La Chine te souhaite la bienvenue dans dans « Le Meilleur des Mondes »: des utérus artificiels capables de développer des bébés sous surveillance d’une IA sont en développement

Des scientifiques chinois ont mis au point une couveuse d’un nouveau type, capable d’assurer le développement d’un embryon durant toute sa croissance grâce aux bons soins d’une intelligence artificielle. Celle-ci n’a pour l’instant vu grandir que des souris. Mais l’idée est là.

On cite souvent le monument littéraire qu’est 1984 de George Orwell pour décrire les dérives totalitaires de notre société ou ses tendances à la surveillance permanente et généralisée, mais Le Meilleur des Mondes (Brave New World) de Aldous Huxley constitue aussi une référence de la littérature dystopique. Le roman décrit, dans un futur non spécifié, une société humaine globalisée dans laquelle les fœtus humains sont élevés en cuve dans des laboratoires, et conditionnés dès cette étape au rôle futur, requérant plus ou moins d’intelligence, qui leur sera attribué dans la société.

la couveuse ultime

S’il serait exagéré d’affirmer que c’est là le but de la Chine, on ne peut s’empêcher de trouver une parenté entre le scénario de ce livre sorti en 1932 et le projet que des chercheurs chinois sont en train de mettre au point. Selon Futura, ceux-ci travaillent sur un utérus artificiel capable de mener à bien la croissance d’un embryon humain, le tout sous le contrôle d’une intelligence artificielle capable de prendre en charge les besoins physiologiques du futur être humain. Une manière de pousser le concept de la couveuse dans ces retranchements les plus radicaux, que l’on retrouve habituellement dans des œuvres de science-fiction, et en général pas dans les plus optimistes.

Cet utérus artificiel, que les scientifiques chinois décrivent plutôt comme un « appareil de culture d’embryon à long terme » dans un article paru dans dans la revue Journal of Biomedical Engineering, a déjà été testé, mais sur des souris et non sur des êtres humains.

Des embryons baignant dans un liquide nutritif

L’appareil est surveillé par une intelligence artificielle qui peut ajuster les flux de dioxyde de carbone et d’éléments nutritifs dans le liquide dans lequel sont plongés les embryons, et cette IA peut intervenir sur certains facteurs environnementaux. L’appareil utilise trois modules optiques à contraste de phase pour surveiller le développement des embryons sans les manipuler, et ainsi optimiser le fonctionnement du système. L’IA peut également classifier les embryons selon leur état de santé et leur potentiel pour leur développement futur, détecter les anomalies et signaler tout problème majeur à un technicien. Ce qui, il faut bien le dire, rappelle quand même furieusement le livre d’Aldous Huxley.

© Suzhou Institute of Biomedical Engineering and Technology 

Cette expérience suscite en tout cas beaucoup d’intérêt en Chine, où elle a été décrite par le quotidien anglophone South China Morning Post. La machine est vue comme un outil potentiellement très utile pour contrecarrer les problèmes démographiques du pays, qui est confronté à une très forte baisse de sa natalité, et la tendance ne semble toujours pas s’inverser malgré l’arrêt officiel de la politique de l’enfant unique.

Problèmes éthiques et légaux

Le concept se heurte toutefois au droit international, qui interdit toute expérimentation sur des embryons humains au-delà de 14 jours de développement. Une limite que les scientifiques chinois aimeraient franchir :  « il reste encore de nombreux mystères non résolus sur la physiologie du développement embryonnaire humain typique » selon Sun Haixuan, qui a dirigé la recherche. Une telle étude permettrait effectivement d’approfondir les connaissances sur la croissance des fœtus et des anomalies de développement.

Mais jusqu’à présent, la gestation pour autrui demeure interdite en Chine, ce qui rend peu envisageable l’usage de ce genre de machine au-delà du champ de la recherche. Et au-delà, bien sûr de nombreuses questions éthiques que cela poserait. Mais la Chine prend déjà des mesures radicales pour enrayer son déclin démographique.

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