Pour diminuer les accidents de vélos à Bruxelles, il faut simplement de meilleures infrastructures

« Vous voulez que les cyclistes se sentent protégés? Alors, protégez-les ». C’est ainsi que l’on pourrait résumer la dernière étude de l’Université du Minnesota sur la sécurité des cyclistes en ville. Pour l’unif, c’est simple: c’est l’administration communale ou régionale en charge de l’urbanisme qui doit créer de meilleurs infrastructures.

Semaine de la mobilité oblige, la place des cyclistes à Bruxelles refait surface dans le débat public. Et c’est très bien. RTL a envoyé un journaliste risquer sa vie sur un deux-roues dans les rues de la capitale. Ecolo déclare vouloir faciliter l’accès aux vélos sur les routes wallonnes et Pascal Smet, le ministre bruxellois de la Mobilité, lâche ce vendredi sur Twitter que « la sécurité des cyclistes et piétons c’est LA priorité » dans la Région de Bruxelles-Capitale.

Sur le papier, la Région bruxelloise veut « réduire la densité du trafic et rendre l’espace public aux Bruxellois » principalement en encourageant les habitants à adopter de nouveaux usages de transports. La « Shared Mobility » que promeut la Région consiste à varier les modes de transports et faire en sorte que moins de véhicules motorisés circulent dans la capitale. Pourtant, un élément supplémentaire pourrait être mis en avant: créer de réelles infrastructures pour les cyclistes afin de réduire l’usage de la voiture.

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Sécurité des cyclistes

Mais seules les autorités en charge de l’urbanisme peuvent résoudre ces problèmes, révèle une étude de l’Université du Minnesota, classée parmi les 30 meilleures au monde. Pour cette étude, Josh Pansch, Isaac Evans et Lila Singer-Berk se sont penchés sur les facteurs qui affectent la distance de passage des véhicules aux côtés d’un vélo (au moins un mètre en Belgique). Ils ont réalisé leurs tests sur différentes installations cyclables dans le comté de Hennepin. Ils ont été supervisés par Greg Lindsey, spécialiste du Centre d’études sur le transport et la sécurité routière de l’Université.

Selon eux, la conception des routes et les plans de circulation sont les principaux responsables de la façon dont les véhicules et les cyclistes interagissent. Pour tirer ces conclusions, l’équipe a utilisé un radar monté sur un vélo et des caméras GoPro. Le dispositif leur a permis de mesurer la distance de passage lors de 3.000 interactions vélo-voiture et ce sur cinq types de rues: une avec une piste cyclable, une avec une piste cyclable protégée, une sans espace pour vélo mais avec accotement, une voie cyclable standard et une autre configurée comme un « boulevard de vélos ».

Conclusions? Indépendamment de la conception de la rue, très peu de conducteurs sont passés à moins d’un mètre. Mais parmi les passages ne respectant pas la distance de sécurité, 64% ont eu lieu sur des routes sans pistes cyclables. Et sur les pistes cyclables protégées par une borne ou sur les pistes cyclables à circulation libre, les étudiants n’ont enregistré aucun problème. Conclusion: une piste cyclable bien délimitée pousse les automobilistes à mieux respecter la distance de sécurité.

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Les femmes à vélo jouent un rôle clé

Autre détail relevé: l’attitude de croisement n’est pas la même lorsque c’est une femme qui est à vélo. L’étude a révélé que les conducteurs se comportent plus dangereusement lorsqu’ils s’approchent d’une femme cycliste. Sur tous les cas où les voitures n’ont pas respecté la distance d’un mètre, 73% concernaient des femmes cyclistes. Et toujours selon cette étude, les femmes ont tendance à favoriser les voies protégées pour se déplacer car elles s’y sentent en sécurité.

Moins d’infrastructures protégées, signifie moins de femmes à vélo sur les routes. Or, la femme cycliste est un élément clé pour le développement urbain de l’usage du deux roues. Comme déclarait l’urbaniste Brent Toderian il y a quelques années, si vous voulez plus de personnes à vélo, vous devez rendre les infrastructures plus attractives aux femmes.

Une conviction partagée par The Guardian et Bicycle Dutch. « Les femmes attachent beaucoup plus d’importance à la sécurité que les hommes » écrit le premier. Et aux Pays-Bas comme au Danemark, les femmes cyclistes sont plus nombreuses que les hommes car « les villes néerlandaises sont équipés de réseaux de pistes cyclables séparées », ajoute le deuxième.

Mais à Bruxelles, il y a encore du travail. L’écrivain Hugo Poliart notait par exemple ce jeudi que sur la rue Lesbroussart, à Ixelles, la toute nouvelle piste cyclable achevée cet été se trouve… entre les rails du tram. En terme de distance de sécurité pour les cyclistes, on a vu mieux.

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