Le réseau social du moment s’appelle Vero: alors, bon ou mauvais plan? Décryptage de ce succès

Depuis ce mardi, un réseau social fait énormément parler de lui: Vero. On ne peut pas dire que ce soit un nouveau réseau puisqu’il a été créé en 2015. Il ne révolutionne absolument rien par rapport à Facebook, Instagram et Twitter et pourtant il est au top des téléchargements sur l’Apple Store et sur le Play Store. Mais alors, qu’est-ce qui différencie Vero et pourquoi tout le monde se précipite dessus? 

Ce mardi, on dirait que la moitié de l’internet a décidé d’aller télécharger et de s’inscrire sur Vero, un réseau social créé en 2015. Bizarre, non? Trois ans après sa création, les gens apprennent seulement son existence et s’y inscrivent en masse. À tel point que les serveurs ont rapidement été saturés et que le réseau social est devenu inutilisable pendant un long moment. Pourquoi cet engouement? Quelles sont les caractéristiques de ce réseau qui n’a rien de spécial en apparence?

Vero kézako

Derrière Vero, on retrouve Ayman Hariri, le fils milliardaire de Rafiq Hariri, l’ancien Premier ministre du Liban assassiné en 2005. Dans l’équipe de développement d’une vingtaine de personnes dominée par les hommes, on retrouve quelques Français. Car oui, même si l’entreprise est légalement basée aux USA, les serveurs sont situés en Europe.

Bon alors, maintenant qu’on sait qui se cache derrière Vero, qu’est-ce que c’est exactement? C’est en fait un réseau social compilant les fonctionnalités de Facebook, Instagram et Twitter. Tu peux partager des photos, vidéos, les livres que tu lis, les films que tu mates tout en interagissant avec tes amis. Tes amis sont classés en quatre catégories: « amis proches », « amis », « connaissances » et « abonnés ». Tu peux choisir ce que tu partages en fonction des groupes. Si tu ne veux pas qu’une simple connaissance soit au courant de ta vie, c’est donc possible. Mais ici, contrairement à Facebook, pas question de publier un long texte racontant ta vie sans y attacher de pièce jointe comme tu peux le faire en mettant à jour ton statut. Ici, tu es obligé de partager quelque chose comme un article, photo ou vidéo.

L’application (vu que Vero n’est disponible que sur mobile) se targue d’être un réseau social proposant des interactions « plus naturelles », sans publicités. Le contenu que tu publies ne peut pas être partagé ni téléchargé et d’autres fonctionnalités chères à Facebook sont absentes, comme les live et les appels. Par contre, tu peux partager tout ce que tu fais sur Vero sur Facebook et Twitter. Ainsi, le réseau social d’Ayman Hariri n’est pas complètement isolé.

Vero

Mais alors quel est le véritable avantage?

C’est simple, Vero se démarque de Facebook, Twitter et Instagram grâce à son utilisation des données des utilisateurs. Sur Facebook, le réseau se sert de tes données personnelles pour te proposer des publicités ciblées. Pas question d’avoir recours à de telles pratiques sur Vero. Vero assure ne « jamais utiliser les données personnelles pour en tirer un quelconque profit ».

Lors de ton inscription, tu devras tout de même donner ton nom, prénom, numéro de téléphone, adresse e-mail et localisation géographique (pas obligatoire). Dans les conditions d’utilisation, on peut tout de même lire que Vero se réserve le droit de « conserver tout message envoyé à travers le service ». C’est assez contradictoire mais Vero assure que leur collecte de données est restreinte. Ils disent utiliser ces données pour améliorer l’application et le fonctionnement du réseau social.

Autre point étrange: lorsque tu publies quelque chose sur Vero, le réseau social « s’accorde une licence perpétuelle et irrévocable en vue de n’importe quelle utilisation ». Donc, même si tu te désinscris de Vero, le contenu ne s’effacera jamais et le réseau pourra le réutiliser à sa guise. Le tout sans contrepartie. Enfin, encore faut-il réussir à se désinscrire. Car pour y parvenir, il faut faire une « demande de désinscription ». BFM explique que quelques heures après leur demande, leur compte était encore actif. Bizarre.

Modèle économique et opération marketing

À première vue, Vero n’a vraiment rien de spécial. Pourtant, tout le monde se rue dessus. La faute à plusieurs influenceurs qui ont fait la pub qui a fait mouche. C’est par exemple le cas de l’influenceur américain Christian Collins qui a appelé son million de followers à rejoindre la plate-forme. Mais ce n’est pas tout. En fait Vero est un réseau social payant: tu dois payer une certaine somme pour utiliser l’application. Mais pour faire venir les gens, ils ont décidé d’offrir un compte premium au premier million d’inscrits. Car oui, même si Vero est né en 2015, le réseau ne compte pas encore un million d’utilisateurs. La firme a d’ailleurs indiqué qu’il restait encore de la place (voir tweet ci-contre).

Beaucoup pensent qu’il s’agit d’une simple opération marketing et que même le million dépassé, le réseau restera gratuit. « Ils encouragent les personnes à s’inscrire afin d’atteindre rapidement le million d’utilisateurs », peut-on lire sur Reddit. Pour en avoir le cœur net, il ne reste plus qu’à attendre.

Un CEO controversé

Bien souvent quand quelqu’un a soudainement du succès, on creuse un petit peu et on tombe sur des affaires pas vraiment cool. En effet, avant son aventure chez Vero (rien de sexuel la-dedans), Ayman Hariri était le PDG de Sauri Oger, une entreprise de bâtiments et de travaux publics. En 2016, l’entreprise annonce qu’elle va devoir licencier des milliers de salariés. Aucun d’entre eux ne touchera d’indemnisations. En tout, 15 millions d’euros doivent encore être distribués aux salariés licenciés.

Du coup, les internautes imaginent que Vero a été financé avec l’argent qui devrait normalement revenir aux ex-employés de Sauri Oger. Pour certains internautes, c’est juste inenvisageable de s’inscrire sur ce réseau. Pourquoi payer pour s’inscrire sur un réseau détenu par un milliardaire qui ne paye pas ses employés? Résultat: certains twittos invitent ses followers à aller pourrir la note de Vero sur l’Apple Store et le Play Store.

En conclusion, Vero ressemble fort à un gros feu de paille qui ne doit son succès qu’à une poignée d’influenceurs, une joli campagne de pub et un gros financement. À voir si les internautes décideront d’accorder leur confiance à la douce Vero.

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