Faute d’en entendre parler, le Muslim Ban pourrait avoir coûté sa place à Harvard à un étudiant palestinien

Fouiller les réseaux sociaux des ressortissants de pays arabo-musulmans semble être devenu une habitude du côté de l’immigration américaine. Même les posts de tes amis risquent de te coûter ton visa. Va falloir faire un coup de clean si tu veux être sûr de rentrer aux USA. Surtout si tu viens d’un pays arabo-musulman.

Aller aux États-Unis, c’est passer par l’une des douanes les plus strictes qui soient. Depuis le 11 septembre 2001, on ne rigole plus trop dans les aéroports américains, en particulier vis-à-vis des voyageurs étrangers. Outre le fait de devoir déclarer pourquoi on vient aux USA, l’adresse à laquelle on logera et notre contact sur place, il faut maintenant faire attention à ce qu’on fait sur ses réseaux sociaux. Surtout si tu viens d’un pays arabo-musulman.

Un jeune homme palestinien résidant au Liban a en effet été refusé d’entrée sur le territoire américain alors qu’il était supposé étudier à Harvard pour devenir chirurgien. En cause: des posts de ses amis, considérés comme « anti-américains » par la police de l’immigration. Après avoir fouillé son téléphone, y compris ses réseaux Twitter, Facebook et les messages reçus via WhatsApp, la police de l’immigration a déporté Ismail Ajjawi, 17 ans.

5 heures d’interrogatoire

Au cours des 5 heures d’interrogatoire qu’il a vécues, les officiers de l’immigration l’ont interrogé sur ses pratiques religieuses et sa confession au Liban, comme le rapporte le Crimson, journal officiel de Harvard.

Au final, ce sont des posts Facebook de certains de ses contacts qui ont sonné le rejet de son visa: « À la fin des 5 heures, elle m’a appelé dans une pièce (l’agente d’immigration, ndlr) et a commencé à me crier dessus. Elle m’a dit qu’elle avait trouvé des personnes qui postaient des points de vue politiques contre les USA dans ma liste d’amis », a-t-il déclaré à Harvard.

Un phénomène récurrent

Ajjawi n’est pas le premier à se faire refuser un visa en raison de posts ou messages envoyés sur son smartphone. Abed A. Ayoub, conseiller légal au Comité anti-discrimination des Arabo-Américains, a ainsi partagé l’image d’un rapport qu’un de ses clients lui avait transmis. Dans l’échange entre agent d’immigration et « Alien », on peut lire les phrases suivantes, concernant des messages reçus sur Whatsapp contenant des images violentes:

  • Q: Quand avez-vous reçu ces images sur WhatsApp?
  • A: Je ne sais pas.
  • Q: Comprenez-vous les inquiétudes des Etats-Unis et de ses citoyens en prenant compte de la nature explicite des images dans votre téléphone portable?
  • A: Bien sûr, je comprends, personne ne trouve ces images explicites agréables. C’est inhumain.

S’en suit une question sur la possession d’armes, à laquelle le questionné répond par la négative, puis l’annonce de son retrait de visa et de son expulsion par le premier avion.

Des relents de Muslim Ban

Pour Ayoub, de telles mesures sont une manière de perpétrer le controversé Muslim Ban, une loi qui a empêché en 2017 les citoyens de 7 pays à prédominance musulmane de rentrer sur le territoire, comme le pointe TechCrunch. Aujourd’hui, ce Ban n’est plus totalement d’actualité, même si en juin 2018 une troisième version révisée de l' »Executive Order 13769″ a été approuvée par la Cour Suprême.

En attendant, il y a toujours un dortoir qui attend son locataire à Harvard. Ajjawi entame les démarches pour tenter de faire appel à la décision de l’immigration américaine, mais il risque de manquer quelques cours avant de pouvoir retourner à Boston.

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