Le problème des microsatellites ? Un handicap mortel pour les défenses anti-météorites

Les constellations de satellites d’Elon Musk et de Jeff Bezos pourraient bien gêner la détection des géocroiseurs potentiellement dangereux pour notre planète, s’inquiète le milieu des chasseurs d’astéroïdes. De quoi rendre nos défenses spatiales moins efficaces le jour où on en aura besoin.

Les constellations de microsatellites ont le vent en poupe et s’étendent régulièrement pour assurer des vitesses de connexion croissantes partout à travers le globe. Pour l’instant, c’est le Starlink d’Elon Musk qui se maintient en tête avec environ 2000 satellites opérationnels en juin 2022. Un nombre qui devrait être porté à 12.000 en 2025, et qui va encore croître ensuite. Son concurrent direct, le projet Kuiper de Jeff Bezos, devrait compter 3.276 satellites. Mais d’autres acteurs cherchent à entrer dans le jeu, dont le président français Emmanuel Macron, au nom de l’autonomie européenne.

Dangereuse cécité spatiale

Mais du côté des astronomes, et en particulier dans le milieu des chasseurs d’astéroïdes, on s’inquiète de l’impact que ces réseaux d’engins pourraient avoir sur nos défenses spatiales. La protection de notre planète face à la menace de potentiels impacts d’astéroïdes de grande taille est un enjeu réel, et les agences spatiales travaillent intensément sur la mise en place de moyens capables de détecter à temps les objets menaçants, puis de dévier leur route afin d’épargner notre planète. Or, ces immenses réseaux de satellites pourraient bien interférer avec nos défenses.

Des chercheurs spécialisés dans la défense de notre planète ont été interrogés, entre autres, sur ce sujet par le Apollo Academic Surveys et par Carrie Nugent de l’Olin College of Engineering, et ils sont nombreux à faire part de leurs préoccupations, relève Space.com.

« Des études ont montré que ces satellites peuvent gravement affecter les observations effectuées au crépuscule, et c’est un espace de paramètres important pour la recherche de géocroiseurs », estime un participant anonyme au sondage. De quoi handicaper nos capacités de détection, alors que le préavis est un paramètre essentiel pour contrer ce genre de menace stellaire. « Je pense qu’il est absolument terrible que rien de concret ne soit fait pour combattre ce problème », s’inquiète Cristina Thomas de l’Université Northern Arizona. « Cela ne va faire qu’empirer et poser beaucoup de problèmes pour les observations depuis le sol. »

Un impacteur qui devrait traverser une couche de satellites

Un autre répondant a souligné le problème potentiel du lancement d’une mission d’impact, similaire à la mission DART américano-européenne qui est en cours où à son équivalente chinoise, et qui aurait pour but de faire dévier un astéroïde menaçant en le percutant, mais qui pourrait avoir du mal à se faufiler entre les satellites tout en accumulant assez de vitesse pour être efficace.

L’étude du Apollo Academic Surveys avance toutefois des solutions potentielles à ce grave handicap pour nos défenses. Certains experts ont pointé du doigt les systèmes d’observation basés dans l’espace, comme le télescope spatial NEO Surveyor de la NASA que l’agence espère lancer en 2028, comme l’avenir de la surveillance des menaces potentielles. Quant aux observations au sol, les chercheurs pourraient être en mesure de mettre au point un logiciel permettant de filtrer la plupart des interférences provenant des satellites artificiels.

Quelques dixièmes de pour cent d’efficacité…

Ça sera de toute façon plus que nécessaire : Eric Christensen de l’Université de l’Arizona, chercheur principal du Catalina Sky Survey, l’un des deux programmes de repérage d’astéroïdes ayant le plus de détections à son actif, estime que les trainées lumineuses des satellites d’un réseau Starlink complet entraineraient une perte de l’efficacité de détection de quelques dixièmes de pour cent. Cela parait peu et pourtant, sur une marge d’erreur qui implique la planète entière, c’est véritablement énorme.

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