Décidément, la loi Travail est un véritable cauchemar pour François Hollande. Vidée de presque tout son contenu, la loi continue d’être LE point de tension entre les syndicats et le gouvernement. Après le blocage des raffineries hier, c’est au tour des centrales nucléaires aujourd’hui. Bref, c’est la crise en France: une pompe sur quatre est menacée de pénurie. Cette nouvelle tempête pourrait bien donner le coup de grâce à l’Euro qui débute dans deux semaines…
Les rails et les prisons chez nous, les raffineries et les centrales nucléaires chez eux. Même si les gouvernements de ces deux pays sont idéologiquement opposés, le résultat est le même dans la rue: c’est la crise.
Sauf qu’en France, le plus gros événement sportif de l’année doit avoir lieu dans moins d’un mois. Et d’aventure, si cette crise se poursuivait, le bon déroulement de la coupe d’Europe pourrait être remis en cause. Après les raffineries hier, la protestation gagne les centrales nucléaires aujourd’hui et on ne sait pas très bien quand cela va se terminer…
CGT vs Valls
Mais pourquoi ce blocage durerait-il alors que la loi Travail a été vidée de la plupart de son contenu? Même du côté patronal, on n’en attend plus grand chose… Et bien parce que certains syndicats en font une fixation, la CGT en tête. Son patron Philippe Martinez l’a déclaré: « on ira jusqu’au retrait de cette loi ». Du coup, ils sortent l’artillerie lourde avec le blocage des raffineries entamé depuis ce début de semaine, et qui à terme, peut complètement paralyser le pays. Surtout quand on sait que 74% des Français se rendent au travail en voiture. Du coup, tout le monde se précipite à la pompe. Et une pénurie dans le pays pointe le bout de son nez. La France puise d’ailleurs déjà dans ses stocks.
Du côté du Premier ministre Manuel Valls, on ne veut rien lâcher non plus: « il n’y aura pas de retrait du projet de loi. » Le Premier ministre français condamne les dérives de la CGT « qui impose un chantage ». Le face à face se tend de plus en plus chaque jour et personne ne semble vouloir faire un pas vers l’autre.
En Greve :
— Sebastien Erson (@sebastien_erson) 25 mai 2016
– SNCF
– RATP
– Raffineries
– Centrale
– Les livres
– L'aviation
Et dire que pdt l'euro on sera le centre de l'Europe.. ??
Deux bêtes blessées
Le blocage pourrait donc encore durer longtemps. D’autant que Martinez et Valls sont tous les deux affaiblis, au même titre que François Hollande bien sûr. La CGT veut redorer son blason alors que les élections sociales approchent en France et que le syndicat est menacé de perdre son leadership. Le gouvernement Valls, de son côté, est encore désavoué par les derniers sondages. Seuls 26% des Français considèrent d’ailleurs Manuel Valls comme « un bon Premier ministre ». Il s’agit là sans doute de la plus grande crise sociale du quinquennat de François Hollande, mais c’est clairement Valls qui est en première ligne, lui qui soutient la loi Travail depuis le début.
Officiellement, le gouvernement rassure sur la bonne tenue de l’Euro qui débute le 10 juin, soit dans un peu plus de deux semaines. Des centaines de milliers de supporters se rendront en France pour soutenir leur équipe. On imagine la pagaille si cette crise se poursuivait…
Du côté du syndicat Force Ouvrière, son leader, Jean-Claude Mailly, laisse planer le doute: « nous ne voulons pas perturber particulièrement les matchs, mais ce n’est pas nous qui avons choisi les dates de la compétition et le calendrier du gouvernement. Je n’exclus rien a priori. » Le gouvernement est donc sous une pression énorme. Mais de l’autre côté, la CGT pourrait perdre sa légitimité face au manque de soutien dont le syndicat bénéficie dans la population, même si pour l’instant 62% des Français disent que ces actions sont « justifiées ».
Selon le ministre de l’Economie Michel Sapin (PS), la CGT « pour des raisons souvent internes, s’est extraordinairement durcie et n’est que dans la protestation. » La CGT serait en effet prise en otage par une minorité d’ultra-gauche qui rêve d’un nouveau Mai 68. Le gouvernement veut aussi jouer la carte du pourrissement. « Il espère que les vacances d’été et la joie que peut procurer l’Euro de football mettront naturellement fin au mouvement », a avancé Irène Pereira, sociologue du militantisme.
Les transports sont aussi concernés
En attendant, après les centrales nucléaires aujourd’hui, la protestation devrait gagner le secteur des transports. Des actions auront lieu à la SNCF, surtout en région parisienne. Mais l’entreprise publique assure « un retour progressif à la normale quasi généralisé » pour vendredi. Dans les airs, des préavis de grève ont été déposés, notamment à l’aéroport d’Orly. Et l’ensemble des syndicats de l’aviation civile appelle à la grève du 3 au 5 juin. Même chose du côté de la RATP (transports parisiens) où la CGT appelle à des actions illimitées à partir du 2 juin.
Bref, la crise est réelle à deux semaines de l’Euro. La question est de savoir si le gouvernement va se braquer ou lâcher devant les syndicats? Seuls la recherche d’un compromis, le retrait de la Loi, ou le manque de légitimité de la CGT pourrait faire basculer la crise et garantir le bon déroulement de l’Euro. Sans compter les aspects sécuritaires bien sûr…
Sources: Le Figaro, BFM TV, The Independent et 20Minutes