Le résultat du référendum turc n’en finit pas de secouer les politiciens belges. Ce lundi matin, le député Hendrik Bogaert (CD&V) demande la fin de la double nationalité en Belgique. Une proposition soutenue par Bart De Wever, le président de la N-VA. Interrogé par la RTBF, Didier Reynders (MR), le ministre des affaires étrangères, ne semble pas du même avis: « la double nationalité bénéficie à un très grand nombre de Belges ».
En annonçant la victoire du « oui » au référendum turc, le Premier ministre turc Binali Yildrim annonçait que le pouvoir en Turquie allait maintenant devenir très autocratique. Un seul homme, Recep Tayip Erdogan, aura désormais tout le pouvoir dans ses mains.
Cette annonce a non seulement ébranlé la Turquie mais également le monde politique belge. Si le « oui » a gagné, c’est notamment parce que 77% des Turcs de Belgique ayant voté étaient en faveur d’un élargissement des pouvoirs d’Erdogan. Pour plusieurs hommes politiques, ces Belgos-Turcs ne devraient pas avoir la possibilité de voter depuis la Belgique.
Groeit het besef dat dubbele nationaliteit zeer nare implicaties kan hbn? Dictators steunen vanuit EU. ??#fail #Turkeyreferendum #kalifaat
— Ann Brusseel (@AnnBrusseel) 17 avril 2017
Contre la double nationalité
Lundi matin, le député CD&V Hendrik Bogaert a relancé le débat sur la double nationalité avec un tweet incendiaire. « Plus de la moitié des Turcs ont voté en faveur d’un système autoritaire. Stop à la double nationalité maintenant. Choisissez svp. Intenable », écrit-il (voir tweet ci-contre).
Chose étrange ces derniers temps, le CD&V a été rejoint par la N-VA. Le président du parti nationaliste Bart De Wever a indiqué qu’il y avait certaines difficultés juridiques pour la mise en oeuvre de cette proposition mais qu’elles n’étaient pas insurmontables. La députée flamande Open Vld Ann Brusseel a également estimé que ce débat valait la peine d’être ouvert.
Helft Turken stemt richting autoritair systeem. Velen in ons land. Stop dubbele nationaliteit nu. Kiezen aub, nt houdbaar #Turkeyreferendum
— hendrik bogaert (@hendrikbogaert) 16 avril 2017
Reynders: « il faut rester mesuré »
Interrogé par la RTBF, le ministre des affaires étrangères Didier Reynders s’est montré quelque peu dubitatif. Pas tant sur le fond mais plus sur le timing de cette proposition et sur la communauté visée.
« Un débat peut toujours avoir lieu au Parlement. Ce qui m’étonne, c’est qu’il soit lancé à propos d’une communauté à l’occasion d’une décision. Je crois qu’il faut rester beaucoup plus mesuré que cela et se rendre compte que la double nationalité bénéficie à un très grand nombre de Belges. Et ce, pour différentes raisons. Parfois tout simplement parce que les parents sont de nationalité différente. Toutes les idées peuvent toujours être évoquées au Parlement. Mais ça ira à contre-sens de ce qu’on a voulu faire depuis plusieurs années. »
Et d’insister sur l’utilité de la double nationalité et l’importance de ne pas débattre à chaud. « Je pense qu’on a progressé en offrant la double nationalité à un certain nombre de nos concitoyens. Si l’on veut retravailler sur ce sujet, il faut le faire de manière très calme ».
Plus tôt dans la journée, le ministre des affaires étrangères avait déclaré à propos du référendum turc et du rétablissement de la peine de mort: « Tant pour la Belgique que pour l’Union européenne, c’est une ligne rouge. Le rétablissement de la peine de mort marquerait la fin de toute perspective européenne pour la Turquie ».
Double nationalité: le débat ne peut être lié au référendum en #Turquie https://t.co/12ep3Ytnr6
— didier reynders (@dreynders) 17 avril 2017