Journée d’un privilégié masculin: la vidéo choc qui fait le tour de tes Internets

Kevin Marquis, vidéaste membre du collectif québécois Gaboom Films, fait le tour de tes internets depuis quelques jours avec une vidéo qui illustre les privilèges masculins. Retour sur une vidéo qui fait comprendre la vie d’une personne discriminée féminine.

Il est parfois difficile d’expliquer le sexisme ordinaire à quelqu’un qui ne l’a jamais vécu. Voire même le sexisme tout court. Si l’on n’a jamais mangé une crêpe avariée, décrire étape par étape le goût, l’odeur et la sensation de nausée qui reste en bouche ne sera jamais aussi efficace que de tout simplement en manger une.

Journée relax dans la vie d’un privilégié masculin

Vivre dans la peau d’une femme ou d’une personne qui vit des discriminations au quotidien, c’est une expérience qu’on vous recommande peu. En témoigne la vidéo de Kévin Marquis, membre du collectif de vidéastes québécois Gaboom Films, intitulée « Journée relax dans la vie d’un privilégié masculin ».

Tu l’as peut-être vue passer sur tes réseaux sociaux: dans ce court sketch, Kévin décrit le déroulement de sa journée en citant toutes les marques du sexisme ordinaire qu’il ne vivra pas en les illustrant. Des images qui permettent de comprendre toutes ces pensées parasites et attitudes nocives dûes à un sexisme ambiant que vivent les femmes au quotidien.

https://youtu.be/Tc9M8SoMM-Q

Comme il le cite lui-même, il s’est inspiré pour ce court-métrage d’un article intitulé « 120+ exemples du privilège masculin dans la vie de tous les jours « , un article initialement paru sur le site du magazine Everyday Feminism et qui a été traduit vers le français par le blog féministe Dialogues avec mon père.

Les différents privilèges sont divisés en 9 catégories: normes sociales, sexe et relations, harcèlement et violence, corps et santé, médias, droit et politique, travail et économie, enfance/éducation et enfin religion (ou son absence). Ces privilèges induisent des discriminations, qui touchent la vie quotidienne des femmes. Ils peuvent aller de la simple remarque en rue (« mais tu pourrais sourire quand même ») à l’inégalité salariale et au traitement des maladies.

Par exemple, dans la partie « corps et santé », on peut lire:  » Il y a moins de risques que tes symptômes ou douleurs physiques soient attribués à des causes psychologiques. Par exemple, quand un homme et une femme avec des symptômes identiques mentionnent du stress, les médecins ont tendance à ignorer les symptômes de maladie cardiaque chez la femme. »

Ces 121 privilèges listés ne sont bien entendu pas là pour pointer du doigt et quiconque se sentirait agressé par une liste d’avantages qui le touchent se trompe de finalité dans ce débat.

De l’importance de reconnaître ses privilèges

Reconnaître ses privilèges, c’est accepter de se remettre en question, pouvoir ainsi devenir un.e allié.e et réussir à aller de l’avant en acceptant le fait que pour parvenir à l’égalité de faits, il faudra en abandonner.

Dans une interview accordée au magazine suisse Le Temps, la post-doctorante de l’Institut d’étude de la citoyenneté à l’université de Genève Mélissa Blais comparait ainsi la perte de privilèges masculins à la perte de privilèges d’un patron face à ses syndicats: « On ne dit pas suffisamment que les hommes doivent accepter de perdre, de la même manière que les patrons d’entreprise perdent du contrôle et du revenu lorsque les syndicats revendiquent de meilleurs salaires. En ce sens, les hommes doivent accepter de perdre notamment du temps de loisir puisqu’ils doivent accomplir plus de tâches domestiques. »

« Soutien mais retrait »

Même cette vidéo est une preuve du privilège masculin: régulièrement, on voit des hommes prendre la parole sur des thématiques féministes, en citant des données que des femmes, militantes ou non, ressassent depuis des années.

S’il est louable de vouloir apporter sa pierre à l’édifice, on se rend vite compte que la parole d’un homme sur le féminisme est bien plus glorifiée que celle d’une femme. Cette attitude, on la remarque dans une multitude de domaines d’expertise: féminisme mais aussi politique, en restauration, en matière de brassage de bières… La liste est infinie.

Une nouvelle fois, Melissa Blais en parlait dans son interview dans Le Temps, en citant la militante féministe indienne Gayatri Chakravorty Spivak: « [Elle] propose d’écouter et de désapprendre: cela passe par les lectures de textes et d’ouvrages féministes, la participation à titre d’auxiliaire des luttes féministes (c’est à dire en soutenant et participant à leurs revendications sans chercher à se mettre en avant (les hommes, ndlr)– le fameux «soutien mais retrait» qui a tant fait débat), et aussi par un travail sur soi-même. »

Kévin a eu la présence d’esprit de citer sa source, ce qui est une bonne initiative: un article, écrit par une femme qui lutte depuis des années et met à disposition les connaissances accumulées au grand public de manière gratuite a sans doute été lu des centaines de fois et connu une nouvelle reconnaissance depuis la diffusion de sa vidéo.

Au final, pour reprendre les mots de Kevin: « Soyons ouverts, utilisons notre bon sens et respectons les autres. »

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