Ours blancs à Pairi Daiza: la polémique enfle entre les antispécistes et le zoo

Accueillir des ours blancs à Pairi Daiza, bonne ou mauvaise idée? Pour le parti animaliste DierAnimal, ce projet du zoo wallon est tout simplement aberrant. Pour les employés du parc, c’est un travail de conservation de l’espèce. Un sujet qui a été vivement débattu ce dimanche sur RTL-TVI.

L’arrivée prochaine de trois ours blancs au zoo de Pairi Daiza est loin de faire l’unanimité en Belgique. La venue des animaux polaires a été présentée comme un « véritable cauchemar » pour les bêtes par le parti animaliste et bilingue DierAnimal. Pro-animaux, antispéciste et opposé à toute forme de captivité ou de maltraitance des animaux, ce mouvement s’est fendu d’une longue carte blanche dans les colonnes du Vif/l’Express, accusant le zoo hennuyer de Marc Coucke de n’être motivé que par l’appât du gain.

Pairi Daiza a immédiatement répliqué par un communiqué de presse, indiquant que DierAnimal poursuivait une logique électoraliste. Le parti animaliste profiterait de la notoriété du parc pour faire sa propre promotion avant les élections de mai. DierAnimal est accusé de ne pas connaître les réalités du terrain et de saper le travail de préservation des espèces poursuivi par le zoo. « Remettre des animaux nés en captivité dans la Nature [comme l’exige DierAnimal, ndlr] signifierait trop souvent les envoyer à une mort rapide », précise l’institution.

Captivité nocive…

La question a été portée ce dimanche sur le plateau de C’est pas tous les jours dimanche, l’émission de débat dominicale de RTL-TVI. Sur le ring, on avait Constance Adonis, présidente de DierAnimal, face à Tim Bouts, directeur zoologique de Pairi Daiza. Adonis a lancé les hostilités en reprenant les arguments de son texte publié dans le Vif. « La Terre du Froid » de Pairi Daiza est une aberration. « Ce n’est pas moi qui le dit, (…) ce sont les philosophes en étique. Tous les grands spécialistes de l’ours blancs disent que c’est vraiment l’animal qui souffrirait le plus de la captivité. (…) Il parcourt à peu près 15.000 km2 sur plusieurs jours. C’est la moitié de la Belgique. »

Pairi Daiza a programmé la construction de 4 territoires extérieurs d’une surface totale de 5.000 m2, d’espaces intérieurs pour les soins d’une superficie totale de 170m2 et de deux bassins distincts, d’une superficie respective de 450 et 220 m2. Pour Adonis, ces infrastructures d’accueil des ours polaires sont loin d’être suffisantes, même si le zoo a précisé que ces surfaces sont nettement supérieures à celles fixées par la législation belge. La présidente du parti animaliste estime que dans de pareilles conditions de captivité, les animaux entre en dépression, ce qui, à terme, accélérerait leur descente vers la mort.

Pairi Daiza

… ou préservation de l’espèce?

Ce auquel Bouts réplique que la situation est plus complexe que cela. « On va résoudre le problème en parlant du problème, en travaillant avec les scientifiques et en éduquant les gens. Ces ours polaires servent aussi une cause. Ils sont l’emblème du réchauffement climatique. Nous voulons aussi raconter une histoire sur ça », poursuit-il, soulignant le fait que les animaux en captivité pouvait sensibiliser l’opinion au sort des animaux.

Un point qui rejoint l’analyse de l’association « Polar Bears International ». Sur son site, cette organisation de défense de l’ours blanc affirme que « les environnements captifs enrichis peuvent jouer un rôle utile dans les efforts de conservation mondiaux ». Dès lors, garder des ours polaires à Pairi Daiza, parc dont la qualité des infrastructures lui a valu le titre de « meilleur zoo d’Europe », pourrait être bénéfique pour eux. « Les ours polaires sont solitaires », poursuit Bouts. « Nous le savons, c’est pour cela que nous avons des enclos séparés. On a des terrains différents, avec du sable… »

Même si les deux parties défendent une même idée, la préservation de l’espèce, elles semblent incompatibles sur la méthode. Chez Pairi Daiza, on pense comme le Dr Steven C. Amstrump, Chief Scientist chez Polar Bears International: « Sauver certains de ces ours et leur redonner une nouvelle vie dans un zoo ou un aquarium de qualité est une chose humaine à faire ». Chez DierAnimal, on estime que ces arguments cachent une autre réalité: les ours polaires « constituent une grande source de revenus pour les zoos ». Pour Catherine Khalil, experte en préservation des espèces et faune sauvage pour DierAnimal, leur réelle motivation serait « l’appât du gain ».

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