La rougeole est de retour (grâce aux idiots qui refusent de vacciner leurs enfants)

L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme: 35 européens sont morts ces douze derniers mois suite à des complications liées à la rougeole. Cette maladie, qui avait presque disparue chez nous, est sur le retour. Et il y a une seule raison évidente à ça: les gens qui refusent de se laisser vacciner ou de vacciner leurs enfants. Si cette tendance venait à se maintenir et que nous tournions l’horloge de cent ans, beaucoup d’enfants seraient amenés à mourir. Voici pourquoi.

Première chose à savoir: la rougeole est très contagieuse. Il faut donc impérativement que le taux de vaccination soit élevé, autour des 95%. Le souci c’est qu’actuellement, le nombre d’enfants vaccinés a tendance à baisser de 0,5% par an.

La méfiance à l’égard des vaccins vient des États-Unis, où, par exemple, Donald Trump encourageait cet absolu non-sens scientifique: celui de ne pas se vacciner en masse. Mais des recherches récentes montrent que les Européens sont maintenant les plus suspicieux. En Belgique, ça passe encore. Mais tout indique qu’il pourrait y avoir du changement aussi chez nous.

Lors de la semaine mondiale de la vaccination en avril dernier, le monde médical belge établissait un constat: de plus en plus de parents se méfient des vaccins pour leurs enfants. Plus inquiétant encore pour l’avenir et la prochaine génération de parents: un adolescent sur quatre en Belgique pense que les vaccins sont dangereux pour les bébés.

Macron

Même topo en France où le phénomène est encore plus marqué: plus de 40% des Français expriment ainsi une méfiance. C’est plus qu’en Asie du Sud-Est ou en Afrique. Le président Macron et son premier ministre Édouard Philippe, ont décidé de réagir: onze nouveaux vaccins seront obligatoires pour les nourrissons. Jusqu’alors, seuls trois vaccins infantiles étaient contraints: la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Huit autres étaient vivement recommandés. Ce double système va prendre fin, le vaccin contre la rougeole va par exemple devenir obligatoire.

C’est aussi le cas en Italie suite au retour de la rougeole en Europe et aux États-Unis. Mais cela créé des tensions: 130 familles italiennes ont par exemple demandé l’asile en Autriche car la vaccination n’y est pas obligatoire.

En Belgique, seule la vaccination contre la polio est vraiment contrainte, mais les vaccins contre la diphtérie, ainsi que le tétanos, la coqueluche, la méningite, la jaunisse, le pneumocoque, le rota-virus, la rougeole, la rubéole et les oreillons évitent bien des galères. Nous n’en avons plus conscience – précisément parce que les vaccins fonctionnent bien – mais nous pouvons mourir de ces maladies ou du moins en souffrir pour le reste de notre vie.

Comment ça marche? Comme un feu de bois

Arrêter la vaccination, pour être bien clair, c’est revenir des centaines d’années en arrière. Cela conduirait à des millions de morts, dont beaucoup d’enfants.

Ton argument principal: chacun doit avoir le droit de choisir s’il veut vacciner ou pas son enfant, ok. Le problème c’est que si tout le monde avait le même argument, chaque enfant non-vacciné serait un danger pour l’enfant de l’autre.

Comment ça fonctionne précisément? « L’idée est la suivante: une infection se répand comme du feu », écrivait Anouk Schuren, dans un excellent article sur la vaccination. « Si tu compares la population à une immense montagne de bois, et que tu éteints une seule bûche qui brûle (la personne infectée), tout aura brûlé avant que tu ne t’en rendes compte. Mais si tu protèges tout le monde avec un vaccin, tout ce bois finira en un tas de morceaux détrempés pour que le feu ne se répande pas. » Jolie métaphore pour expliquer que le vaccin doit être pris comme un tout.

Qui sont les « contres »?

Mais qui sont les personnes qui rejettent les vaccins pour leurs enfants? Tu peux grossièrement les diviser en deux groupes: les personnes qui n’en veulent pas pour des raisons religieuses. Et un second groupe qui a émergé ces dernières années et qui refuse de vacciner pour toutes sortes de croyances qui sont souvent répandues sur internet.

Pour être clair une fois pour toute: il n’y a aucune preuve scientifique que les vaccins, qui sont actuellement administrés dans nos pays, ont des effets secondaires ou des effets contraires comme le racontent certains idiots sur le web. Et il n’y a rien qui ait été examiné de plus près ces dernières années que les vaccins.

Mais malgré ça, le taux de vaccination contre la rougeole est tombé en dessous du taux de 95%. « On est probablement entre 70% et 75% de couverture en Belgique », indiquait pour la RTBF Charlotte Martin, co-responsable de la Travel and Vaccine Clinic à l’hôpital St-Pierre à Bruxelles.

15 morts par heure

Les conséquences sont grandes. En 1980 – avant qu’il y ait une politique qui visait à généraliser la vaccination contre la rougeole – 2,6 millions de personnes mourraient chaque année de cette maladie dans le monde. Entre 2000 et 2015, le nombre de morts est descendu de 79% en raison du vaccin contre la rougeole.

Malgré cela, ça faisait encore 134.200 décès en 2015. C’est 367 par jour ou encore 15 par heure. Cette même année, 85% des enfants dans le monde avaient reçu un vaccin contre la rougeole (en 2000, ils étaient seulement 73%). Après une rapide estimation, on peut donc dire que le vaccin contre la rougeole a évité 20,3 millions de décès entre 2000 et 2015.

Et pourtant, « bien qu’il y ait un vaccin efficace et abordable, de nombreux enfants dans le monde meurent des complications de la rougeole » a récemment déclaré Zsuzsanna Jakab, directrice de la branche européenne de l’Organisation mondiale de la santé. « Et l’Europe ne sera pas épargnée ».

Ainsi cette année, il y a déjà 31 Roumains, un Allemand, un Portugais et tout récemment un jeune Italien de six ans qui ont déjà péri de la rougeole. « Chacune de ces personnes aurait pu être sauvée par la vaccination », précise Jakab.

En Wallonie

La rougeole est aussi de retour chez nous. Et la Wallonie est particulièrement touchée. Depuis décembre, on a déjà enregistré près de trois cents cas. Et plus de cent ont dû être emmenés à l’hôpital.

« Notre pays est malheureusement à l’heure actuelle dans la partie supérieure du nombre de cas de rougeole », explique le virologue Marc Van Ranst. « Avec la Roumanie, l’Allemagne, la Pologne et la France. Le premier cas récent remonte à 2016 via une personne infectée en Roumanie qui a transité chez nous ». Dans les mois qui ont suivi, les cas se sont multipliés avec un pic à 49 nouveaux cas par semaine au mois de mars, en particulier dans les Provinces du Hainaut et de Liège. Heureusement, il n’y a pas encore de mort.

La Flandre ne doit cependant pas se réjouir trop vite, explique Marc Van Ranst, « car nous avons déjà connu une épidémie il y a quelques années ».

Vous voilà tous prévenus.

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