Tiens, tiens, revoilà la Russie: la team Macron accuse les Russes d’ingérence dans la campagne présidentielle en France

Est-ce que la Russie tenterait d’influer sur les élections présidentielles française? C’est en tout cas ce que l’équipe d’Emmanuel Macron, candidat de gauche, dénonce depuis quelques jours. Après les élections américaines, la Russie s’attaquerait maintenant à la France par le biais de médias dirigés par l’état russe. De quoi est-il question? 

Après avoir aidé Donald Trump à gagner les élections américaines, est-ce que la Russie aurait décidé de s’attaquer à Emmanuel Macron? En tout cas, l’équipe du candidat à l’élection présidentielle dénonce une ingérence de la Russie dans cette campagne présidentielle.

Richard Ferrand secrétaire général d’En Marche, le parti de Macron s’est exprimé sur France 2 et dénonce deux médias russes contrôlés par l’état: Russia Today et Sputnik. Il s’explique: « Aujourd’hui il faut regarder les faits: deux grands médias, Russia Today et Sputnik , qui appartiennent à l’État russe, font leur quotidien de la diffusion, de la propagation, de fausses nouvelles. Ensuite ces nouvelles sont reprises, sont citées et viennent peser sur notre vie démocratique. »

La rumeur, arme de propagande russe

Richard Ferrand évoque une rumeur selon laquelle Emmanuel Macron avait logé aux frais du contribuable dans une ambassade française au Liban. Une rumeur démentie par le parti mais le mal est fait: l’info a circulé. D’autres rumeurs ont fleuri concernant une double-vie d’Emmanuel Macron. Le député des Républicain Nicolas Dhuicq a d’ailleurs accusé le candidat d’En Marche d’être soutenu par un très puissant lobby gay.

Un autre porte-parole d’En Marche, Benjamin Griveaux, a soutenu Richard Ferrand dans une interview donnée à Sud Radio: « Les deux sites, depuis plusieurs semaines, calomnient des candidats, dont Emmanuel Macron, et épargnent Marine Le Pen. La Russie a eu un rôle dans la campagne présidentielle américaine auprès de Donald Trump, auprès du Brexit et de la campagne qui s’est tenue en Grande-Bretagne. Elle est en train de s’ingérer dans la campagne présidentielle française et ce n’est pas normal. »

Encore une histoire de cyberattaque

Lors des élections américaines, le parti démocrate d’Hillary Clinton avait été victime d’une cyberattaque. Les hackeurs avaient publié des mails compromettant de la candidate Clinton. Il s’était avéré, après une enquête, que les hackeurs provenaient de Russie.

Et une cyberattaque, le site d’En Marche en a aussi été victime. C’est le Canard Enchainé qui l’annonçait dans son édition du 8 février: « En novembre, quand l’ancien ministre a annoncé sa candidature, le site d’En Marche! a dû faire face à une centaine de tentatives d’intrusion ». De plus, le Canard explique que ces intrusions ont augmenté depuis janvier dernier. Date où Emmanuel Macron est monté dans les sondages et où Fillon s’est écroulé. En tout, l’hebdomadaire français parle de 1922 tentatives d’intrusion dont 907 provenaient de l’Ukraine.

Même mode opératoire qu’aux États-Unis? En tout cas les Américains conseillent à Emmanuel Macron de ne pas prendre ces menaces à la légère. Dans le rapport de la CIA et du FBI concernant l’ingérence de la Russie dans les élections américaines on pouvait lire: « l’appareil de propagande de l’État russe, comprenant ses médias nationaux, ceux visant le public international comme RT et Sputnik, et un réseau quasiment étatique de « trolls » (acteurs néfastes sur les réseaux sociaux), ont contribué à la campagne d’influence en servant de plateforme pour les messages du Kremlin. »

Pourquoi Emmanuel Macron?

Mais alors pourquoi la Russie en aurait après Emmanuel Macron et pas François Fillon, Benoit Hamon ou Marine Le Pen? Premièrement parce que Macron est un europhile convaincu. Richard Ferrand allait dans ce sens sur France 2 en expliquant que Macron désire « une Europe forte, une Europe qui pèse lourd, y compris face à la Russie, là où d’autres sont plus amicaux, plus familiers du régime russe. »

Or, la Russie craint l’Union Européenne et son expansion, l’alliance Eurasienne mise en place par Vladimir Poutine en est la preuve. Nicolas Hénin, auteur de La France Russe, confirme cette tendance pour le Huffington Post: « La Russie de Poutine soutient les mouvements souverainistes, isolationnistes et populistes. Elle déteste plus que tout le libéralisme et tout ce qui est « multi » (multiculturel, multilatéral, etc.) » il continue en ajoutant que « l’une des cibles principales de la propagande russe est l’Union européenne, or Macron est sans doute le candidat le moins eurosceptique. »

Cette montée dans les sondages aurait donc poussé la Russie a lancé son système de propagande contre le candidat d’En Marche. Pour l’instant, l’équipe de Macron refuse d’accuser directement la Russie de s’en prendre uniquement à l’ancien Ministre de l’économie mais dénonce l’ingérence russe en général.

À chaque élection, les pays choisissent leur candidat favoris. En Europe, la plupart des chefs d’états soutenaient Hillary Clinton lors des élections américaines et il n’est pas illégal d’afficher son soutien. Par contre, tenter d’influer sur les résultats des élections est anti-démocratique et bel et bien illégal. Après, ce sont les citoyens concernés par l’élection qui doivent aiguiser leur sens critique, et ne pas tomber dans le piège d’une éventuelle propagande.

Sputnik et Russia Today répliquent

Les deux médias russes évoqués par l’équipe de Macron n’ont pas trop aimé les accusations à leur encontre. Au lendemain des faits, c’est Russia Today qui s’est le plus longuement exprimé via un communiqué: « RT rejette catégoriquement toutes les allégations selon lesquelles notre chaîne participerait à la divulgation de fausses informations en général et concernant la personne d’Emmanuel Macron ou l’élection présidentielle à venir à France ».

Ils se disent « consternés que de telles attaques sans fondement soient lancées ». Même chose pour Sputnik qui regrette que de telles attaques soient lancées « sans aucune preuve ». En attendant, les Français attendent toujours le programme d’Emmanuel Macron…

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