Le parquet national financier enquête depuis une bonne dizaine de jours sur l’affaire des présumés emplois fictifs de la famille de François Fillon, le candidat des Républicains aux élections présidentielles françaises. Le verdict final pourrait enfin tomber d’ici quelques jours. Et il serait très certainement défavorable à Fillon.
La décision judiciaire serait « imminente », écrit le Journal du dimanche (JDD) suite à une petite investigation. Après dix-sept jours d’enquête et d’auditions, le parquet national financier (PNF) devrait rendre son verdict final la semaine prochaine. François Fillon, le candidat des Républicains à la présidentielle française, pourrait enfin voir le bout du tunnel, mais cela n’augure rien de bon.
Pour le JDD, le PNF se prononcerait très certainement en faveur de poursuites contre Pénélope et François Fillon. Même leurs proches ne croiraient plus à l’hypothèse d’un classement de l’affaire sans suite. Si tu n’as rien suivi à l’histoire, Fillon est poursuivi pour détournement de fonds publics et abus de biens sociaux. Il est notamment accusé d’avoir engagé son épouse, à plusieurs reprises entre 1988 et 2013, comme assistante parlementaire. Celle-ci aurait touché des sommes astronomiques, alors que personne ne l’a vue au Parlement où elle était censée exercer sa « fonction ». Lorsqu’il était sénateur entre 2005 et 2007, l’ancien Premier ministre français aurait également rémunéré deux de ses enfants « pour des missions précises » d’avocats. Le hic, c’est qu’ils étaient toujours sur les bancs de l’université.
Affaire Fillon : même les proches du candidat ne croient plus au classement sans suite https://t.co/XA17YjMKI6 #JDD pic.twitter.com/t46rLhLcKh
— Le JDD (@leJDD) 12 février 2017
Deux scénarios possibles
Il n’y aurait donc pas d’acquittement possible dans l’affaire qui chamboule depuis des semaines la campagne présidentielle française. Les enquêteurs privilégieraient deux hypothèses, toujours selon l’enquête du JDD.
Le premier scénario possible serait de confier l’affaire à un juge d’instruction indépendant qui ouvrirait une information judiciaire. Ce magistrat est habilité à convoquer, voire à mettre directement les Fillon en examen. Tout pourrait alors aller très vite. Ce type d’issue est assez rare, seules 3 % des affaires sont instruites de la sorte en France. Mais elle serait justifiée, puisque le dossier du « Penelopegate » est très sensible.
Le second scénario est de renvoyer Fillon au tribunal correctionnel si ses délits sont effectivement avérés. Cette hypothèse est plus que probable mais vu le timing, il est presque impossible que le procès ait lieu avant les élections présidentielles (les 23 avril et 7 mai prochains). Le JDD explique: « Au plus tôt, une citation directe pourrait donner lieu à un procès dans un délai de onze jours. L’audience pourrait durer plusieurs jours et le délibéré avant la décision, plusieurs semaines. » Ce scénario est donc impensable avant le 17 mars, qui est la date ultime pour déposer les candidatures aux élections. De plus, la justice peut décider d’une « trêve électorale », et donc s’interdire toute poursuite avant le scrutin.
Pas encore de calendrier concret
Le PNF indique toutefois qu’ »aucune décision judiciaire n’est prise à ce stade de l’enquête (…) par conséquent, aucun calendrier n’est fixé à ce jour », dans une interview du Parisien ce matin. De plus, les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales, qui sont chargés de l’enquête, n’ont toujours pas remis leur rapport de synthèse à partir duquel une décision sera prise. Mais les choses ne devraient plus trop tarder.
C’est clair, la campagne de François Fillon ne tient plus qu’à un fil. Cette décision très attendue du parquet pourrait encore le faire dégringoler dans les sondages et l’éloigner définitivement de la présidence. S’il est mis en examen, il a d’ailleurs promis qu’il se retirerait de la course.