déjà glosé sur les conséquences – positives autant que négatives – de cette substance. Cette fois, une équipe internationale de scientifiques a démontré que le LSD, en hyperconnectant tout le cerveau, brouille les pistes. C’est ainsi qu’il permet de voir même les yeux fermés.
Les scientifiques du département de neuropsychopharmacologie de l’Imperial College de Londres, dirigé par les Drs David Nutt et Robin Carhart-Harris, ont réalisé des IRM sur 40 volontaires. 20 d’entre eux ont ingurgité 75 microgrammes de LSD, 20 autres ont dû se contenter d’un placebo. Les volontaires ont été soumis à trois examens d’imagerie: une IRM pour observer les réactions au niveau des neurones, une magnétoencéphalographie (MEG) qui mesure le champ magnétique cérébral et un scanner du cerveau.
« Voir les yeux fermés »
« Les scientifiques ont attendu 50 ans pour ce moment, » s’est enthousiasmé le professeur David Nutt. L’étude a pu pour la première fois révéler comment réagissait le cerveau: il fait travailler toutes ses zones en même temps et brouille ses fonctions. Ainsi, le cerveau a l’impression de voir ce qu’il entend et de sentir ce qu’il voit. Entre autres. Ce brouillage des sensations est appelé synesthésie.
« On a observé des changements du cerveau sous le LSD qui suggérait que nos volontaires « voyaient avec leurs yeux fermés » – même s’ils voyaient des choses de leur imagination plutôt que du monde extérieur, » explique le Dr Carhart-Harris. « On a remarqué que plusieurs zones du cerveau qui contribuent en temps normal au processus visuel étaient, sous LSD, fermées. »
Pas que des visions
La comparaison des encéphalogrammes – les radios du cerveau – a permis de montrer que le LSD réveillait certaines zones inhabituelles du cerveau. En gros, quand les mecs sous acide disent avoir ressenti une altération de la conscience… ils ont raison. C’est exactement ce qu’il se passe. La synesthésie brouillant les sens, les sujets parviendraient à voir avec d’autres sens que la vue.
Le Dr Carhart-Harris précise: « Normalement, notre cerveau est constitué de réseaux indépendants qui exécutent des fonctions spécialisées, comme la vision, le mouvement ou l’écoute – tout comme des choses plus complexes comme l’attention. Toutefois, sous LSD, la séparation de ces réseaux se casse et à la place, vous voyez un cerveau plus intégré et unifié. »
Dissolution de l’ego
Les chercheurs pensent aussi avoir compris pourquoi les gourous new-age utilisaient le LSD pour unifier leur disciples et pourquoi « cette expérience est parfois encadrée d’une manière religieuse ou spirituelle. » Le LSD fait disparaître le sentiment d’individualité et donne le sentiment d’être relié à tout ce qui les entoure. Du coup, ce « tout » peut être le cosmos, la nature, la peinture, la religion, la secte, les proches… enfin, tout ce que le cerveau confond dans ce gros méli-mélo hallucinant.
« Nos résultats suggèrent que cet effet est lié à l’état de profonde altération de la conscience que les gens décrivent souvent au cours d’une expérience de LSD. Il est également lié à ce que les gens appellent parfois « la dissolution du moi », ce qui signifie que le sentiment d’individualité est en panne et est remplacé par un sentiment de reconnexion avec eux-mêmes, les autres et le monde naturel. »
C’est complètement fou, mec…
Sources: The Daily Beast, Sciences & Avenir, Imperial