Le PS et la N-VA, alliés de circonstance, accentuent la pression sur Charles Michel (MR)

On ne connaît toujours pas l’issue de la crise politique qui secoue le gouvernement fédéral. Hier, une motion, déposée par le PS et soutenue par tous les partis de l’opposition (N-VA comprise), réclame à Charles Michel (MR) un vote de confiance et une présentation de son programme pour les six prochains mois. Le Premier ministre défend toujours sa thèse: avancer avec le parlement au cas par cas.

Qu’il soit appelé gouvernement Michel bis ou Michel II ne change plus grand-chose. Il apparaît aux yeux de tous que le gouvernement minoritaire du Premier ministre est un nouveau gouvernement. Des débats houleux se sont tenus mercredi jusqu’au soir à la Chambre, mais toujours aucune trace d’une motion de confiance ou de méfiance.

Non, hier, on a eu droit à une « motion d’ordre ». Et, petite particularité, elle a rassemblé deux adversaires que tout oppose, à une exception: mettre des bâtons dans les roues du gouvernement minoritaire. L’un pour faire mal au MR (le PS), l’autre pour faire mal au CD&V et à l’Open VLD (la N-VA).

Cette motion déposée par Ahmed Laaouej (PS), grand copain du Premier ministre, a donc été soutenue par la N-VA, mais aussi par Ecolo-Groen, le cdH, DéFI, et le S.PA. Elle enjoint Charles Michel à demander cette fameuse motion de confiance et à présenter son programme pour les six prochains mois. Le tout est accompagné d’une date butoir: le 18 décembre, soit mardi prochain.

« Coopération »

Il est vrai qu’avec 52 sièges sur 150, les trois partis qui forment le gouvernement minoritaire sont dans leurs petits souliers. Mais l’objectif du Premier ministre reste le même: laisser opérer ce gouvernement sur certains dossiers en s’aidant du parlement au cas par cas. Il reconnaît que le chemin est « étroit », mais il reste « possible » selon lui. Il aurait cet avantage d’assurer une forme de continuité du pouvoir, notamment au plan international, mais aussi de garantir aux marchés une certaine stabilité.

Trop facile, pour un PS qui ne veut « pas soutenir un gouvernement dont le seul but est de rester en place », peste Ahmed Laaouej, chef de groupe à la Chambre. De là à s’allier avec la N-VA? « Je préfère un million de fois un gouvernement sans la N-VA, mais je n’ai jamais dit jamais à une coopération », a expliqué Elio Di Rupo sur la VRT. Le MR aura noté. Mais l’ancien Premier ministre n’est pas soudainement devenu l’ami des nationalistes. Il les accuse d’ailleurs dans la foulée de tenir « le gouvernement en otage ». Car oui, le vote de la N-VA est indispensable à une motion de confiance, de méfiance ou pour faire avancer les dossiers.

Que veulent le PS et la N-VA?

Difficile de savoir ce que veulent les uns et les autres. Le PS ne veut pas faire tomber le gouvernement, pas plus que des élections anticipées. La solution de Di Rupo est un gouvernement en affaires courantes jusqu’au 26 mai prochain.

Du côté de la N-VA, il est encore plus difficile de lire dans son jeu. En coulisses, certains ne seraient pas contraires à en découdre dès maintenant lors d’élections, rapporte Le Soir.

Alors qu’on se dirigeait vers un arrangement au cas par cas, dossier par dossier (jobs deal, budget 2018, droit des sociétés…), les nationalistes se montrent maintenant beaucoup plus réticents.

La N-VA veut en fait montrer à ses électeurs qu’elle est la victime dans cette crise. Elle prend le rôle de la femme trompée pour une aventure d’un soir (« coalition Marrakech »), comme l’a imagé Peter De Roover, chef de groupe de la N-VA. Les nationalistes veulent donc marquer leur rupture par rapport à ce qu’ils considèrent comme un nouveau gouvernement. Son alliance de circonstance avec le PS est une nouvelle marque de son détachement.

Et maintenant? On se dirige vers un vote de confiance mardi prochain. Plusieurs constitutionnalistes poussent en ce sens, car cette motion serait la suite logique du mécanisme de nos institutions. Si le Premier ministre a évoqué hier « une possibilité », Denis Ducarme (MR) a fait une sortie ce matin sur la Première, lui déconseillant de le faire.

Motion ou pas, confiance ou pas, cela ne signifie pas automatiquement des élections anticipées. Il reste la possibilité d’un gouvernement remanié, d’un gouvernement en affaires courantes ou d’un gouvernement minoritaire qui stagnerait. En politique, la Belgique peut se montrer très créative.

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