Partir à la pêche aux météorites dans les océans terrestres ? C’est le projet d’une équipe de scientifiques

Pécher la météorite en plein Pacifique grâce à un électro-aimant. Une idée qui parait folle, mais qui nous permettra, on l’espère, d’étudier de près les fragments d’un objet venu d’au-delà de notre système solaire.

La chasse à la météorite est une discipline répandue chez les astronomes ; c’est à qui trouvera le fragment de caillou cosmique qui nous apprendra quelque chose de nouveau sur notre système solaire voire, on peut toujours espérer, sur l’apparition de la vie sur notre planète, ou même ailleurs. D’ordinaire, les astronomes arpentent des zones propices aux repérages de ces fragments bien spécifiques : les déserts de sable, ou encore l’Antarctique, où ces pierres généralement très noires se repèrent facilement. Mais une autre méthode est peut-être envisageable.

Un objet venu d’ailleurs ?

Une équipe de chercheurs envisage de partir à la pèche à la météorite, et ce en plein océan Pacifique rapporte Space.com. L’équipe de l’université de Harvard espère trouver un caillou bien précis : une petite météorite provenant probablement d’un autre système stellaire qui s’est écrasée dans l’océan Pacifique avec une énergie équivalente à environ 110 tonnes de TNT le 8 janvier 2014, et baptisée CNEOS 2014-01-08.

« Trouver un tel fragment représenterait le premier contact que l’humanité ait jamais eu avec un matériau plus grand que la poussière provenant d’au-delà du système solaire », rappelle auprès du média spatial de référence Amir Siraj, astrophysicien à l’université de Harvard. « Il a frappé l’atmosphère à environ cent miles [160 kilomètres] au large de la côte de la Papouasie-Nouvelle-Guinée au milieu de la nuit, avec environ 1% de l’énergie de la bombe d’Hiroshima. » Or, l’objet, dont Siraj estime, selon ses propres travaux, l’origine extrasolaire probable à 99,99%, ne ferait pas plus d’une cinquantaine de centimètre de diamètre au moment de l’impact.

Comme dans L’Étoile mystérieuse

Autant chercher un ballon de foot dans un océan ; c’est d’ailleurs à peu près ce que les chercheurs s’apprêtent à faire dans cette histoire qui rappelle quand même fortement l’album de Tintin L’Étoile mystérieuse. Sauf que ce météore-là n’attend certainement pas à la surface de l’eau qu’on le découvre. Mais les scientifiques possèdent une arme secrète pour cette campagne de pêche bien particulière : le magnétisme.

L’expédition, nommée projet Galileo, vise à un aimant de dimensions similaires à celles d’un grand lit à 1,3 degré sud et 147,6 degrés est, soit l’emplacement estimé de la submersion de la météorite. Partant de Papouasie-Nouvelle-Guinée, le navire du projet Galileo utilisera un traîneau magnétique sur un treuil de palanquée, qui sera remorqué le long du fond marin pendant 10 jours.

On espère que l’aimant pourra récupérer de minuscules fragments de la météorite. « La plupart des météorites contiennent suffisamment de fer pour coller au type d’aimant que nous prévoyons d’utiliser pour l’expédition océanique », estime Siraj, qui compte bien prendre part à l’expédition. « Compte tenu de sa résistance matérielle extrêmement élevée, il est très probable que les fragments de CNEOS 2014-01-08 soient ferromagnétiques. »

Budget estimé : 1,6 million de dollars. Mais le jeu en vaut la chandelle, si cette météorite provient bien d’au-delà de notre système solaire ; peu d’objets célestes viennent avec certitude d’aussi loin, comme le fameux géocroiseur Oumuamua. Mais étudier ce genre d’objet dans l’espace tient véritablement du plan sur la comète.

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