Twitter se fout des doutes d’Elon Musk et compte bien aller jusque devant les tribunaux pour finaliser le rachat

La semaine dernière, Elon Musk a freiné le processus de rachat de Twitter, mettant en doute l’affirmation selon laquelle les faux comptes et les comptes de spam représentaient moins de 5% des utilisateurs actifs quotidiens monétisables de la plateforme au cours du premier trimestre. L’entreprise se soucie peu de ses tergiversations: elle veut conclure le deal dans les plus brefs délais et est même prête à lui forcer la main.

« L’accord Twitter est temporairement suspendu dans l’attente de détails soutenant le calcul selon lequel les spams/faux comptes représentent effectivement moins de 5% des utilisateurs ». En envoyant ce tweet vendredi dernier, Elon Musk a mis un sérieux coup d’arrêt au processus qui doit le voir mettre la main sur le réseau social à l’oiseau bleu.

Depuis, l’homme le plus riche du monde a multiplié les tweets – moins sérieux, mais toujours plus suspicieux – sur la question. Lundi, l’actuel PDG de Twitter, Parag Agrawal a tenté d’expliquer les détails du calcul des 5%, tout en reconnaissant que ses équipes n’étaient pas « parfaites pour attraper les spams ». Musk lui a répondu par un émoji du meilleur goût. Par la suite, il a tablé sur du 20%… voire du 50%.

Twitter écrit à la SEC

Visiblement, les doutes émis par Musk n’ébranlent pas Twitter. Mardi soir, l’entreprise a publié un nouveau dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC). Twitter a dit « s’engager à conclure la transaction au prix et aux conditions convenus aussi rapidement que possible ».

En outre, Twitter a dévoilé le compte rendu de ses négociations avec Musk. Le rapport montre que le candidat acquéreur, avant de formuler son offre, semble ne pas avoir fait d’efforts évidents pour en savoir plus sur les activités de Twitter, notamment sur le nombre de comptes de spam présents sur sa plateforme. Alors que c’est justement le motif qu’il invoque pour suspendre l’accord.

Le compte rendu donne au contraire l’image d’un Musk pressé de conclure un accord avec sa « meilleure et dernière » offre, note Reuters.

Vers une action en justice ?

Comme le rappelle Reuters, Twitter et Musk s’étaient mis d’accord le mois dernier pour s’assurer que les deux parties s’en tiennent à la conclusion de l’accord de rachat. Fixé à 44 milliards de dollars, il doit se conclure en octobre. Or, Musk semble prêt à faire traîner le procédé, voire à renégocier l’accord à un prix inférieur. L’action de Twitter a terminé à 38,32 dollars mardi, soit près de 30% en moins que le prix de 54,20 dollars par action fixé pour l’accord.

Chaque partie a accepté de payer à l’autre une pénalité d’un milliard de dollars si elle ne respecte pas l’accord. Mais Twitter peut aussi intenter une action en justice pour « exécution spécifique » en vue de forcer Musk à conclure un accord et obtenir un règlement de sa part en conséquence. Dans son dépôt effectué auprès de la SEC mardi, la société a justement évoqué la possibilité de poursuivre Musk et d’obtenir un accord de sa part, annonce Business Insider.

A priori, le compte rendu des négociations ne plaide pas en faveur de Musk, lequel, s’il veut gagner en justice, devra prouver que Twitter lui a réellement dit quelque chose de « faux » lors des négociations. Or, l’entreprise semble toujours avoir pris le soin d’indiquer que ces explications relatives au nombre de faux comptes n’étaient qu’une « estimation », susceptibles dès lors d’être erronées.

Quoi qu’il en soit, si l’affaire devait finir en justice, personne ne devrait en sortir gagnant. Tout litige sera probablement long et jettera l’incertitude sur l’activité de Twitter, ont expliqué des experts à Reuters. Généralement, même les entreprises qui ont eu gain de cause devant les tribunaux face à leurs acquéreurs ont fini par négocier des accords financiers.

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