Le Bitcoin est un outil pour la liberté, écrit le magazine Time

Le Bitcoin a souvent été diabolisé, pour des raisons rationnelles et par des justifications absurdes. Mais un côté de sa raison d’être est souvent moins mis en avant: son aspect moral et son utilité dans la lutte pour la liberté.

Pyramide de Ponzi, fraude basée sur la spéculation, bulle éphémère, délire passager, danger environnemental, financement du terrorisme… de nombreuses critiques ont été faites à l’encontre du Bitcoin et la plupart d’entre elles sont fondées. Les cryptomonnaies ont permis à de nombreux écornifleurs de se faire un max de blé sur le dos de personnes crédules.

Mais ces critiques peuvent également être faites à l’encontre des monnaies classiques. La différence est que les monnaies cryptées sont traçables, là où l’agent normal peut facilement être « nettoyé » après avoir financé les pires horreurs. À l’inverse, es cryptomonnaies comme le Bitcoin autorisent certains usages que les devises traditionnelles ne permettent pas, comme s’affranchir d’un régime autoritaire. Et c’est la raison pour laquelle le très sérieux magazine Time a écrit cette semaine: « le Bitcoin est important pour la liberté« .

Le cas du Venezuela

Cette tribune qui sonne comme un cri d’amour pour le Bitcoin se base sur des faits. Le Venezuela fait face à l’une des pires crises humanitaires que la planète connaît actuellement. Plus de 3 millions de personnes ont déjà fui le pays. Pour les Nations Unies, cette crise est du même acabit que celle qui a frappé la Syrie. Après des années d’inflation, qui serait équivalente à 1 million%, la devise nationale s’est transformée en « papier brouillon », écrit le Time.

« Parce qu’ils vivent sous l’autoritarisme, les Vénézuéliens n’ont aucun moyen de réformer les politiques qui ont détruit leur économie. Ils ne peuvent pas demander des comptes à leurs dirigeants par le biais d’élections libres et équitables ou d’une campagne pour le changement sans crainte de représailles. Comme ils font la queue pendant des heures pour acheter de la nourriture et des médicaments rationnés et regardent leurs économies disparaître, il peut sembler qu’il n’y a pas d’options possibles », poursuit le magazine américain.

Le Bitcoin contre les taxes

Face à la misère quotidienne et à la difficulté d’être payé correctement, de nombreux Vénézuéliens n’ont d’autres choix que de faire appel à l’aide de leur famille en exil. Mais là encore, l’ingérence du gouvernement pose problème. Les banques vénézuéliennes sont contrôlées par l’État qui tire un gros pourcentage de chaque transaction réalisée. Selon Alejandro Machado, spécialiste en cryptomonnaie pour l’Open Money Initiative, le gouvernement prélève des taxes allant jusqu’à 56% de la transaction lorsque celle-ci passe du dollar aux bolivares. Et cet échange peut durer plusieurs semaines.

Une transaction réalisée avec une cryptomonnaie fiable comme le Bitcoin, le Monero ou le Litecoin sera beaucoup plus rapide et beaucoup moins taxée. Le gouvernement vénézuélien – ou une quelconque tierce identité ou organisme – ne peut pas s’immiscer dans ces transactions. Une fois l’argent reçu sur le compte, il suffit à son récepteur de l’échanger contre la devise locale sur une bourse d’échange de type LocalBitcoin (voir le graphique représentant la hausse des usages de la bourse au Venezuela dans le tweet ci-contre). Un procédé qui prend d’autant plus de sens depuis que le gouvernement de Nicolas Maduro a fait pression auprès des banques afin qu’elles empêchent les clients d’accéder à leurs comptes avec une adresse IP étrangère au Venezuela.

Monnaie humanitaire

Le cas du Venezuela est sans doute le plus frappant mais il existe de nombreuses autres situations d’urgence humanitaire où les cryptomonnaies se révèlent être un outil précieux. Dans un camp de réfugiés, il est difficile d’accéder une banque ou une institution bancaire. Mais une connexion internet et un smartphone suffisent pour réaliser des transactions et des paiements avec ces monnaies électroniques protégées.

Le Zimbabwe, sous la coupe du dictateur Robert Mugabe, a également connu une inflation monstre au point qu’en 2008, un oeuf coûtait 50 milliards de dollars zimbabwéens. Économiquement, le pays a un peu remonté la pente depuis mais la situation est loin d’être résolue. Sur place, le bitcoin est depuis 2017 vu comme un placement plus sûr que toutes les autres monnaies. C’est d’ailleurs le seul pays au monde où la valeur du Bitcoin est nettement plus supérieure à sa valeur à l’internationale.

En Chine, toutes les transactions, qu’elles soient réalisées sur Alipay ou WeChat, sont surveillées par l’État. Mais les paiements en Bitcoin échappent à cette surveillance. En Russie, une ONG peut voir son compte gelé par l’État si elle devient trop dérangeante. Mais le Kremlin n’a aucune mainmise sur un compte de cryptomonnaies.

Décentralisation vs autoritarisme

Le principe des régimes autoritaire est de concentrer tout le pouvoir dans une seule main. Le principe des monnaies cryptées telle que l’a imaginé Satoshi Nakamoto est totalement à l’opposé de cette concentration. La décentralisation de ces monnaies place le pouvoir de gestion dans les mains de chaque possédant.

Bien sûr, il y aura toujours des critiques fondées s’opposant au développement de ces monnaies décentralisées, la dévaluation du Bitcoin de ces derniers mois étant la première d’entre elles. Il y aura également des régimes mal intentionnés cherchant à mettre la main sur ces devises dématérialisées. C’est le cas par exemple… du Venezuela. Le régime de Maduro a créé le PETRO, une cryptomonnaie qui lui aurait permis de s’affranchir de l’usage des pétro-dollars américains pour mieux échanger avec d’autres producteurs de pétroles comme l’Iran ou l’Arabie saoudite. Mais ce PETRO, situé à l’opposé des principes du Bitcoin, a été un gros flop.

Ce qu’il faut retenir, c’est que dans une société tendant vers un usage totalement dématérialisé des monnaies (cash-less society), ces devises électroniques protégées pourraient être un rempart important contre les abus de certaines autorités. Sans tomber dans un discours aussi extrême, il est toutefois intéressant de considérer le message du crypto-enthousiaste Roger Ver comme porteur d’une certaine vérité: « Groupes qui font souvent du lobbying contre l’utilisation légale de crypto-monnaie:

  • * Banques *
  • * Banques Centrales *
  • * Gouvernements centraux *

Les mêmes qui risquent de perdre de l’argent. »

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