Alerte rouge en Wallonie et à Bruxelles: 43 % des bâtiments des écoles publiques doivent être rénovés

De nouveaux chiffres sur l’état catastrophique des écoles en Belgique viennent d’être dévoilés: sur les 2.800 bâtiments que compte le réseau d’enseignement officiel de la Fédération Wallonie-Bruxelles, 43 % sont en mauvais état et doivent être rénovés. Et encore, les chiffres ne sont pas connus pour les écoles des autres réseaux.

Dans un rapport glaçant sorti en juin dernier, l’Unicef tirait déjà la sonnette d’alarme quant à l’état des bâtiments scolaires en Belgique. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance y dénonçait un système à deux vitesses, avec des écoles « poubelles » à moitié délabrées et des écoles « de bourges », et soulignait le rôle trop grand que jouent les inégalités sociales dans la réussite scolaire de l’enfant.

De nouveaux chiffres effarants, publiés ce jeudi dans La Libre, viennent étayer un peu plus cette dure réalité. Au total, on estime que 43 % des bâtiments appartenant au réseau officiel de la Communauté française (aussi appelé Wallonie-Bruxelles Enseignement) sont délabrés et doivent être rénovés.

La situation est urgente quand on sait que ce réseau public accueille 9 % des élèves inscrits en primaire et 23 % des élèves du secondaire.

Des bâtiments vieux de 40 ans et plus aux normes

“Je ne dis pas qu’il y a un risque en matière de sécurité pour les élèves, explique au quotidien Mathurin Smoos, directeur du Service général des infrastructures scolaires, mais il se fait que les bâtiments scolaires du réseau ont été construits avant 1985 pour 84 % d’entre eux. Et beaucoup l’ont été dans les années 1970 et 1980 en industrialisé, c’est-à-dire avec des matériaux bon marché. » Autrement dit, vu la qualité des matériaux, la durée de vie de ces bâtiments est largement dépassée.

Mais ce n’est pas tout, bon nombre de bâtiments ne sont plus non plus aux normes sur le plan énergétique. « Beaucoup comptent encore du simple vitrage et n’ont pas d’isolation. De plus, les produits utilisés ne sont plus aux normes. Je pense à l’amiante que l’on retrouve encore, à de vieilles chaudières, ou à des installations électriques qui répondent à d’anciennes normes », poursuit Mathurin Smoos.

Des travaux doivent donc être entrepris au plus vite, mais pour cela, il faudrait que les budgets alloués par le gouvernement (actuellement composé du PS-cdH) à la Fédération Wallonie-Bruxelles soient élargis. « Mais, même si un milliard tombait sur la table, on ne pourrait jamais tout rénover d’un coup. Les écoles sont occupées par les élèves, ce qui joue sur la vitesse des travaux, et le secteur de la construction ne pourrait de toute façon pas assurer l’ampleur et le nombre des chantiers », déplore Mathurin Smoos en insistant toutefois pour accélérer les chantiers. Car si pour l’instant la plupart des élèves « ne sont pas en danger » dans leurs écoles, « il y a un risque qu’un nombre croissant de classes doivent être fermées à un horizon de cinq à dix ans » et que des écoles, « si elles ne sont pas mieux équipées ou isolées », ne puissent plus se payer le luxe de se chauffer vu les prix du chauffage qui vont crescendo.

Même problème dans les autres écoles

Les écoles des autres réseaux ne sont pas en reste. Si les infrastructures des écoles des communes et des provinces sont généralement mieux tenues, puisqu’elles sont gérées par les entités locales et donc plus rapidement prises en charge, ce n’est pas le cas des écoles libres. Toujours dans La Libre, le Secrétariat général de l’enseignement catholique (Segec) avertit des besoins en travaux “considérables” de ses établissements.

« Le problème est qu’il y a un définancement structurel en la matière. Des chiffres de l’OCDE nous permettent d’observer que la Belgique investit proportionnellement entre 3 et 4 % de son budget éducation dans les bâtiments. C’est deux fois moins que la moyenne des autres pays de l’OCDE », fait-il remarquer. Sur ce point, il y a donc des progrès à faire.

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