Les start-up qui s’inscrivent dans l’économie collaborative ont le vent en poupe. Hytchers, créé par deux Liégeois, en fait partie. L’application te rembourse tes frais d’essence si tu fais une petite livraison. Le but n’est pas de te transformer en livreur professionnel mais d’optimiser le trajet que tu devais de toute façon emprunter. Bref, c’est beaucoup plus écologique et c’est bénef pour tout le monde.
En mai dernier, deux jeunes ingénieurs liégeois se lancent dans un pari fou: concurrencer les services de livraison. Leur application, Hytchers, pourrait bien révolutionner le secteur entier dans les années à venir. Les premiers tests, effectués en février dernier, sont « concluants » se réjouit Jonas Douin, co-fondateur de la start-up.
Mais comment ça marche? Le principe est relativement simple: les e-commerçants vont porter les colis à une pompe Total (qui a un arrangement avec Hytchers). De là, les livreurs d’un jour, toi quoi, réceptionnent le colis pour aller le porter vers une autre pompe en fonction de leur trajet. Le colis est ainsi transporté de pompes en pompes jusqu’à celle qui est la plus proche du client. Délai de livraison: maximum quatre jours, et tout le monde est gagnant.
Gagnant-gagnant
Le livreur d’abord. Il pourra se faire rembourser son trajet, entièrement d’ailleurs s’il livre quatre colis. On te voit déjà venir: le but évidemment n’est pas de te trimbaler partout mais de réceptionner le ou les colis dans une seule pompe pour les emmener vers une autre. C’est donc plus écologique qu’un service traditionnel de livraison de colis, car tu dois de toute façon faire ton trajet, pour aller au travail par exemple.
Précisons quand même que le livreur ne recevra pas de cash mais une carte carburant utilisable dans le réseau Total. Le géant pétrolier a cette avantage de posséder le réseau le plus large sur notre territoire (530 pompes). Deuxième précision: tu ne devras pas faire plus de 5 minutes de détour, et c’est l’appli qui calculera ça tout seul.
Un nouvel Uber?
Ne craignent-il pas de se faire taxer d’Uber bis et de provoquer la colère des livreurs traditionnels à l’instar des taximen? « Le but; ce n’est pas que les gens passent leur temps à faire des trajets. Ils verront d’ailleurs rapidement que ce n’est pas économiquement intéressant pour eux », nous explique Jonas Douin. On veut optimiser la place dans les voitures comme pour le co-voiturage par exemple ».
Ensuite, c’est également intéressant pour l’e-commerçant. « Surtout pour les trajets courts » prévient Jonas. « Pour les trajets Arlon-Ostende, c’est moins efficace car on calcule les frais en fonction des kilomètres ». Mais en moyenne le commerçant devrait s’y retrouver selon leur modèle. Ok, mais ça fait combien en euros concrètement? « Si le vendeur fait livrer dans sa province par exemple ça ne lui coûtera qu’un ou deux euros ». Ça défie effectivement toute concurrence.
Autre question: le vendeur doit déposer lui même le colis dans une pompe? « Oui, mais c’est déjà le cas pour les petits commerçants et c’est clairement notre public cible dans un premier temps ». Et pour la suite? « On pourrait mettre en place un service de ramassage pour les entreprises de taille moyenne ».
Bientôt pleinement opérationnel?
Bien bien. Et où en sont les deux co-fondateurs dans leur business plan? Après la phase de test en février, l’application est d’ores et déjà dispo sur Apple Store. Il faudra par contre attendre un peu pour Android, d’autres tests sont prévus en juin. Hytchers a en tout cas déjà livré 500 colis, possède 200 utilisateurs actifs et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Du coup, ils vont lancer une deuxième levée de fond pour être pleinement opérationnels en septembre, du moins si tout se passe bien. C’est en tout cas ce qu’on souhaite aux deux Liégeois. Avant de conquérir le monde?