Le parti communiste chinois lance une application de propagande qui devient la plus téléchargée du pays

En Chine, un application fait actuellement fureur. Tiktok? Pas vraiment. En fait, il s’agit de l’application lancée récemment par le parti communiste chinois. Elle est ainsi l’application la plus téléchargée du pays et permet de tout savoir sur Xi Jinping, le président chinois. Mais pas que, elle réserve encore bien des surprises. 

Des applications lancées par les gouvernements, c’est quelque chose de plutôt commun. Par exemple, il existe en Belgique quelques applications créées à la demande du gouvernement: Impots.gouv et Amendes.gouv. Mais en Chine, ça va un peu plus loin que ça. Lancée par le parti communiste chinois, cette application s’appelle « Study (Xi) Strong Country », un jeu de mot qui signifie que les Chinois en apprendront plus sur le chef d’état du pays: Xi Jinping. Car oui, « étudier » en chinois se dit « Xuexi » et contient donc le nom du président.

Concrètement, qu’est-ce qu’on trouve sur cette application? Des reportages sur le pouvoir chinois, une messagerie instantanée qui permet aux utilisateurs de discuter, une sorte d’agenda, la possibilité d’envoyer de l’argent aux autres utilisateurs mais aussi, et surtout, de la propagande pour Xi Jinping. En effet, les Chinois peuvent répondre à des quizz hebdomadaires sur le président chinois et courir la chance de gagner de l’argent et différents prix.

On y trouve aussi une section pour chaque région du pays. On peut ainsi trouver toutes les informations que l’on désire sur les visites du chef d’Etat. Par exemple, on peut regarder une vidéo de la visite de Xi Jinping à Hubei où l’on voit des étudiants, ouvriers, retraités, policiers et soldats crier en choeur: « Ce n’est qu’en étudiant que nous pouvons rendre la Chine forte », toujours en référence au jeu de mot de l’application. Autrement dit « Ce n’est qu’avec Xi Jinping que l’on peut rendre la Chine forte ».

Un énorme succès biaisé

À l’heure actuelle, l’application du gouvernement est la plus téléchargée sur iOS, mais ce beau résultat est quelque peu biaisé. En effet, une directive tournait au sein du parti communiste, afin d’obliger ses membres à télécharger l’application. Aussi, les membres du parti avaient la tâche de promouvoir l’app partout dans le pays.

Par exemple, des représentants du gouvernement de la province du Fujian et de la ville de Qingdao ont organisé des ateliers le mois dernier pour souligner «l’importance politique» de l’application et demander aux dirigeants locaux de la promouvoir au sein des ministères. Résultat: obtenir de bons points aux quizz de l’application est devenu une question d’honneur pour les Chinois qui prennent ça très au sérieux.

Un utilisateur témoigne sur le réseau social numéro un en Chine: Weibo. « Si vous avez un score faible, vous aurez honte. Maintenant, tout le monde essaie à tout prix de gagner plus de points. » Un autre estime qu’il est « foutu » à cause des classement publiés quotidiennement. Car oui, certains employeurs chinois exigent un certain nombre de points de la part de leurs employés. Résultat: le stress s’empare des citoyens.

Stratégie en ligne

Cette application fait partie d’une stratégie bien plus globale de la part du pouvoir chinois qui a intensifié la censure en ligne lors de l’année 2018. En mai dernier, le parti communiste lançait l’application gratuit « Learn from Xi » où il était possible de lire des citations et des discours du président tout en surveillant sa géolocalisation sur une carte de la Chine. On y trouvait aussi des articles d’experts et d’universitaires analysant le discours de Xi Jinping et son idéologie.

D’ailleurs, les universités chinoises encouragent elles aussi les citoyens à télécharger la nouvelle application du Parti Communiste pour « constituer une forteresse autour de la pensée de Xi Jinping ». Internet est donc devenu l’outil numéro un du pouvoir communiste en Chine. La censure y est monnaie courante: des groupes sont fermés, des vidéos de divertissement occidental supprimées et des comptes Twitter suspendus.

De plus, début février, une application permettant de géolocaliser et dénoncer les personnes qui ne payent pas leur dette a aussi vu le jour. Ajoutons à cela le concept de « crédit social » mis en place dans le pays et on se rend compte qu’il est de plus en plus difficile de déceler le concept de liberté dans l’empire du milieu.

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